Les imprimeurs de livres sont méritants : confrontés à un marché en érosion constante, les plus dynamiques d'entre eux continuent d'investir et de se concurrencer sans faiblir, pour le plus grand bonheur des éditeurs. « L'imprimerie est un métier très capitalistique, qui demande de gros investissements, sur un marché compliqué où les marges sont faibles », résume Frédéric Fabi, P-DG de Dupli-print (Domont, Val-d'Oise). Fondée en 1993, l'entreprise emploie une centaine de personnes et réalisera cette année 18 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 30 % avec le livre. « D'ici à trois ans, le livre représentera la moitié de notre activité, sachant que nos autres départements vont aussi progresser », ajoute l'imprimeur spécialisé dans le monochrome, qui gagne des parts de marché dans un secteur dont la demande se réduit, en tirages moyens comme en volume global. Il y a forcément des perdants parmi ceux qui ne suivent pas le mouvement.
Contrôler les stocks
A l'origine de cette évolution, l'impression numérique jet d'encre, désormais bien installée dans la fabrication de livres de texte, se complète aujourd'hui d'une automatisation en cours d'organisation, étroitement imbriquée dans la gestion des stocks et de la distribution. Après une année de recherche et de tests, Dupli-print a démarré à la rentrée le programme Ritméo conçu par Hachette pour les réimpressions de livres à rotation lente, qui automatise les commandes de quelques dizaines d'exemplaires. Il s'agit de contrôler au plus juste les stocks, en évitant toute rupture d'approvisionnement. « Après une mise en production avec les éditeurs du groupe, nous proposerons ce service aux éditeurs tiers. Nous devrions atteindre la pleine puissance de production l'an prochain », prévoit Benoît Aubin, directeur chargé des relations et des services éditeurs de la branche services et opération d'Hachette. Ritméo complète l'impression à l'unité ou très court tirage de Lightning Source (+ 18 % de progression l'an dernier), installée dans le centre logistique du groupe à Maurepas (Yvelines).
Dans l'atelier, la fabrication est réalisée sur une presse jet d'encre noire Canon Jetstream 5 500 (laize de 76,2 cm) complétée d'une chaîne de finition Tecnau Libra 800. Preuve de sa réponse aux besoins, elle va fonctionner en 3 × 8, quelques mois après son installation. La technologie numérique a supprimé les frais de calage et la gâche papier, et donc le tirage minimal pour amortir ces coûts fixes. Mais il reste les coûts administratifs de traitement de dossiers, qui auraient pris une importance démesurée aussi bien chez les éditeurs que chez l'imprimeur, avec la multiplication de ces ordres de fabrication pour quelques dizaines de volumes : à raison d'une capacité de fabrication de 5 millions de volumes par an, c'est plusieurs dizaines de milliers de commandes qu'il faut lancer pour occuper cette nouvelle chaîne.
Organisation intégrée
L'automatisation les ramène à une charge en rapport avec la faible valeur de chaque dossier. « Les constructeurs proposent des machines de plus en plus grosses, chères, productives, alors que nos clients demandent des séries de plus en plus courtes. Nous devons alimenter ces machines avec des petites commandes, mais traitées sur un mode industriel, explique le fondateur de Dupli-print. Le traitement d'un dossier nous prend deux minutes, contre douze auparavant : il n'est plus saisi par un opérateur, mais réalisé automatiquement, et contrôlé sur quelques points clés. Les bons de livraison, de réception, la facturation, etc., suivent le même process. » Rebaptisée So simply dans l'offre globale de Dupli-print, cette solution est disponible pour tous les « distributeurs qui souhaitent proposer aux éditeurs tiers la possibilité de ne quasiment plus stocker d'ouvrages tout en leur assurant une disponibilité permanente en librairie », expose l'imprimeur sur son site. Il a bien compris la concurrence à laquelle se livrent désormais les distributeurs autour de la maîtrise des stocks, pour convaincre des éditeurs de les rejoindre. Le prix unitaire d'un livre numérique reste un peu plus cher qu'en impression offset, mais le tirage ajusté réduit les autres postes de la chaîne de coûts (retour, stockage, pilon éventuel).
UD, une des filiales de Madrigall, met ainsi en œuvre Thémis, une gestion des courts tirages avec Dupli-print, et avec l'imprimeur SoBook pour les tirages encore plus réduits, à moins de dix unités. « Il nous reste quelques interfaces à finaliser, pour les intégrations de données », explique Yves Lhommée, responsable de la fabrication chez Flammarion, dont UD assure la distribution. « C'est une solution ouverte, qui sera adaptable à d'autres imprimeurs, si les éditeurs le souhaitent », ajoute-t-il. Elle fonctionne avec les Puf, qui gèrent ainsi 2 000 titres de leur fonds, et elle a démarré pour 300 titres chez Flammarion. « Nous passerons progressivement à un millier », indique le directeur de la fabrication.
Le développement a demandé une année d'étude des ventes de titres à faible rotation, pour arriver à un modèle dynamique qui calcule un mois de stock, variable en fonction de la saisonnalité. « Sur ces livres, une impression même limitée à 300 exemplaires pouvait générer un stock de plusieurs années. » La technologie a redonné un intérêt à la commercialisation d'ouvrages auparavant abandonnée. Les recettes sont limitées, mais l'état du marché oblige à ne plus rien négliger, et ce mode de gestion se généralisera vers des livres de plus forte vente, prévoit Yves Lhommée. Pour normaliser la transmission des commandes, imprimeurs et éditeurs mènent d'ailleurs en commun un projet de langage structuré commun baptisé Clic.EDIT, qui est entré en phase de test (1).
Interforum a bâti l'organisation la plus intégrée avec son partenaire américain Epac, dont l'unité d'impression est installée à Malesherbes (Loiret), dans le centre logistique de la filiale diffusion-distribution d'Editis. Là, les volumes peuvent être fabriqués dès la réception de la commande du libraire et inclus dans le carton d'expédition, mais aussi à quelques dizaines ou centaines d'exemplaires pour être intégrés aux stocks dans le hangar voisin. Interforum en fait aussi un argument de négociation auprès d'éditeurs extérieurs au groupe, pour les convaincre de passer sous contrat en diffusion-distribution. Il a ainsi recruté le Cerf, séduit par le moyen de réduire le stock de son catalogue de 6 000 titres.
Le poids des prix littéraires
« Les stocks se transforment en flux, nous devons nous adapter à ce changement », constate Hubert Pédurant, directeur général de Laballery (Clamecy, Nièvre), qui met en service à la mi-novembre sa deuxième chaîne de fabrication numérique, conçue autour d'une presse HP T390 (laize de 76,2 cm, quadrichromie), d'une capacité de fabrication de 3 000 exemplaires par heure, en monochrome. Avec le bâtiment et la plateforme logistique, l'investissement atteint 6 millions d'euros, le plus important de l'histoire de cette société coopérative, qui disposait depuis 2012 d'une presse numérique jet d'encre (Prosper de Kodak, laize de 62,2 cm) et s'est organisée très tôt autour des courts tirages. Symbole de ce choix avisé, elle a repris en 2016 Floch (Mayenne), spécialiste des grands tirages en offset, alors en difficulté. Au printemps, Laballery a aussi racheté La Source d'or (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme), imprimeur aussi équipé d'une presse numérique -Kodak, à côté de machines offset feuilles.
« Le groupe emploie 182 salariés et son chiffre d'affaires atteint 22 millions d'euros, pour une rentabilité de 6 à 7 %. Floch est redressé, et a mis en service sa troisième Rotopage [presse offset avec chaîne de finition en ligne], qui était restée bâchée pendant trois ans », ajoute le DG de Laballery. A titre de comparaison, CPI, premier imprimeur de livres noirs en Europe, spécialiste historique des très grands tirages, mais aussi premier équipé de presses numérique HP, depuis 2009, réalise 30 millions de CA en France selon son président, Pierre-François Catté. Mais les imprimeries allemandes et l'imprimerie espagnole du groupe travaillent aussi pour le marché français. Autre spécialiste des grands tirages, Normandie Roto (Lonrai, Orne), filiale du groupe Maury entièrement dédiée au livre monochrome, réalise en moyenne 16 millions d'euros de chiffre d'affaires avec ses cinq rotatives offset, récemment complétées d'une nouvelle chaîne de finition. Mais l'imprimerie aujourd'hui dirigée par Charles Pillon a aussi équipé une presse Timson de têtes d'impression numérique, pour compléter l'offre court tirage (3 rotatives numériques) du groupe proposée par l'usine de Millau (Aveyron).
« On ne pense qu'à la baisse des stocks, mais il ne faut pas oublier d'entretenir un parc machines de proximité pour les très grands tirages, c'est le fonds de commerce de l'ensemble de la chaîne du livre. Avec des séries à 50 ou 100 exemplaires, on ne pourrait pas entretenir nos plans de transport vers l'ensemble des librairies », nuance Pascal Lenoir. Début novembre, les trois spécialistes des grands tirages (CPI, Floch, Maury) attendaient ainsi impatiemment les résultats des grands prix littéraires, en espérant que « leurs » éditeurs les remportent et lancent des réimpressions massives. Après une chute au début des années 2010, les grands best-sellers (plus de 200 000 exemplaires) sont repartis à la hausse, et restent à un bon niveau, en dépit d'un fléchissement récent (voir graphique). « Il y a un juste équilibre à trouver, et les donneurs d'ordres doivent avoir une vraie réflexion pour que les équipements des imprimeurs tournent, afin qu'ils soient entretenus et améliorés, notamment en capacités de façonnage, très important », insiste le directeur de la fabrication de Gallimard, qui pointe le début d'une surcapacité en rotatives numériques jet d'encre. « Il y en a maintenant près d'une vingtaine en service en France, estime-t-il, mais ces presses ne sont pas adaptées à tous les papiers, et ne sont pas très performantes pour l'impression d'illustrations. »
Maîtrise des tirages
Jouve, qui a mis en service une rotative HP T240 haute définition, ne se plaint pas de son investissement : « elle tourne maintenant avec quatre équipes, sa montée en puissance a été plus rapide que prévu, y compris en couleur qui représente 30 % de sa production », se félicite Benoît Drigny, directeur des services éditoriaux. Le nouvel équipement a aussi en partie bénéficié du transfert de travaux effectués jusqu'ici sur des presses offset du groupe, illustrant la concurrence de la technologie numérique sur l'impression traditionnelle.
S'il n'y a pas de statistiques du volume de livres imprimés en numériques, forcément minoritaire dans la mesure où il s'agit de courts tirages, l'effet de cet équipement se perçoit dans le rapport établi chaque année par le Syndicat national de l'édition (SNE), et encore plus dans les chiffres de production par secteurs dans le livre monochrome, qui montrent que les éditeurs maîtrisent désormais la nouvelle offre des imprimeurs. En littérature, le tirage moyen dépassait les ventes moyennes de 65 % en 2010 (10 547 exemplaires pour 6 404 ventes). En 2017, le différentiel n'est plus que de 14 % (5 815 exemplaires pour 4 980 ventes), signe d'un fort ajustement. Le marché a baissé, mais surtout les éditeurs contrôlent mieux leurs stocks, quitte à multiplier les retirages. Ils ont augmenté de 75 % (7 867 à 13 806 ordres) entre 2010 et 2017, alors que le volume moyen imprimé a chuté de 53 % (de 7 827 à 3 370 exemplaires). En nouveautés, l'ajustement de la première impression est plus réduit, mais aussi bien réel avec une baisse de 37 % du tirage moyen, à 8 715 exemplaires. L'évolution serait encore plus visible avec des médianes, les moyennes masquant une partie du phénomène.
En sciences humaines et sociales (secteur qui comprend aussi l'édition juridique dans la classification du SNE), cette transformation est encore plus évidente. Alors que les ventes moyennes sont passées de 1 445 à 1 147 exemplaires de 2010 à 2017 (- 20 %), le tirage moyen qui était plus de deux fois supérieur aux ventes en 2010 est passé en dessous en 2017 (926 unités). Le décalage des tirages correspondant aux nouveautés par rapport aux ventes provenant en partie du stock et du catalogue plus ancien peut expliquer cette situation unique, mais elle illustre surtout un contrôle drastique de la fabrication, via des réimpressions plus nombreuses mais plus courtes (726 exemplaires en moyenne). C'est ce qui a permis aux éditeurs de continuer d'augmenter la production de nouveautés en SHS, en hausse de 54 % (à 17 117 titres) sur la période.
Bataille de la productivité
« Le marché favorise les entreprises de taille moyenne, positionnées sur les petits et moyens tirages », constate Frédéric Rocher, responsable commercial à la Sepec (Péronnas, Ain), « spécialiste du livre sous toutes ses formes, de 50 à quelques milliers d'exemplaires, en noir et quadrichromie, relié ou broché ». L'imprimeur dispose d'une rotative numérique noir et couleur HP T250 installée en 2017, qui complète sa presse numérique feuille Océ, et ses machines offset feuilles Komori, pour la quadrichromie. Il réalise environ 15 millions d'euros de chiffre d'affaires, et a investi au total 6 millions d'euros en trois ans. « Sur la couleur, on se bagarre en permanence face à la concurrence des pays de l'est de l'Europe, mais les petits et moyens tirages jusqu'à 5 000 exemplaires favorisent le maintien de la production en France. En revanche, à 10 000 exemplaires, le différentiel de prix devient plus difficile à tenir », admet Frédéric Rocher.
Estimprim (Autechaux, Doubs) qui réalise environ 40 % de son activité dans le livre, est aussi bien adaptée à la demande avec son unité de production numérique Isiprint, rachetée en 2016. Située à La Plaine-Saint-Denis (93), c'est l'imprimerie la plus proche des éditeurs parisiens, mais elle travaille aussi pour l'édition à compte d'auteur, en plein développement, se félicite Philippe Berteaux, directeur général associé d'Estimprim, chargé du commercial. En revanche, pour l'impression couleur, « nous prenons de plein fouet la concurrence des imprimeurs slovènes ou tchèques, équipés de matériel neuf grâce aux fonds de l'Union européenne, et dont les salaires autorisent des prix très inférieurs », constate-t-il. Estimprim continue donc d'investir, 5 millions d'euros au total, pour gagner cette bataille de la productivité et met actuellement en service dans un nouveau bâtiment à Autechaux une presse feuille Heidelberg 121/162 à retirage, qui réduit le temps de calage de 40 à 7 minutes et divise par deux la gâche papier. « Elle est parfaite pour les tirages de 3 000 à 20 000 exemplaires, notre cœur de métier en quadrichromie », déclare Philippe Berteaux.
Loire Offset Titoulet reste un des rares spécialistes des moyens et grands tirages en quadrichromie, jusqu'à 100 000 exemplaires, avec une rotative KBA 48 pages installée en 2013, pour le pratique, le scolaire et le parascolaire, qui complète un parc important en presses feuilles. L'investissement non suivi du volume de commandes nécessaires avait contraint l'imprimeur à se placer en redressement judiciaire, dont il est sorti en juillet 2017. « Nous venons d'acheter une rotative 16 pages toute simple, pour fabriquer du livre en plus petits tirages, tout en conservant l'avantage de la souplesse d'ouverture que permettent ces cahiers plus réduits », explique Pierre Mougne, P-DG de Loire Offset Titoulet, dont l'édition assure 40 % du chiffre d'affaires. La vague de production de manuels qui accompagnera la réforme des programmes du lycée en 2019 et 2020 sera bienvenue, dès le printemps prochain avec l'impression des spécimens et des premiers stocks pour la rentrée. « Mais le manuel représente au plus 10 % de notre activité, il s'agit de gros tirages, les prix sont donc très serrés », nuance Pierre Mougne.
Les deux spécialistes de la bande dessinée, PPO Graphic (Palaiseau, Essonne), repris au début de l'année par le groupe belge Graphius, et Pollina (Chasnais, Vendée) semblent relativement à l'abri de ces tensions. En 2017, la première a agrandi ses ateliers et s'est équipée d'une presse feuille Heidelberg XL 106. La seconde investit 11 millions d'euros sur deux ans, également dans un nouvel atelier, et deux presses offset Heidelberg 5 et 8 couleurs (la seconde à venir), qui enchaînent les tirages et réduisent la gâche papier. Les deux fabricants bénéficient de la bonne santé du secteur dans lequel ils se sont spécialisés : le tirage moyen figure parmi les plus élevés des différents segments de l'édition (7 538 exemplaires en 2016, année hors Astérix), et reste à près de 40 % au-dessus des ventes moyennes (5 419 exemplaires), signe que les éditeurs de BD n'appliquent pas un contrôle aussi rigoureux de leurs stocks. Ils n'ont pas non plus à leur disposition la technologie numérique, dont la qualité d'impression reste pour le moment insuffisante, ou trop chère, en couleur.
522,8 millions de livres produits pour l'édition en 2017
En 2017, les -éditeurs ont fait fabriquer en France ou à l'étranger 522,8 millions de livres, contre 553 -millions -l'année précédente, soit une baisse de 5,46 % -selon le -rapport -statistique du SNE, alors que les ventes ont fléchi de 1,05 %, à 430 -millions -d'exemplaires : -l'édition s'efforce -d'ajuster ses -commandes à ses ventes, dans un -mouvement -entamé il y a près d'une -dizaine d'années. La -production de nouveautés a continué de progresser (+1,1 %).
A 320,5 millions d'exemplaires, les premiers tirages ont baissé de 6,51 %, et les réimpressions de 3,75 % (202,3 -millions d'exemplaires). Les tirages moyens continuent donc de -baisser, de - 7,17 % pour les -nouveautés, à 6 742 -exemplaires, et de - 5,10 % pour les réimpressions, à 3 540 exemplaires. Cette moyenne cache de fortes disparités entre -secteurs (de 926 exemplaires de tirage moyen pour les sciences humaines à 11 138 pour les encyclopédies et dictionnaires, en passant par 5 512 exemplaires pour la littérature, et 8 059 pour la BD, année avec Astérix).
Evolution incertaine
Confrontés à un repli de leur marché national, les imprimeurs français doivent également faire face à la concurrence européenne et asiatique, alors qu'eux-mêmes exportent peu. L'évolution de la tendance paraît toutefois -incertaine. Les importations ont progressé de 0,6 % l'an dernier en valeur, selon les statistiques douanières de la Centrale de l'édition. Mais elles ont baissé de 7 % en volume, selon le baromètre de conjoncture des Industries graphiques, dans un marché en repli de 1,5 %. Au 1er semestre, les importations reculent de 1 %, à l'unisson du marché, selon le baromètre, qui signale de fortes variations entre l'Espagne (+ 21 %, à 21 712 tonnes de livre) et la Pologne (- 32 %, à 4 465 tonnes).
Les imprimeurs français tentent d'encourager une consommation plus nationale chez leurs clients, avec un succès variable. Ils ont aussi euune démarche plus coercitive, en suggérant au gouvernement de sanctionner, via le contrôle du dépôt légal, les éditeurs qui ne respectent pas l'obligation d'indiquer le pays de -fabrication sur l'achevé d'imprimer. Le gouvernement leur a sèchement répondu que le dépôt légal n'avait pas pour objet « la restriction de la concurrence entre imprimeurs au sein du marché unique ».
4 millions d'euros pour une imprimerie jeunesse
Le budget nécessaire pour la réalisation d'une imprimerie de livres semi-complexes, -essentiellement pour la jeunesse, est d'environ 4 millions d'euros. Le business plan a été validé cet été, il reste maintenant à réunir les fonds », explique Jean-Marc Lebreton, expert de la filière éditoriale, chargé de monter ce projet. Le but est de relocaliser en France l'impression de livres cartonnés ou piqués réalisés en Asie, en obtenant des coûts de fabrication compétitifs grâce à l'automatisation. Le tour de table pourrait réunir 7 à 8 imprimeurs, qui seraient aussi chargés de la commercialisation auprès des éditeurs, et dont les fonds seraient complétés par le soutien de la Direction -générale des entreprises (un service du ministère de l'Economie), de la Banque publique d'investissement, et par des prêts bonifiés. « Cette imprimerie devrait être implantée dans un rayon d'une centaine de kilomètres autour de Paris et la production pourrait démarrer dès la fin de 2019. Le chiffre d'affaires atteindrait 2,5 millions d'euros la première année d'exploitation, et 5 millions d'ici à trois ans, avec une trentaine de -salariés », prévoit Jean-Marc Lebreton.
Les best-sellers, socle de l'économie de l'impression
Un nouveau robot pour imprimer à l'unité
En cours de -montage dans une usine près de Strasbourg, le prototype de Gutenberg One, robot de fabrication de livres, sera prêt dans les prochains jours : « nous rentrons en phase de test », annonce Hubert Pédurand, son inventeur, par ailleurs directeur général du groupe Laballery (imprimeries Laballery, Floch, La Source d'or). « Les systèmes existants n'étaient pas satisfaisants à mes yeux, coûteux, difficiles à -industrialiser, pas assez ludiques. Le processus de fabrication du livre est réinventé, le concept revisite totalement tout ce qui existe. Le système d'encollage à lui seul a demandé trois ans de R & D pour aboutir à un brevet », affirme le dirigeant, qui avait tenté d'introduire l'Espresso Book Machine en France. « Je voulais un -outil en -capacité de tout -sélectionner pour tout imprimer -depuis un -smartphone, y -compris le contenu de celui-ci, jusqu'aux podcasts et autres conférences YouTube, avec une mise en page automatique et de l'impression immédiate des contenus, allant du format poche jusqu'au 20 × 28 cm, de 20 à plus de 800 pages en noir ou en couleurs, sous couverture quadri », -détaille -Hubert Pédurand. La commercialisation devrait démarrer lors du prochain salon Livre -Paris. Une société coopérative d'intérêt collectif sera créée, ouverte à la filière du livre et à tout investisseur. La société Orséry développe -aussi un système de fabrication complète à partir d'une presse Ricoh, installée dans quelques librairies.