Bonne nouvelle : on a survécu à la fin du monde ! Pour célébrer l'événement, les éditeurs de littératures de l'imaginaire ont concocté pour 2013 une programmation littéraire qu'ils annoncent exceptionnelle. Soulagés par une année 2012 pas aussi apocalyptique que prévu, la majorité d'entre eux aborde l'avenir avec plus de sérénité qu'en 2012, malgré un marché vacillant. L'an dernier a vu une réduction des mises en place, un effondrement des rotations sur le fonds, des ventes en berne. La mauvaise santé des points de vente indépendants et surtout de Virgin et de la Fnac, historiquement gros vendeurs de littératures de l'imaginaire, se fait sentir. La surproduction qui caractérise le marché de l'imaginaire en France provoque un engorgement des rayons. "Le problème reste, pour les maisons très spécialisées et pointues, l'encombrement des rayons SF par une noria de bit-lit, fantasy bas de gamme et autres novélisations de jeux vidéo, bref, tout ce qui n'a absolument rien à voir avec une littérature qui pense le futur pour mieux réinventer le présent, et qui, bien souvent, n'a rien à voir avec la littérature tout court", déplore Olivier Girard, directeur du Bélial. Pour Carola Strang, directrice du Pré-aux-Clercs, le marché fonctionne à deux vitesses : "d'un côté, les blockbusters, qui captent l'essentiel de l'attention et des ventes, et qui génèrent une pléiade de romans du même type dans leur sillage ; de l'autre, une diversité éditoriale avec des auteurs de talent, des initiatives audacieuses, mais qui ont plus de difficultés à émerger sur le marché dans une production globalement assez standardisée". Ce phénomène se traduit par une concentration des ventes sur un nombre réduit de titres.
Parmi les gros succès de 2012, Bragelonne a pu compter sur Terry Goodkind, dont La machine à présages, tome 12 de L'épée de vérité, s'est écoulé à 45 000 exemplaires, ainsi que sur ses nouvelles séries Demonica de Larissa Ione, Le clan des nocturnes de Jacquelyn Frank, Charley Davidson de Darynda Jones, dont les premiers tomes atteignent tous entre 9 000 et 13 000 exemplaires. Chez Pygmalion, les volumes 13 et 14 du Trône de fer de George R. R. Martin, parus en mars et en septembre 2012, totalisaient chacun 40 000 ventes à la fin de l'année. A L'Atalante, Coup de tabac de Terry Pratchett, lancé en octobre, a dépassé les 10 000 exemplaires. Au Pré-aux-Clercs, Le premier sang de Sire Cédric s'est vendu à 6 000 exemplaires ; et Le peuple des rennes, la première saga de Megan Lindholm, alias Robin Hobb, a connu un succès considérable. Du côté du Collectif des indépendants de l'imaginaire (voir encadré p.60), ActuSF a connu une belle année grâce à Skin trade de George R. R. Martin et au Petit guide à trimballer de Philip K. Dick par Etienne Barillier. Mnémos a pu compter sur Le chant premier : les derniers guerriers du silence de Yoann Berjaud, et Nephilim : l'intégrale de Fabien Clavel.
RECENTRAGE ET ORIGINALITÉ
Face aux difficultés rencontrées, les maisons d'édition concentrent leur offre et affirment leur ligne éditoriale pour se distinguer les unes des autres. Le Pré-aux-Clercs renforcera en 2013 sa production en thriller fantastique, développera sa nouvelle collection jeune adulte "Pandore" avec des titres de Jean-Luc Bizien, Jérôme Noirez, Marie Pavlenko et Justine Niogret. La maison poursuivra également sa politique de parution sélective avec un nombre limité de titres par an "pour accompagner au mieux le lancement de chaque ouvrage ou série, dans la durée". Au Fleuve noir, Bénédicte Lombardo a choisi de réduire sa production en science-fiction et en fantasy pour développer une ligne d'imaginaire plus grand public. Chez Bragelonne qui, après onze ans de croissance continue, a dû procéder à 5 licenciements économiques en 2012, le nombre de nouveautés va être réduit de 10 %.
"Il est capital aujourd'hui d'être cohérent dans les choix que l'on fait, de suivre les auteurs dans lesquels on croit et qui ont du succès", estime Pascal Godbillon, directeur de la collection "Folio SF" chez Gallimard. Pour Nathalie Weil, responsable de communication chez Mnémos, ce travail sur la production est indispensable à la survie du genre. L'éditrice, qui publie 20 titres par an, espère voir les rayons se désengorger pour laisser "plus de place à ceux qui sont au coeur de l'imaginaire et qui se battent pour les nouveaux talents français ou pour faire découvrir de bons textes anglo-saxons".
En 2013, les éditeurs misent à la fois sur les valeurs sûres et les textes exigeants. Certains titres sont déjà annoncés comme des best-sellers. Orbit lancera en avril le premier tome de La voie des rois de Brandon Sanderson, qui compte au moins 10 volumes. Pour Audrey Petit, directrice de l'imaginaire chez Orbit, qui prévoit la mise en place d'un important dispositif d'accompagnement publicitaire, le succès du cycle ne fait pas de doute : "Cet auteur est en passe de devenir un classique et attire le lectorat fan de Jordan et de George R .R. Martin." Fidèle au poste, Pygmalion vient de publier le 15e opus du Trône de fer, et l'éditeur annonce également la publication des deux derniers volumes de la série Les cités des anciens de Robin Hobb en avril et en septembre.
Côté séries, Bragelonne poursuit en mars la saga de Terry Goodkind avec La première inquisitrice, qui révélera pléthore de secrets sur l'univers de L'épée de vérité, et lancera en avril le premier volume de la série Haut-Royaume de Pierre Pevel. Mais c'est sans doute avec La voie de la colère que Bragelonne fera l'événement : ce roman d'Antoine Rouaud avait fait sensation à la Foire de Francfort l'an dernier. Il sera publié simultanément en 6 langues en octobre et son lancement mondial aura lieu lors de la World Fantasy Convention à Brighton, en Grande-Bretagne.
Au nombre des titres les plus attendus, on peut ajouter quatre nouveautés prévues en "Lunes d'encre" chez Denoël : Le dernier loup-garou de Glen Duncan, traduit en 15 langues et best-seller aux Etats-Unis, paraît en janvier ; la Trilogie divine de Philip K. Dick, en février ; l'énorme succès américain Sandman Slim de Richard Kadrey, en mars ; et Les insulaires de Christopher Priest, qui a reçu plusieurs prix en Angleterre et qui fait son grand retour chez Denoël après sept ans d'absence. De son côté, Fleuve noir publiera le nouveau China Miéville, qui signe avec Craker un thriller fantastique sur un poulpe ! Enfin, 2013 verra l'aboutissement du travail sur Le dictionnaire encyclopédique des littératures de l'imaginaire, attendu depuis plusieurs années à L'Atalante.
Une des stratégies des éditeurs pour s'assurer la réception de leurs ouvrages est de surfer sur l'actualité cinématographique. 2013 s'annonce riche en adaptations avec notamment Carrie, Les âmes vagabondes, World war Z : Walking dead (avec Brad Pitt) et, bien sûr, le deuxième volet du Hobbit de Peter Jackson, adaptation du roman de J.R.R. Tolkien. "Le succès est aujourd'hui souvent lié à une série ou à un film", reconnaît Audrey Petit, qui a réédité au Livre de poche deux versions de Bilbo le Hobbit en fin d'année 2012, écoulés à plus de 140 000 exemplaires, et prévoit de couvrir l'actualité Tolkien avec la publication, en avril, juin et septembre, de trois Manuels de combat pour les elfes, ... les orques, ... les nains.
Dans le même esprit, Fleuve noir publiera fin 2013 un gift-book de développement personnel sur le mode "vivre sa vie selon les principes hobbits". L'éditeur vient aussi de publier Robopocalypse, un titre de science-fiction grand public de Daniel H. Wilson, qui sera adapté par Steven Spielberg en 2014. A l'automne, L'Atalante publiera Earth Unaware, une préquelle de La stratégie Ender dont le film qui sortira le 6 novembre 2013 s'est inspiré.
RETOUR DE LA SF ?
Le succès chez Critic de la collection "Petite bibliothèque SF", créée l'an dernier et dirigée par Laurent Genefort, le prouve : la science-fiction, en berne depuis de nombreuses années, regagne du terrain dans les programmes des éditeurs de l'imaginaire. La perspective de la fin du monde a donné des idées aux auteurs qui suivent la trace de La route de Cormac McCarthy, en proposant aux éditeurs une majorité de titres post-apocalyptiques et de dystopie. Le Passager clandestin lance d'ailleurs début 2013 une nouvelle collection consacrée à la science-fiction : "Dyschroniques" hébergera des nouvelles de science-fiction ou d'anticipation, autour de thèmes comme la critique de l'organisation sociale, les évolutions technologiques, les questions environnementales et écologiques. Les quatre premiers titres prévus sont Le testament d'un enfant mort de Philippe Curval, La tour des damnés de Brian Aldiss, Un logique nommé Joe de Murray Leinster et Le mercenaire de Mack Reynolds.
"Il y a une demande assez nette concernant une science-fiction exigeante, solide d'un point de vue scientifique et lourdement chargée en ce que les Anglo-Saxons appellent le sense of wonder, à savoir l'émerveillement, le vertige que peut procurer une histoire qui nous emmène loin, très loin, dans les étoiles, le futur, ailleurs", estime Olivier Girard, du Bélial. Chez Critic, les trois moments forts de cette année seront d'ailleurs en science-fiction. En février, l'éditeur publiera Gueule de truie de Justine Niogret, l'auteure du multiprimé Chien du heaume ; une intégrale consacrée à P.-J. Hérault avec la réédition du Dernier pilote ainsi que sa suite inédite verront le jour à la rentrée et, en octobre, François Baranger, l'auteur de la BD Freaks agency (Albin Michel), signera le premier tome d'un diptyque de space opera, Dominium mundi.
En "Lunes d'encre", Gilles Dumay annonce le grand retour de L.L. Kloetzer. Et Le Bélial publiera Accrétion de Stephen Baxter en février prochain. Chez Bragelonne, Stéphane Marsan a programmé la publication des oeuvres intégrales de Stefan Wul en grand format et la réédition en poche en mai de Niourk, prescrit par l'Education nationale.
Enfin, 2013 sera aussi l'occasion de célébrer Jack Vance, l'auteur américain de fantasy et de science-fiction. ActuSF réédite en janvier son roman Les cinq rubans d'or, ainsi que les deux premiers volumes sur trois d'une anthologie hommage à l'écrivain dont le premier tome sortira en avril et qui regroupera des nouvelles de George R. R.Martin, Glen Cook, Robert Silverberg, Walter Jon Williams et Jeff VanderMeer. En mars, Le Bélial publiera Le dernier château, un "omnibus " qui réunira quelques-uns des meilleurs courts romans de l'auteur.
BOOM DU FORMAT POCHE
L'année 2013 devrait aussi être marquée par un repli des éditeurs vers le format poche. "Il est de plus en plus difficile de faire connaître de nouveaux auteurs, notamment en fantasy, car les lecteurs n'ont pas les moyens de lire dix séries en grand format à 25 euros", note Bénédicte Lombardo, qui souhaite renforcer chez Pocket la présence d'autres imaginaires comme le fantastique ou l'horreur. "Le format poche permet d'être réactif à l'actualité et de répondre à un besoin de consommation expresse, propre aux lecteurs de nos genres. Le prix attractif correspond aux réflexes d'achat de fans qui consomment vite", analyse Audrey Petit au Livre de poche. En 2012, l'éditrice a effectué un travail de revalorisation du fonds, notamment en science-fiction, et la charte graphique de la collection a été refondue. "Petit à petit, le poche s'affirme et des efforts sont portés sur le nombre de parutions pour répondre à une demande", explique l'éditrice. En 2013, Audrey Petit publiera notamment les tomes 2 et 3 d'Autre-monde de Maxime Chattam, Dôme de Stephen King en mars et le dernier titre de Bernard Werber. Encouragée par le succès des inédits "spin off" de la série The walking dead, l'éditrice a également pris le parti de développer la publication d'inédits en poche. Six titres sont prévus, dont deux en bit-lit et un nouveau Walking dead à l'automne.
Pour Pascal Godbillon, de "Folio SF", le poche est une valeur refuge en ces temps difficiles. L'éditeur, qui n'avait pas de locomotive commerciale en 2012, constate pourtant que le chiffre d'affaires de sa collection est en progression par rapport à l'année précédente. "Nous devrions finir l'année en positif. C'est plutôt rassurant et encourageant, d'autant que l'année 2013 promet de beaux succès", s'enthousiasme-t-il. En janvier, il publiera Loup, y es-tu ? d'Henri Courtade, un thriller fantastique mi-bit-lit, mi-conte de fées, un inédit de Serge Brussolo, Frontière barbare, et Hellraiser de Clive Barker. En février, commencera la publication de la trilogie à succès de Pierre Pevel, Les lames du cardinal, qui a reçu le prix Imaginales des lycéens, le Morningstar Award en Angleterre, et qui a été traduit en 10 langues. Séduits par les possibilités qu'offre le poche, plusieurs éditeurs s'engouffrent dans la brèche. Nathalie Weil annonce le lancement en mars de la collection poche de Mnémos : avec 15 titres prévus en 2013, "Hélios" accueillera des auteurs français fer de lance de la maison, tels Yoss, Fabien Clavel, Nicolas Bouchard ou encore Charlotte Bousquet. Séduite par l'idée d'exploiter certaines séries de son fonds, L'Atalante pense à une exploitation poche pour début 2014. Dans un autre format, Le Bélial réfléchit à une collection de textes courts, sur le modèle de la novella, qui présentera exclusivement des courts romans à un prix situé entre 8 et 12 euros.
La fantasy et la SF en chiffres
Le numérique, c'est fantastique
Alors que le lectorat évolue plus lentement qu'on n'aurait pu le croire, la plupart des éditeurs investissent dans le livre numérique. Certains, comme Bragelonne, ont même trouvé leur modèle économique.
Les éditeurs de l'imaginaire ont théoriquement un avantage sur les autres en matière de numérique : leur public, technophile et curieux, s'engage sur le chemin de la lecture dématérialisée avec plus d'enthousiasme que le commun des lecteurs. En pratique pourtant, les statistiques font apparaître que les habitudes de lectures changent très doucement. "Les ventes numériques ne représentent que 1 à 3 % des ventes papier des ouvrages de genre", constate François Laurent, directeur général adjoint d'Univers Poche, responsable du numérique.
Les éditeurs se lancent néanmoins avec passion à la conquête du numérique. L'Atalante a annoncé la mise en place de son offre numérique comme un événement, en octobre dernier. Une centaine de titres sont déjà disponibles, et la maison espère numériser en trois ans l'intégralité de son catalogue papier, qui compte plus de 500 titres, et systématiquement toutes ses nouveautés. "Il est vrai que le numérique ne fait vivre personne pour le moment, qu'il s'agisse des auteurs ou des éditeurs, et encore moins les libraires, qui semblent avoir disparu de l'équation, mais ce n'est pas une raison pour ne pas être présent", martèle Eric Marcelin (Critic), qui lancera son offre numérique en mars à raison d'un texte par mois, roman ou nouvelle.
Pour Jérôme Vincent, le directeur d'ActuSF et fondateur de la première librairie numérique dédiée à l'imaginaire (voir encadré ci-dessous), le numérique se présente comme une opportunité de création pour les petites maisons d'édition à travers l'exploration de nouveaux formats. "Nous faisons de l'inédit en numérique et nous reprenons certains titres qui ne sont pas dans notre catalogue papier", explique l'éditeur. Chez Mnémos, Nathalie Weil tient le même discours : "Le numérique permet d'innover et d'offrir aux lecteurs de nouvelles expériences de lecture, comme avec Kadath : le guide de la cité inconnue, un ouvrage augmenté, publié en 2012 et disponible sur tous supports." Pour d'autres éditeurs comme Fleuve noir et Pocket, qui publient leurs titres numériques sous la marque 12-21, le numérique est aussi le moyen de garder disponibles des séries longues qui ne trouveraient plus leur place en librairie, du fait de leur trop grand nombre de volumes. C'est le cas de la série de science-fiction allemande Perry Rhodan, dont plusieurs cycles seront bientôt disponibles sur ebooks.
QUELQUES SUCCÈS
>Certains éditeurs qui surfaient depuis quelque temps déjà sur la vague du numérique le font désormais avec un certain succès. Chez Pygmalion, la série Le trône de fer constitue la meilleure vente en numérique et s'impose même en tête des ventes dans le groupe Flammarion. Pour Charles-F. Dupêchez, "il est évident que le lectorat jeune, auquel ce titre s'adresse principalement, passe plus facilement à ce mode de lecture". L'éditeur, qui publie systématiquement une version papier et une version numérique simultanément, prédit "un fort développement des ventes en numérique sur la fantasy dans les prochains mois".
Grand pionnier du numérique, Bragelonne tire aujourd'hui les fruits d'une stratégie développée depuis 2010. La maison annonce 250 000 exemplaires numériques vendus en deux ans. "Le défi pour nous a été de sauter dans la locomotive du train du numérique, pour l'explorer et le développer sans attendre", se souvient Stéphane Marsan, directeur éditorial. La politique numérique de Bragelonne est rodée : publier simultanément en numérique les catalogues existants en papier, lancer des inédits, "la plupart du temps des textes courts, qui n'ont pour ainsi dire plus de vie en librairie", >et republier des classiques. L'éditeur entreprend de publier en numérique les oeuvres complètes de Michel Jeury et de Pierre Pelot. A ce jour, le numérique représente 3 à 4 % du CA global de Bragelonne (12 millions d'euros en 2011), "de quoi apporter aux auteurs un revenu complémentaire substantiel, un accroissement de leur notoriété et recruter un lectorat supplémentaire", se félicite Stéphane Marsan. Pour l'éditeur, qui travaille entre autres partenaires avec le diffuseur numérique e-Dantès, le distributeur Immatériel.fr et de nombreuses librairies en ligne, le numérique est aussi une solution aux problèmes inhérents aux genres de l'imaginaire, comme la faible représentation de sous-genres mineurs. Il permet de "faire vivre des ouvrages que la librairie traditionnelle ne veut pas ou ne peut pas proposer, et de maintenir l'écologie des séries, car en numérique il n'y a aucun problème pour trouver en permanence tous les tomes déjà parus".
TROIS ÉDITEURS S'ASSOCIENT
Convaincus que l'union fait la force, Les Moutons électriques, Mnémos et ActuSF viennent de créer le Collectif des indépendants de l'imaginaire. "Cela fait déjà quelques années que nous nous connaissons et que nous faisons des échanges de bons procédés : dédicaces groupées, mêmes auteurs, stands voisins sur les salons, etc. Même si nos lignes éditoriales nous sont propres, nous avons beaucoup en commun et sommes complémentaires", expliquent les fondateurs de l'association. Celle-ci permettra désormais aux trois éditeurs indépendants de mutualiser leurs compétences, et notamment de travailler ensemble leur communication. "Nous partons du principe qu'à trois nous serons plus visibles que seuls, et que c'est essentiel dans une période compliquée pour le livre. S'unir dans le travail, c'est répondre de manière plus efficace aux problématiques de l'édition et de la librairie aujourd'hui", >détaillent-ils. Tous implantés en Rhône-Alpes, ils ont également le même diffuseur-distributeur, Harmonia Mundi. Outre des actions de promotion d'ouvrages autour de thématiques, ils prévoient de mener des recherches sur le développement de l'offre numérique. Parmi les premières initiatives engagées par le Collectif des indépendants de l'imaginaire, notons la réalisation d'un catalogue commun, des stands communs aux salons du livre de Genève et de Paris, et l'organisation commune d'un petit-déjeuner avec des libraires, au début de février à Lyon.
EMAGINAIRE, PREMIÈRE LIBRAIRIE CONSACRÉE AU NUMÉRIQUE
Parce qu'"il n'y avait pas de librairie de livres numériques spécialisée dans l'imaginaire, et qu'entre passionnés on se comprend mieux", >la maison d'édition ActuSF a lancé en octobre, en partenariat avec ePagine, la librairie Emaginaire.com. Cet espace est consacré à la vente en ligne d'ebooks de science-fiction, de fantasy, de fantastique, young adult et horreur. "Auparavant, pour acheter des nouveautés ou pour avoir une vision d'ensemble de ce qui existait en numérique pour tel ou tel auteur d'imaginaire, il fallait aller à la pêche aux renseignements à droite et à gauche", explique Jérôme Vincent, directeur d'ActuSF. Avec Emaginaire, les lecteurs ont à ce jour accès à un catalogue de 103 631 ouvrages numériques, dont 7 234 extraits. En tout, 824 éditeurs sont représentés, dont les principales maisons spécialisées comme L'Atalante, Denoël ("Lunes d'encre"), Le Bélial, Orbit, Bragelonne, Pygmalion, Lokomodo, Griffe d'encre, Les Moutons électriques, La Volte ou encore Angle mort. La librairie en ligne propose également des bandes dessinées et des mangas, des livres en anglais ainsi que des titres de littérature générale, du polar, des sciences humaines, des beaux livres, des ouvrages de voyage et de cuisine, etc. Pour Jérôme Vincent, Emaginaire a vocation à "jouer le rôle d'un vrai libraire en mettant en avant les nouveautés, [ses] coups de coeur et des listes raisonnées pour guider le lecteur amateur d'imaginaire dans le monde numérique". Dans cet esprit, le site propose régulièrement des "tables thématiques" et des liens vers des sites spécialisés en fantastique, fantasy, science-fiction, bit-lit et young adult. S'il est encore trop tôt pour dresser un premier bilan des ventes, la librairie a connu un accueil enthousiaste du public de l'imaginaire, généralement naturellement porté vers les nouvelles technologies.