PIERRE DEMARTY a lu à ses deux jeunes enfants Dors et fais pas chier, l'album satirique d'Adam Mansbach qu'il a déniché, traduit et qu'il édite chez Grasset le 2 novembre. Mais, "instinctivement, j'ai improvisé une version édulcorée. Surtout que je n'ai jamais eu à leur dire ça ! ». Aux Etats-Unis, ce petit livre illustré qui n'est pas destiné à endormir les enfants mais à défouler leurs parents excédés, a suscité l'ire des ligues de vertu. "Il faut que ça reste léger et rigolo », plaide Pierre Demarty, 35 ans, entré chez Grasset voici six ans, "avec la double casquette d'éditeur et de traducteur". Fou de littérature américaine, qu'il a découverte à Normale sup, rue d'Ulm, avec Pierre-Yves Pétillon, il a vécu deux ans à New York pour entamer une thèse sur Philip Roth, son auteur fétiche, qu'il n'a jamais finie. Il en est revenu avec l'envie de travailler autour des livres, et de traduire. Chez Grasset, il contacte Jean-Paul Enthoven, qu'il connaissait et qui lui propose un stage. Il restera dans la maison comme assistant d'édition d'Ariane Fasquelle, directrice littéraire du domaine étranger. Aujourd'hui, il est éditeur à part entière, avec "une prédilection pour les premiers romans, les jeunes auteurs, les textes sortis de nulle part". Il a ainsi repéré Melanie Wallace et John Verdon. Il a aussi traduit des livres de Joan Didion, dont L'année de la pensée magique (Grasset, prix Médicis essai 2007), ou Les foudroyés de Paul Harding (Le Cherche Midi). Depuis un mois, il fait partie du comité de lecture de Grasset.