30 octobre > Histoire France

Qu’est-ce qu’un roi ? Celui qui par la grâce de Dieu accède au trône ? Ou le primus inter pares, le premier des nobles choisi par ses pairs ? En France, la réponse à la question semble assez claire jusqu’à la chute de l’Ancien Régime : le roi est "l’oint du Seigneur" et règne de manière absolue sur ses sujets en vertu du principe héréditaire. Un ambassadeur vénitien à la cour de François Ier note que le monarque français a quelque chose du roi thaumaturge : il guérit les écrouelles (la scrofule d’origine tuberculeuse) par le toucher. Alors que d’autres monarchies évolueront vers le régime parlementaire, en France "le roi gouverne par lui-même".

Cela dit, ce qui est n’a pas toujours été. Hugues Capet fut bien élu roi en 987 par les barons. Aussi ses descendants se sont-ils évertués à consolider leur lignage en édictant diverses règles de succession. La première, la couronne ne se transmet pas aux femmes ni par les femmes. La fameuse loi salique qui tient son nom des Francs saliens ancêtres présumés des rois de France.

Dans un inédit de la collection "Folio histoire", Michèle Fogel analyse la fonction royale en France, du dernier des Valois directs, Charles VIII (roi de 1483 à 1498), à la Révolution de 1789, qui donna le coup de grâce à l’ancienne conception monarchique. Chronologique, certes, l’essai décline de manière à la fois vivante et synthétique différentes thématiques liées au métier de roi : le sacre à Reims, les alliances matrimoniales, l’obligation de reproduction afin d’assurer la pérennité dynastique, les représentations symboliques exaltant l’image d’un souverain transcendant, le rôle de chef suprême de la guerre.

En lisant ces pages, on ne se lasse pas de s’étonner devant ces accidents de l’histoire qui changent le cours de la gouvernance d’un peuple. Pour revenir à la loi salique, si le fils de Philippe le Bel, Louis X, avait eu un fils qui survécût plus de cinq jours au lieu d’une fille, Jeanne, âgée de cinq ans à la mort de son père, peut-être que le trône de France eût été occupé autrement. Mais en ce XIVe siècle turbulent où l’accession à la couronne demeure "imprévisible", ce sont les oncles de Jeanne qui allaient régner à sa place, Philippe V et Charles IV, frères du défunt roi. Un descendant direct de Philippe le Bel, petit-fils de ce dernier par sa mère, pouvait bien prétendre à la couronne de France mais il était roi d’Angleterre. Il fallait l’écarter. En réinterprétant ce code des Francs comme loi fondamentale du royaume, le principe de primogéniture mâle gravait dans le marbre l’exclusion et des femmes et des princes étrangers en matière de succession. S. J. R.

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