"L’ouverture d’un marché de la revente d’œuvres dématérialisées peut être organisée sans modification législative sur une base contractuelle", estiment Joëlle Farchy et Camille Jutant, auteures d’une étude économique sur l’occasion numérique à paraître à la mi-février (1). Parti d’une commission du Conseil de la propriété littéraire et artistique qui doit rendre un rapport juridique sur le sujet, l’ouvrage va au-delà du secteur numérique pour s’intéresser aussi au marché du livre imprimé d’occasion.

Difficile à appréhender, repoussoir même d’une économie fondée sur la production de nouveautés, le marché de l’occasion n’est pas suivi comme celui du livre neuf. Selon les données du panel de consommateurs GFK, qui n’était pas lancé au moment de la rédaction de l’étude, "en septembre-octobre, 23,4 % des acheteurs de livres ont acheté de l’occasion, ce qui a représenté 15 % des volumes achetés et 7 % des dépenses sur le marché du livre total", indique Sébastien Rouault, chef de groupe panel livre de l’institut d’études. C’est légèrement supérieur au résultat du sondage de Livres Hebdo de mars 2014 (voir ci-dessous).

Les circuits d’achat et de revente de l’occasion évoluent sous l’effet du "rôle majeur d’Internet et des échanges entre particuliers", soulignent Joëlle Farchy et Camille Jutant. Dans le livre, Internet progresse, mais les circuits physiques étaient encore majoritaires en 2013 (30 % des achats, 36 % des reventes).

L’occasion numérique n’est pour le moment qu’une hypothèse, tout particulièrement en France où le marché initial n’atteint pas 5 % de l’activité. Elle est toutefois devenue juridiquement consistante depuis 2012 et la décision de la Cour de justice de l’Union européenne, autorisant la revente de licences de logiciels. C’est potentiellement très déstabilisant : l’occasion dans le numérique serait rigoureusement identique au neuf, aggravant encore l’ambiguïté entretenue sur les marketplaces dans l’imprimé pour contourner la loi Lang. Côté consommateur, l’intérêt apparaît néanmoins limité. H. H.

(1) Qui a peur du marché de l’occasion numérique ? La seconde vie des biens culturels, 140 pages, 15 euros, Presse des Mines.

Les dernières
actualités