L'inflation n'épargne pas les diffuseurs-distributeurs. L'énergie, requise pour chauffer les entrepôts, le transport, le carton et bien sûr la main d'œuvre en conséquence de la revalorisation régulière du Smic sont autant de postes dont la hausse des coûts s'est fortement accrue au cours des derniers mois. 

La plateforme logistique Prisme a par exemple vu ses coûts de fonctionnement croître de 3,65 % à compter du 1er février 2023, forçant les diffuseurs-distributeurs à ajuster leurs tarifs à la marge. « Nous n'avons répercuté que la moitié de la hausse  », précise Benoît Vaillant, PDG de Pollen Diffusion. Au cours des 12 derniers mois, Madrigall Distribution signale pour sa part une augmentation du coût du transport de 5 %, sans compter la taxe gasoil qui a été multipliée par deux. « La somme de ces deux facteurs équivaut à une hausse de près de 10 % », précise Dominique Wettstein, directeur général de la distribution Madrigall. La taxe gasoil représentait 21,19 % du coût du carburant en mars, et 15,73 % en avril. 

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Dominique Wettstein, directeur général de la distribution Madrigall.- Photo OLIVIER DION

Raison pour laquelle des mesures sont aussi prises pour limiter les dépenses, dans un contexte qui dépasse d'ailleurs le cadre conjoncturel de l'inflation. Lancé depuis plusieurs mois dans un vaste plan de décarbonation, Hachette Livre s'est notamment fixé pour objectif de réduire de 30 % le taux de livres pilonnés. Le groupe s'appuie pour ce faire sur des outils de prévisions des ventes visant à limiter le sur-tirage ; il mise en parallèle sur différentes technologies d'impression pour adapter les tirages aux besoins. De son côté, Madrigall Distribution a engagé un plan de sobriété chez UD et la Sodis pour réduire ses consommations d'énergie. Dès septembre dernier, Pollen Diffusion a quant à lui changé son mode d'approvisionnement en cartons. « Nous nous fournissions chez un cartonnier classique (Raja, ndlr) qui nous livrait en flux tendu, détaille Benoît Vaillant. Nous faisons désormais fabriquer nos cartons et nous les recevons en très grande quantité. » 

Pour autant, les diffuseurs-distributeurs restent tributaires de l'évolution générale des prix, et donc des choix stratégiques des éditeurs. « Nous avons des clauses contractuelles qui ne prévoient pas d'indexation sur les indices de l'inflation. Notre rémunération est calculée en fonction d'un certain pourcentage du chiffre d'affaires des éditeurs, nous comptons surtout sur la hausse du prix des livres pour la voir augmenter, explique Dominique Wettstein. À ce titre, les éditeurs ont globalement joué le jeu, même si cela ne suffit pas à compenser complètement nos hausses de charges. »  

Car les volumes globaux traités, eux, ne diminuent pas. « Grâce à la baisse des coûts de l'impression numérique, les éditeurs font des tirages plus précis, par exemple 2 460 exemplaires au lieu de 2 500, conclut Benoît Vaillant. Mais cela ne libère pas d'espace de stockage pour autant. La nature ayant horreur du vide, d'autres éditeurs les occupent. » C. K.

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