Paradoxalement, alors qu’elles devraient stimuler les ventes de livres d’analyse, de réflexion ou d’engagement, les grandes années électorales n’ont pas bonne réputation auorès des éditeurs d’essais et de documents. "On devrait hiberner, comme les ours", plaisante Henri Trubert, cogérant des Liens qui libèrent, un des éditeurs spécialistes du secteur. "La presse et les médias consacrent moins de place à la publication des bonnes feuilles et à la promotion des livres, ce qui rend les lancements plus aléatoires", explique Dorothée Cunéo, éditrice chargée de la non-fiction chez Robert Laffont. La campagne électorale suffisant à remplir leurs pages, les magazines n’ont momentanément plus besoin des enquêtes publiées par les éditeurs.
Vu les ventes des années 2007 et 2012, ce repli redouté n’est toutefois pas une fatalité. Signe de l’espoir intact des éditeurs, la production de janvier et de février prochains augmente légèrement, avec près de 1940 documents, essais, témoignages, enquêtes et investigation annoncés, contre 1 900 à la même période en 2016 selon la base electre.com. La catégorie "politique et administration publique" affiche logiquement la plus forte progression (+ 82 %, à 263 nouveautés), devant l’histoire, aussi stimulée par la campagne électorale replacée dans un contexte de longue durée par les éditeurs (+ 77 %, à 195 nouveautés). L’effet est encore sensible sur les thèmes "société" (+ 29 %, 145 nouveautés) et "économie et entreprises" (+ 17 %, à 118 nouveautés). Mais "religions et spiritualité" reste le premier segment de ce rayon, avec 272 nouveautés (+ 36 %), peut-être le signe d’un besoin profond perçu par les éditeurs, ou de la recherche de stabilité pour eux-mêmes.
Droit d’inventaire
"Il faut être totalement en dehors de l’actualité politique", conseille pourtant Jean-Baptiste Bourrat, secrétaire général des Arènes, qui traduit pour le printemps La vie secrète des arbres (Peter Wohlleben, 500 000 exemplaires en Allemagne), "ou avoir LE livre de révélations importantes reprises par tous les médias, d’où la vigilance des éditeurs à ne pas se dévoiler trop tôt", ajoute Thierry Billard, directeur éditorial chez Flammarion, chargé des documents et de la littérature grand public. Côté politique, le programme de Plon présente un "témoignage", sans plus de précision, celui de Flammarion annonce un "essai" dans cette rubrique, sans titre précis ni auteur non plus, et Fayard glisse un "confidentiel" tout aussi sibyllin. Pour protéger leurs sources, Lattès et Robert Laffont annoncent pour février deux enquêtes aux titres énigmatiques (Le pacte secret pour le premier, Le dossier noir pour le second), mais sans communiquer les noms des auteurs.
A gauche, le retrait de François Hollande a tardivement clarifié la situation, obligeant les éditeurs à adapter leur programmation. La décision de Manuel Valls de se présenter à la primaire de gauche devrait susciter une production éditoriale dans les prochaines semaines. D’autre part, le président de la République n’étant plus dans la course, les critiques de son bilan perdent une partie de leur intérêt. Nombre d’éditeurs avaient pourtant parié sur une candidature du président sortant. Comme il l’avait fait pour le quinquennat précédent, et sous une couverture presque identique, Edwy Plenel lance Sonnons l’alarme ! Faits & gestes de la présidence Hollande, Don Quichotte. La fondation Copernic affirme sans détour : Hollande : inventaire d’un quinquennat de droite, Syllepse. Serge Federbusch résume et détourne la célèbre anaphore du candidat Hollande d’un bref Moi, fossoyeur, Plon. Comment se dire adieu ? Le socialisme, 2012-2017 de Claude Askolovitch résonne avec une ironie désabusée, Lattès. Bruno Gaccio anticipe Les cent (derniers) jours du Parti socialiste, Les Liens qui libèrent. Christophe Barbier analyse Les derniers jours de la gauche chez Flammarion tandis que Les Presses de la Cité compilent dix ans d’éditoriaux du directeur de L’Express, élargissant la critique au précédent occupant de l’Elysée avec Deux présidents pour rien.
Carl Aderhold, cofondateur des éditions Vendémiaire (histoire), dresse un Droit d’inventaire avant élection, First. La journaliste Anne Sinclair fait la Chronique d’une France blessée chez Grasset, qui a prévu de publier Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale et seule membre du gouvernement en librairie début 2017 avec La vie a plus d’imagination que toi. La maison publiera aussi le livre d’Aquilino Morelle, qui fut conseiller de François Hollande, débarqué en 2014 sur des soupçons de conflits d’intérêt, et qui raconte le début du quinquennat "de l’intérieur" selon son éditeur.
Dans un constat élargi au-delà du bilan de l’actuel occupant de l’Elysée, l’ancien magistrat et maintenant chroniqueur Eric de Montgolfier prévient : On ne peut pas éternellement se contenter de regarder passer les cadavres, Cherche Midi. Brice Teinturier se fait l’écho d’une profonde crise de confiance dans Plus rien à faire, plus rien à foutre : ces Français qui ne croient plus en la politique, Robert Laffont, qu’Antoine Buéno manifeste aussi dans No vote ! Manuel pour l’abstentionnisme, Autrement, tandis que Bruno Jeanbart s’interroge : Quel président pour une France déboussolée ?, Descartes & Cie. Plus radical, Olivier Rouquan juge qu’il faut En finir avec le président, la fonction et non l’homme, Editions nouvelles François Bourin. Agnès Verdier-Molinié liste Ce que doit faire le (prochain) président, Albin Michel. Jean-Christophe Lagarde propose 2017, réinventer la France, Cherche Midi.
A plus long terme, Christophe Aguiton scrute La gauche du XXIe siècle : enquête sur une refondation invisible, La Découverte, tandis que Perrin publie une histoire de La gauche décomposée, 1968-2017 de Jean-Pierre Le Goff. Alors que le terrain des essais est plutôt occupé par des éditeurs engagés à gauche, cette sidérante fin de quinquennat mobilise des convictions opposées, comme les éditions de Paris-Max Chaleil, qui publient notamment Le dossier noir du socialisme français d’Olivier Piacentini ou La France trahie de Paul Bernard. Chez Pierre-Guillaume de Roux, Alain de Benoist estime que Droite-gauche, c’est fini ! Le moment populiste. Chez Mareuil, Frédéric Duval, délégué du Medef en Bretagne, dénonce Déficit, endettement, chômage : le scandale français. Député PS frondeur, Pascal Cherki est bien le seul à proposer de Croire en la gauche, Le Bord de l’eau.
Elections
Au centre, François Bayrou, qui réalise généralement de bons scores en librairie, est toujours en embuscade. A droite, François Baroin, qui soutenait Nicolas Sarkozy, est toujours programmé chez Lattès, avec un plaidoyer pour la laïcité avec Un chemin français, un des thèmes de l’actualité éditoriale de cette rentrée. Depuis la mairie de Nice, Christian Estrosi résume son programme : Il faut tout changer ! avec Maurice Szafran, Albin Michel. L’Archipel ajoute une biographie express du vainqueur de la primaire de la droite avec Fillon, la révélation, Christine Kelly. La Découverte arrive dans le rayon des biographies politiques avec celle d’un candidat à la primaire de gauche : Montebourg, l’homme girouette de Frédéric Charpier. Le candidat du Front de gauche est portraituré par Marion Lagardère dans Il est comment Mélenchon, en vrai ? Grasset, de même que l’ex-président du parti Les Républicains et soutien de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez, l’homme pressé, Fabrice Veysseyre-Redon, Tallandier, ou encore le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, Plon.
Les éditeurs retournent sous tous les angles la présidence de la République et l’élection du chef de l’Etat, sujets déjà abondamment traités. Gérard Courtois rappelle l’histoire de ce vote qui structure la vie politique de la Ve République dans Parties de campagne : la saga des élections présidentielles (1958-2017), chez Perrin, qui publie aussi Le deuil du pouvoir : les cent derniers jours à l’Elysée d’Alexis Brezet et Solenn de Royer. Pierre-Frédéric Charpentier s’intéresse aux oubliés, avec Le troisième homme : histoire des grands perdants du premier tour de la présidentielle, Le Félin. Cécile Alduy analyse Ce qu’ils disent vraiment : décoder le discours des présidentiables, Seuil, de même que Bruno Fuligni, sur un autre ton dans Histoire amusée des promesses électorales, 1848-2017, Tallandier. Pour Gilles Verdez, l’affaire est entendue : Tous menteurs ! : tout et son contraire en politique, Cherche Midi. Un titre de "Que sais-je ?" rassemble opportunément Les 100 mots de la République, Puf. Dans L’Elysée : histoire, secrets, mystères, Plon, Patrice Duhamel actualise un bon succès de 2012 dans Coulisses et secrets d’un palais, de même que Marion Ballet et Olivier Duhamel avec Les élections présidentielles, Dalloz. Alain Le Caro raconte GSPR, dans les secrets de l’Elysée, Fayard. Emilie Lanez soulève les dessous du pavillon de la lanterne à Versailles avec La garçonnière de la République, Grasset, et dévoile des turpitudes qui peuvent apporter une réponse à la question d’Emiliano Grossman et Nicolas Sauger : Pourquoi détestons-nous autant nos politiques ?, Presses de Sciences po. Geoffroy de Lagasnerie relève un vieux défi pour les intellectuels : Penser dans un monde mauvais, Puf, tandis que Charles Rojzman s’inquiète : Vers les guerres civiles : prévenir la haine, Lemieux éditeur.
Du côté du Front national
Certifiée par les sondages, la présence du Front national au second tour de l’élection présidentielle est acceptée avec plus ou moins de résignation. D’où les quatorze titres recensés au début décembre, sur le parti lui-même, ou sur les deux femmes qui l’incarnent, alors que d’innombrables enquêtes leur ont déjà été consacrées. Pour renouveler l’approche, Les Arènes publient L’illusion nationale : deux ans d’enquête dans les villes FN, un reportage en images de Vincent Jarousseau, avec un texte de l’historienne Valérie Igounet, mis en scène à la manière d’un roman-photo, prolongation d’un article publié dans la revue XXI. Hacène Belmessous se rend aussi sur le terrain, à Beaucaire et à Mantes-la-Ville avec Quand le Front national est aux affaires : une enquête sociale, Amsterdam. On peut citer également, aux éditions du Croquant, Le vote FN au village de Violaine Girard et Pourquoi tant de votes FN ? de Gérard Mauger et Willy Pelletier ; La démocratie à l’épreuve du FN d’Annie Collovald, Textuel ; La France identitaire : enquête sur la réaction qui vient par Eric Dupin, La Découverte ; Les Français d’abord par Valérie Igounet, Inculte ou encore A lire avant de voter Marine, collectif, sous la direction de Raymond Woessner, Atlande. Sur la présidente du parti, Renaud Dély se propose de dévoiler La vraie Marine Le Pen, Plon, David Doucet et Mathieu Dejean remontent à ses origines avec La politique malgré elle : la jeunesse cachée de Marine Le Pen, La Tengo, Michel Eltchaninoff se met Dans la tête de Marine Le Pen, Actes Sud. A noter qu’elle n’a pas annoncé le livre accompagnant habituellement une candidature présidentielle. Michel Henry, lui, s’intéresse à La nièce : le phénomène Marion Maréchal-Le Pen, Seuil.
Moyen-Orient, migration et islam
Décuplé par la guerre civile en Syrie, la déstabilisation de l’Irak et l’Afghanistan, et les crises sporadiques en Afrique, le phénomène migratoire se télescope en France avec l’instrumentalisation de l’immigration, depuis longtemps un marqueur politique facile. Le démographe Hervé Le Bras veut désamorcer les fantasmes dans L’âge des migrations, Autrement, de même que E. M. Mouhoud dans Immigration en France : mythes et réalités, Fayard. Jean-Paul Gourévitch fait une synthèse du sujet avec Les migrations, enjeu majeur de 2017, Rocher. Guillaume Le Blanc et Fabienne Brugère le situent dans une histoire longue, depuis l’Antiquité dans La fin de l’hospitalité, Flammarion. Elise Vincent enquête auprès des pouvoirs publics et des services concernés avec La vague, Les Equateurs, Rozenn Le Berre témoigne de son travail dans un centre d’accueil avec Des rêves de papiers : 547 jours avec les mineurs isolés étrangers, La Découverte et Marie Cosnay raconte l’accueil de 50 réfugiés au Pays basque avec Jour de répit à Baïgorri, Créaphis. Globe publie Le jour où ils frappèrent à nos portes, l’éprouvant reportage en Syrie de la journaliste Janine Di Giovanni, qui rapporte l’horreur à l’origine du flot de réfugiés.
La place de l’islam dans la société française soulève les mêmes clivages. Thomas Guénolé dénonce une Islamo-psychose, Fayard, alors que Pascal Bruckner s’insurge contre Un racisme imaginaire, Grasset qui serait le produit de la bien-pensance. Didier Leschi décrit L’islam en France, Cerf. Catégorique, Pierre Durand s’en prend à L’islamisation ordinaire de la France : le grand tabou, P.-G. de Roux, rejoint par Alexandre Mendel avec Capitulations, accommodements, compromis : comment la France recule au quotidien devant l’islamisme, L’Artilleur. Albin Michel reprend Les territoires interdits de la République, publié sous pseudonyme et avec un titre légèrement différent (Les territoires perdus de la République) en 2002 chez Mille et une nuits, maintenant signé du nom de son auteur, Georges Bensoussan. Florence Bergeaud-Blackler revient calmement sur une polémique faisandée dans Le marché halal ou L’invention d’une tradition, Seuil, Nedjib Sidi Moussa décrit La fabrique du musulman : essai sur la radicalisation et la confessionnalisation de la question sociale, Libertalia. Jean Viard et José Lenzini apportent une dimension géographique et même écologique au sujet avec Quand la Méditerranée à nouveau nous submerge, L’Aube. Est-ce Une guerre sans fin?, Cerf, s’interroge pour sa part le député Les Républicains Pierre Lellouche.
Dans L’islam contre les radicalismes : manuel de contre-offensive, Cerf, l’imam Abdelali Mamoun veut lutter contre les amalgames. Jean-François Colosimo, ex-président du Centre national du livre et aujourd’hui P-DG du Cerf, pointe quant à lui des Aveuglements, Cerf, à propos de l’islam radical. L’enquête de Vincent Geisser, Omero Marongiu-Perria et Benchir Djuhra sur Les musulmans de France face au djihadisme, L’atelier, veut clarifier les soupçons de collusions avec le radicalisme. Le drame des enfants égarés dans l’extrémisme alimente de nombreux témoignages : Quentin, qu’ont-ils fait de toi ? Le combat d’une mère pour son fils devenu djihadiste de Véronique Roy, avec Timothée Boutry, Robert Laffont ; Parents de djihadiste par Céline Schoen, L’Aube ; Je rêvais d’un autre monde : la dérive des adolescents au temps de Daech, Stock ; Mon djihad : itinéraire d’un repenti de Dounia Bouzar, Farid Benyettou, Autrement. Déchirant les familles, le terrorisme traverse l’ensemble de la société française, ainsi qu’en témoigne Hanane Charrihi, la fille d’une des victimes de l’attentat de Nice, qui a dû subir ensuite l’hostilité générale à l’encontre des musulmans dans Ma mère patrie, avec Elena Brunet, La Martinière. Gabrielle Maris-Victorin évoque le souvenir de son père, tué dans l’attentat contre Charlie Hebdo dans Prends le temps de penser à moi, Grasset.
Enquêtes
Le temps de l’édition permet de livrer des enquêtes plus complètes sur les attentats : Le tueur de la promenade, à propos de Nice signé Vincent-Xavier Morvan, Héliopoles ; Djihadistan, c’est arrivé près de chez vous de Jean-Manuel Escarnot, Robert Laffont ; Molenbeek-sur-Djihad de Jean-Pierre Martin et Christophe Lamfalussy, Grasset ; Atlas du terrorisme islamiste : d’Al-Qaida à Daech de Mathieu Guidère, Autrement ; Syllepse reprend et actualise Le choc des barbaries : terrorismes et désordre mondial de Gilbert Achcar. Le souvenir passe aussi par les survivants avec En vie : paroles d’espoir de rescapés d’attentats, Lucile Berland, Hugo Doc, ou le récit d’une sociologue habitant au cœur des lieux avec Mémoire vive : chroniques d’un quartier : Bataclan 2015-2016, Sarah Gensburger, Anamosa. Ce temps est aussi celui des analyses : Gérard Chaliand donne la sienne dans Terrorisme et politique, CNRS éditions, de même que Pierre-Joseph Laurent avec Tolérances et radicalismes, que n’avons-nous pas compris ? Le terrorisme islamiste en Europe, Couleur livres, ou encore Mathieu Guidère dans La guerre des islamismes, Folio inédit. Roland Gori décrit Un monde sans esprit : la fabrique des terroristes, Les Liens qui libèrent. Jugeant le phénomène durable, Alain Bauer et Christophe Soullez expliquent Comment vivre au temps du terrorisme (First). Le magazine Le Petit Quotidien s’efforce d’exposer le sujet pour de jeunes lecteurs avec Les attentats expliqués aux enfants et aux grands aussi parfois, Play Bac. Laurent Telo et Marie Bordet ont enquêté sur la reconstitution controversée et conflictuelle de la rédaction de Charlie Hebdo dans Charlie, le jour d’après, titre provisoire, Fayard.
La géopolitique et les relations internationales conservent une place dans les programmes éditoriaux, avec une attention particulière pour la Turquie dont l’évolution inquiète l’Europe, elle-même dans une situation incertaine à cause de ses dirigeants, accuse durement Jean Quatremer, le correspondant de Libération à la Commission européenne dans Les salauds de l’Europe, Calmann-Lévy.
La dislocation du salariat, qui aurait été vécue comme une libération dans les années 1960, apparaît aujourd’hui comme une épreuve : Le précariat, la nouvelle menace de Guy Standing, L’Opportun ; Bienvenue dans le nouveau monde de Mathilde Ramadier, Premier Parallèle ; Travailler au XXIe siècle : l’ubérisation de l’économie de Gilbert Cetteet acques Barthélémy) chez Odile Jacob, de même que Les nouveaux entremetteurs : comment Airbnb, Blablacar, Uber et les autres changent l’économie ! de Richard Schmalensee et David Evans, Odile Jacob. Olivier Le Naire et Clémentine Le Bon proposent d’y remédier avec Le revenu de base, Actes Sud), qui ne ferait qu’entretenir les déséquilibres sociaux sans les résoudre, selon un collectif d’auteurs publié par l’éditeur canadien Lux, Contre l’allocation universelle). Deux institutions au cœur de l’économie française sont radiographiées : Dans l’enfer de Bercy : le vrai pouvoir du ministère des Finances de Marion L’Houret Frédéric Says, Lattès, et La Caisse : enquête sur le coffre-fort de l’Etat, à propos de la Caisse des dépôts et consignations, de Sophie Coignard et Romain Gubert, qui passent d’Albin Michel au Seuil.
Ainsi avertie des catastrophes qui la guettent et des dysfonctionnements qui l’accablent, l’humanité ne pourra pas dire qu’elle ne savait pas si tout se passe comme prévu dans ces livres, quand même contrebalancés par quelques rares optimistes forcenés : Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez affirme le chercheur Jacques Lecomte, Les Arènes ; C’est plus grave qu’on le dit, mais on peut s’en sortir ! 15 solutions contre la crise économique à appliquer d’urgence, assure l’économiste Pierre Larrouturou, L’atelier ; Didier Le Bret met L’homme au défi des crises : pourquoi le pire n’est jamais certain, Robert Laffont ; Faÿçal Hafied prédit même une Super-croissance : la stagnation séculaire n’aura pas lieu, Fyp éditions. On ne peut que les souhaiter clairvoyants.