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Dossier Psycho pop : au plus près du lecteur

Olivier Dion

Dossier Psycho pop : au plus près du lecteur

Les auteurs et les éditeurs d’ouvrages de psychologie grand public et de développement personnel cherchent à créer un rapport plus intime avec le lecteur en distillant la bienveillance et en adoptant de nouvelles formes, en marge du rayon pratique, allant jusqu’à la fiction.

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Par Isabel Contreras
Créé le 27.05.2017 à 01h01 ,
Mis à jour le 29.05.2017 à 09h45

Foutez-vous la paix !, le dernier titre de Fabrice Midal, rappelle les classiques du développement personnel où, sur l’injonction de l’auteur sont proposés des conseils pour lâcher prise. "C'est pourtant le livre qui refuse radicalement le discours convenu sur le bien-être, le calme, la sérénité et donc le lâcher-prise. Cette fois, en l'écrivant, j'ai moi-même cherché à me foutre la paix et à cesser de vouloir convaincre", confie l’auteur par ailleurs directeur des collections "Evolution" chez Pocket et "L’esprit d’ouverture" chez Belfond. C’est aussi l’un des livres qui dominent les meilleures ventes du rayon avec plus de 35 000 exemplaires vendus (source GFK) depuis sa parution le 18 janvier chez Flammarion. "Je crois que les gens ont senti ma sincérité", poursuit Fabrice Midal. Dans la forme même du livre de psycho pop, les auteurs prennent le ton de la confidence, se livre intimement pour mieux transmettre leurs enseignements.

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Le psychiatre et auteur Christophe André, leader des ventes avec 3 minutes à méditer (L’Iconoclaste) s’est lui aussi dévoilé en avril dans l’émission de France Culture "A voix nue" où il a retracé son histoire personnelle en cinq épisodes. Parmi ses projets, ce psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, accompagne le journaliste et producteur de France Inter Ali Rebeihi dans l’élaboration de son premier livre, Grand bien vous fasse, tiré de l’émission qu’il anime et qui paraîtra en octobre de l’année prochaine. "Il ne réédite pas ses chroniques mais réalise un travail de fond où il donne de sa personne", indique Catherine Meyer, éditrice à L’Iconoclaste. Un investissement de l’auteur qui paie puisque pour les éditions de l’Homme, la meilleure vente en 2016 reste L’art de se réinventer de la maître en yoga et méditation Nicole Bordeleau, vendu à près de 50 000 exemplaires en France et au Québec d’après l’éditeur. "Son ton est tellement personnel et bienveillant qu’il en devient touchant", assure Judith Landry, la directrice générale de cette maison québécoise.

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L’auteur prend une place centrale dans ce vaste secteur de la psycho pop, à la croisée du développement personnel, du bien-être, de la méditation et de la spiritualité. "La personnification permet de s’identifier avec le lecteur", pointe Elisabeth Darets, directrice de Marabout. Après avoir publié beaucoup de traductions, les éditeurs cherchent à repérer des voix qui portent, notamment francophones. Les éditions Leduc.s ont lancé en novembre une nouvelle collection, appelée chez elles "Les experts", nourrie à raison de sept nouveautés par an. Parmi leurs derniers titres se trouve La relation mère-fille de la psychosociologue et "coach de vie" Patricia Delahaie, que son éditrice Liza Faja qualifie de voix "accessible". Dans la même veine, Lattès a publié en mai Ma mère et moi : comment approfondir et réparer la relation la plus fondatrice de la vie de Natasha Fennell et Róisín Ingle, où neuf femmes partagent leur expérience "entre crises de larmes et fous rires".

 

Légitimité

Quant à First, connu pour ses auteurs étrangers, à commencer par la papesse du rangement Marie Kondo, il met désormais l’accent sur les auteurs français et leurs récits incarnés comme celui de la nonne bouddhiste alsacienne Kankyo Tannier qui signe Ma cure de silence : et si on essayait le calme. "On dirait une amie qui te parle", estime Sophie Rouanet, responsable éditoriale chez First. Chez Solar, le prochain document d’Odile Chabrillac, Ame de sorcière ou Le pouvoir du féminin, à paraître en septembre, a été écrit à la première personne du singulier. Après le succès de Je pense trop : comment canaliser ce mental envahissant (plus de 100 000 exemplaires selon GFK), Trédaniel attend beaucoup du prochain titre de Christel Petitcollin, Pourquoi trop penser rend manipulable, à paraître en septembre. Même démarche chez Marabout, où Elisabeth Darets met en avant en août l’histoire de Colette Olivier-Chantrel, une voyante qui raconte dans La voyance, ça s’attrape comment de quelle façon son don lui a été révélé et comment elle l’a pleinement accepté. Enfin chez Eyrolles, leurs auteurs créent un lien privilégié avec les lecteurs puisque beaucoup se forgent une réputation sur Internet. C’est le cas notamment de Marie Lefèvre et d’Herveline Verbeken, auteures de J’arrête de surconsommer ! : 21 jours pour sauver la planète et mon compte en banque !, vendu à plus de 4 000 exemplaires selon GFK depuis sa parution en mars.

Si le rayon psycho pop est animé par un réel dynamisme depuis quelques années, c’est surtout parce qu’il a gagné en légitimité auprès du grand public. "Aujourd’hui, on arrive à faire venir en France des auteurs américains, les lecteurs demandent ce contact. Ils trouvent une réponse à leurs interrogations lorsqu’ils assistent à une conférence de leur auteur préféré", indique Guy Trédaniel, directeur de la maison qui porte son nom. Et les éditeurs mettent les moyens pour favoriser la rencontre avec le lecteur. Environ 2 000 personnes se sont ainsi rendues le 4 février à un colloque internationnal organisé par l’éditeur sur "La conscience et l’invisible aux frontières de la vie" avec Frédéric Lenoir et Jean-Jacques Charbonnier parmi les intervenants. "On n’est pourtant pas dans la starification", nuance Jocelyn Rigault, directeur de J’ai lu, leader du secteur avec 26,1 % de parts du marché poche. "Les lecteurs veulent écouter leurs auteurs, ils ne vont pas attendre une grande pointure comme Eckhart Tolle en bas de son hôtel pour se prendre en selfie. Ils se rendront à sa conférence", poursuit-il. C’est d’ailleurs dans cet esprit que L’Iconoclaste organise régulièrement des ateliers de méditation dans ses locaux du 27, rue Jacob, à Paris. Ils sont dispensés par des instructeurs comme Céline Tran ou Dominique Retoux. "C’est là où les lecteurs osent poser des questions. Il ne faut pas avoir peur de dire que vous ne savez pas penser à rien. Les gens voient la méditation comme l’accomplissement d’une performance. Lorsqu’ils comprennent qu’on ne peut pas rater les exercices, on lit le soulagement sur leur visage", explique l’éditrice Catherine Meyer.

Romans initiatiques

Le secteur gagnant en crédibilité, les formats se multiplient, poussant plus loin encore la possibilité de s’identifier. Les auteurs s’essaient désormais à l’écriture de romans initiatiques. Creusant le sillon créé par le best-seller de Raphaëlle Giordano, Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, Eyrolles a publié en janvier Tu verras, les âmes se retrouvent toujours quelque part de Sabrina Philippe, en février La libraire de la place aux Herbes d’Eric de Kermel, et en mai Marche où la vie t’ensoleille de Juliette Allais. "Il s’agit de faire passer le message autrement, le lecteur va se retrouver dans une fiction alors qu’il n’aurait peut-être pas osé acheter un livre en psychologie", explique Gwénaëlle Painvin, responsable d’édition du secteur bien-être, santé, développement personnel chez Eyrolles. Dans ces romans, "les auteurs développent une thématique qui leur tient à cœur et qu’ils incarnent. Les problématiques ne sont pas forcément construites sur une méthode mais se veulent existentielles", assure Elodie Dusseaux, éditrice chez Eyrolles. Après le succès en 2015 de La lettre à Lila de Vincent Cueff (plus de 5 000 exemplaires vendus selon GFK), Jouvence a publié en juin dernier Celle qui écrivait des poèmes au sommet des montagnes de Nicolas Fougerousse et fera paraître en octobre un troisième roman à clés, Sept jours pour vivre de Valérie Capelle. Leduc.s a aussi embrassé ce segment avec A fleur de peau de Saverio Tomasella, paru en mai et décrit par ses éditrices comme "le roman initiatique des hypersensibles".

Les autres éditeurs leur emboîtent le pas puis annoncent de nombreuses nouveautés. Marabout se positionne en août avec Le bonheur est une valise légère de Franck Andriat, dans lequel un homme apprend à une femme, le temps d’un voyage, comment faire tenir le bonheur "dans une valise". Solar lance aussi en juin pour la première fois un roman signé par Olivia Zeitline, une primo-romancière de 33 ans, avocate de formation qui s’est tournée vers le développement personnel. Dans Et j’ai dansé pieds nus dans ma tête elle narre l’histoire d’une jeune femme qui, à la suite d’un burn-out, se laisse guider par son intuition et revient à sa passion première, la danse. "Je me suis laissé porter par l’énergie de transformation de l’auteure, par sa puissance et la force de ce roman bienveillant", explique Suyapa Hammje, la directrice éditoriale chargée du bien-être, de la santé et du développement personnel chez Solar. La maison n’a cependant pas l’intention de publier d’autres romans pour le moment. "On s’est donné à fond dans l’accompagnement. Travailler ce texte nous a demandé un an de rendez-vous et de réflexions avec l’auteure", note Suyapa Hammje. Même constat chez Guy Trédaniel qui n’est pas "tombé sur un autre coup de cœur" depuis la parution en décembre d’Un amour sous emprise, le jeu destructeur d’un manipulateur de Sarah Mostrel. Chez First, la directrice éditoriale, Marie-Anne Jost-Kotik, "n’a pas encore trouvé de texte convaincant". Elle dit préférer se limiter pour le moment aux témoignages, des récits toujours incarnés.

Psychologie-développement personnel en chiffres

La vague de la psycho-nature

 

Si la méditation et le lâcher-prise restent les deux grans axes du rayon psycho pop, les éditeurs les revisitent en proposant des ouvrages en rapport avec la nature, un environnement propre à l’ouverture à soi et aux autres.

 

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Depuis l’année dernière, la librairie Gibert Joseph, boulevard Saint-Michel à Paris (6e), a intégré au rayon jardinage l’espace dédié à la psycho pop. Du gazon artificiel décore une table sur laquelle des romans initiatiques côtoient des ouvrages de permaculture. "Il y a une envie, une volonté de changement. Les lecteurs souhaitent rendre leur mode de vie plus simple en revenant à l’essentiel. La nature entre dans ce cadre", observe Christine Brette, chef du rayon loisirs/bien-être. Elle cite le succès de La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben pour illustrer la situation. Paru en mars aux Arènes et vendu à plus de 50 000 exemplaires (source GFK), cet ouvrage signé par un forestier allemand aborde la vie et les comportements sociaux des arbres ainsi que leurs moyens de communication. Les Arènes comptent publier une version illustrée à Noël et viennent d’acheter les droits de six ouvrages du même auteur.

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Apprendre à respirer en marchant en pleine forêt apparaît aussi comme un moyen de revisiter la méditation et le lâcher-prise, les âmes de fond de la psycho pop. Les titres sont multiples depuis la fin de l’année dernière et les approches aussi. Une des références en méditation, le maître zen d’origine vietnamienne Thich Nhat Hanh, donne des clés pour Vivre en pleine conscience : marcher (Belfond) tandis que le marathonien Sakyong Mipham vous apprend à Courir comme on médite : intégrer les principes de la méditation au running en 4 étapes (Guy Trédaniel). Chez Leduc.s, le lancement de Marcher pour se retrouver d’Odile Chabrillac a été accompagné d’un "happening" à Paris "où des journalistes ont expérimenté les bienfaits de la marche", indique Karine Bailly de Robien, directrice éditoriale chez Leduc.s. "Nous vivons dans une société où la surstimulation et le manque d’espaces verts se confrontent. Les ouvrages qui préconisent un retour à la nature nous interrogent sur notre rapport à la Terre et nous aident à nous recentrer", analyse Charlène Guinoiseau-Ferré, responsable éditoriale chez Jouvence. En février, cette maison d’édition qui a enregistré une progression de 10 % de son chiffre d’affaires en 2016, a publié Ecopsychologie : retrouver notre lien avec la Terre et vient de publier en mai Faire la paix avec la Terre signé par Pierre Rabhi et Dominique Bourg entre autres. Les formats étant variés, un roman sur l’éloge de la lenteur, de la méditation et des promenades paraîtra en octobre aux éditions Eyrolles. Dans la collection à petit prix "C’est fini ! C’est parti !", Jouvence a lancé fin avril La land art-thérapie, c’est parti ! d’Alain Dikann. Chez Actes Sud, la nouvelle collection "Je passe à l’acte" réunit des ouvrages en format poche pour tous ceux qui, saisis par le documentaire Demain (1), "veulent agir ici et maintenant, ensemble". De son côté, Marabout a exploité le côté pratique avec Nature DIY où sont présentées 365 activités pour se reconnecter avec la nature, à la campagne ou en ville. Chez Guy Trédaniel, la nature passe par le contact avec les animaux. Après les titres sur le pouvoir relaxant du ronronnement des chats, c’est au tour des animaux sauvages et des cartes dans Le chemin de guérison : de la souffrance à la liberté avec l’aide du règne animal de Daniel Mapel. Vaincre la dépression grâce à l’adoption d’un golden retriever, c’est ce que narre Julie Barton dans Dog médecine paru le 4 mai chez Belfond.

(1) Demain, film de Mélanie Laurent et Cyril Dion (2015) sur des solutions à mettre en œuvre pour contrer le changement climatique.

La parole aux auteurs

 

Deux leaders des ventes du rayon psycho pop, Christophe André et Fabrice Midal, reviennent sur leur parcours, expliquent pourquoi les livres sont de plus en plus incarnés et exposent leur vision de l’évolution du secteur.

 

Christophe André, auteur

Mon histoire avec la psycho pop démarre en 1995 lorsque je publie mon premier livre avec Patrick Légeron, La peur des autres : trac, timidité et phobie sociale chez Odile Jacob. Un succès instantané. Nous étions deux auteurs inconnus et avons vendu 180 000 exemplaires la première année… C’était de la vulgarisation psychologique mais rigoureuse, adossée à des recherches scientifiques. Pour que mes livres soient accessibles le plus possible, je procédais toujours de la même manière : je les faisais relire à mes patients. En tant que médecin et thérapeute, je gardais en tête la notion de service psychologique rendu : le livre doit faire du bien.

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Dans les années 1990, Jacques Salomé était méprisé en tant qu’auteur par la plupart des thérapeutes en activité parce que c’était un gros vendeur de bonnes paroles, et pas un vrai thérapeute. Moi aussi, je le prenais un peu de haut. Mais j’ai changé d’avis peu à peu en écoutant de nombreux patients me dire combien ses livres leur faisaient du bien. Je me suis dit que tout livre qui fait du bien est un livre respectable, vu la grande fréquence des souffrances psychologiques. Et que, en tant que soignant, je n’ai pas à produire des œuvres littéraires mais des livres d’aide.

Au fur et à mesure de mes évolutions, je me suis intéressé à la notion de prévention. J’ai voulu prévenir l’apparition des troubles et aider mes patients à conduire leur vie différemment. C’est là où j’ai sensiblement glissé de la psychothérapie pure et dure à ce qu’on appelle le développement personnel. Je ne m’intéressais plus seulement à des lecteurs qui avaient des maladies dont ils voulaient s’arracher mais à des personnes qui avaient le souci de rester en bonne santé ou d’être plus solides psychologiquement. Ce tournant est arrivé dans les années 2000 et j’ai senti que je touchais alors un nombre de lecteurs beaucoup plus grand.

Mon style s’est lui aussi adapté. Au début je faisais des livres moins incarnés. C’étaient des boîtes à outils dans lesquelles je n’évoquais pas mes états d’âme. Puis, petit à petit, en comprenant ce qui pouvait davantage toucher les patients, j’ai introduit des extraits d’œuvres littéraires, des citations de romanciers et poètes ayant compris les mêmes choses que nous et sachant les dire plus fortement, plus élégamment. Puis j’ai commencé à parler un petit peu de moi. J’ai adopté un ton un peu plus littéraire, un peu plus confidentiel tout en restant soucieux des mêmes ingrédients d’accessibilité, de références scientifiques, de conseils pratiques.

La révélation de soi du thérapeute, lorsqu’elle est bien dosée, peut être très motivante pour les patients, selon de nombreuses études. Ils comprennent que leurs soignants ne leur sont pas supérieurs et qu’il n’y a qu’une seule catégorie d’humains : tout le monde souffre, tout le monde a ses difficultés, tout le monde a ses galères. C’est une idée importante qui a émergé dans la thérapie contemporaine et qui se retrouve dans les évolutions de notre société : nous sommes plus allergiques qu’autrefois aux notions de hiérarchie, que ce soit dans l’entreprise, dans la santé, dans l’école… Les gens aspirent à des relations plus égalitaires et fraternelles. Et cette évolution vers plus de proximité des thérapeutes, plus de spontanéité, plus de présence personnelle se retrouve dans les ouvrages contemporains.

Fabrice Midal, auteur et directeur de collection

Chacun constate un boom dans le secteur de l’épanouissement personnel alors que les sciences humaines reculent. Mais en réalité, si on y regarde de plus prêt, on se rend compte que la psycho pop intègre nombre de principes et d’approches des sciences humaines. Si on regarde les meilleures ventes, on constate ainsi qu’un travail en profondeur y est souvent proposé. C’est le cas de Catherine Gueguen, que j’ai l’honneur de publier chez "Pocket évolution". Elle appuie ses textes sur des recherches scientifiques et sociales, comme du reste aussi Christophe André, toujours à la pointe des recherches faites dans le monde anglo-saxon. Chez Belfond, dans la collection "L’esprit d’ouverture", je ne publie que les aînés du genre, souvent anglo-saxons comme Sharon Salzberg, spécialisée dans la méditation et la bienveillance, qui témoigne d’un sérieux et d’une recherche novatrice. Je pense pour cette raison que ces livres peuvent changer notre société profondément.

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Dans ce sens, si l’intérêt pour la méditation touche aujourd’hui le grand public, c’est parce que les auteurs ont, eux, réussi à faire sortir cette pratique du simple bien-être. On a mis de côté les images du lotus, du coucher de soleil et des cailloux. En tant qu’éditeurs, nous sommes plusieurs à avoir travaillé sur les couvertures, les couleurs mais aussi le choix des textes. Les grands auteurs dans le domaine de la méditation s’appuient sur les découvertes scientifiques, sur la philosophie, une analyse des difficultés sociales que les gens rencontrent. Les lecteurs découvrent que la méditation peut réellement les aider. Et c’est en effet tout simple : si les gens achètent des livres sur la méditation, c’est que cela les aide.

Certes, tous les éditeurs ne voient pas les choses de la même manière. Et de ce fait, il existe beaucoup de livres gadgets. L’idée qu’on va être serein en quelques minutes, comme certains ouvrages l’assurent, est évidemment une imposture. Si vous promettez cela à quelqu’un, non seulement vous ne l’aidez pas mais vous le faites culpabiliser parce qu’il n’y arrivera pas. Il existe des chemins de transformation, d’apaisement, mais il faut montrer concrètement comment faire. Il faut être réellement pratique, et ne pas se contenter de répéter des banalités voire d’énoncer des bêtises. Je crois que nous avons une responsabilité sociale à publier et à vendre des ouvrages qui doivent aider les gens. Nous devons faire en sorte que cela rende réellement service.

Il est frappant de voir du reste que les livres qui rencontrent un grand succès ne réduisent pas la méditation à un outil de gestion du stress, une sorte de gymnastique mentale. Autrement dit, le public ne s’y trompe pas.

Il faut aussi être vrai - dans mes livres, je tente de dire très honnêtement comment la méditation aide. Enseignant la méditation, j’ai constaté que beaucoup de gens avaient le sentiment de ne pas arriver à méditer, car ils identifiant la pratique avec une sorte de gymnastique difficile. C’est pourquoi je propose dans mes livres cette approche, "foutez-vous la paix", non pas essayer d’être dans la pleine conscience (qui me semble une traduction malheureuse car beaucoup trop abstraite et intellectuelle du mindfulness américain), mais être pleinement présent à sa vie. C’est simple et déculpabilisant.

Meilleures ventes : toujours à fond(s)

Indétrônables, les auteurs qui dominent le classement des 50 meilleures ventes confirment la prédominance du fonds dans le secteur psycho pop. Le conférencier allemand Eckhart Tolle se maintient en première place avec Le pouvoir du moment présent, paru en 2011, et le chaman mexicain Don Miguel Ruiz conforte sa position avec Les quatre accords toltèques (8e), publié en 2005. Ainsi, seules cinq nouveautés sont parvenues à trouver une place dans le classement. Parmi elles, 3 minutes à méditer de Christophe André (10e). Le psychiatre, auteur fort du catalogue de L’Iconoclaste, réussit l’exploit de placer au total cinq de ses ouvrages dans le classement en 4e, 10e, 12e, 33e et 34e positions. La Japonaise Marie Kondo poursuit sa belle percée avec La magie du rangement (First) dont le grand format et sa réédition sont classés respectivement 6e et 5e. Creusant le sillon de l’art de la simplicité et du cocooning, First place aussi une nouveauté Le livre du hygge. Mieux vivre : la méthode danoise au 36e rang.

Les thématiques de fond comme le lâcher-prise ou la méditation restent également en vogue avec des titres comme Les 50 règles d’or pour lâcher prise (Larousse, 38e) ou L’art du calme intérieur : à l’écoute de sa nature essentielle (J’ai lu, 19e). Le traitement des sujets en rapport avec la pleine conscience est renouvelé avec des ouvrages sur le réveil comme Miracle morning : offrez-vous un supplément de vie ! (First, 16e).

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