A peine a-t-elle ôté son masque pour boire un café en terrasse, près du canal Saint-Martin (Paris 11e) qu'elle affectionne particulièrement, qu'Emmanuelle Collas évoque le Proche-Orient. La vie masquée par la Covid lui rappelle l'un de ses voyages au cours duquel elle a aperçu une femme manger par-dessous son voile intégral, tenant son niqab d'une main et son repas de l'autre.
Historienne de l'Antiquité, Emmanuelle Collas est « depuis longtemps ancrée dans le monde méditerranéen ». Tout comme Myrto, le personnage principal de son premier roman Sous couverture (23 octobre, Anne Carrière), qui affirme dès les premières pages du récit : « Je m'étais depuis longtemps enracinée au Proche-Orient, dont j'aimais les cultures, les terres, les langues ». Cette citation fait d'ailleurs l'ouverture de « Tenir », la lettre qu'Emmanuelle Collas a publié en octobre 2019 sur le site culturel Diacritik pour alerter sur la situation des Kurdes de Syrie.
A cette période, « très troublée » par l'actualité orientale, elle se confie à Jean-Baptiste Gendarme, éditeur chez Anne Carrière. Ils se croisent souvent dans les locaux du collectif, au sein duquel elle a lancé les éditions Emmanuelle Collas en mars 2018, mais se connaissent très peu. En l'écoutant, Jean-Baptiste Gendarme découvre une consœur « habitée par le Proche-Orient qui porte en elle toute une humanité, tout comme elle portait alors à bout de bras le roman de Selahattin Demirtas », auteur kurde de Turquie de Et tournera la roue
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