Les Moutons électriques vont mal. Notamment connue pour éditer Jean-Philippe Jaworski et Stefan Platteau, la maison fondée par André-François Ruaud, basée à Bordeaux, connaît depuis cinq ans des difficultés économiques qui sont allées en s’aggravant, jusqu’à menacer aujourd’hui son existence.

Dans un message diffusé sur son blog et relayé sur les réseaux sociaux, l’éditeur invoque « les crises successives, économiques, pandémiques et politiques » qui se sont accumulées au cours des dernières années. Le premier semestre 2024, marqué par des taux de retour élevés et le resserrement des rayons d’imaginaire en librairie au profit du genre en pleine effervescence de la romantasy, n’a pas permis de redresser la barre. « Nous avons aujourd’hui besoin de 50 000 euros pour nous remettre à flot, dont 30 000 euros de toute urgence pour payer nos auteurs ce mois-ci et honorer plusieurs factures », confie André-François Ruaud à Livres Hebdo. Faute de trésorerie, l’éditeur serait condamné à fermer ses portes sous peu.

Appel aux dons sur PayPal

Pour récolter tout ou partie de ces fonds, Les Moutons électriques ont opté pour un appel aux dons via la plateforme PayPal. La démarche, originale dans le monde de l’édition, s’accompagne d’autres mesures drastiques. André-François Ruaud a renoncé à son statut de salarié pour alléger les frais internes de l’entreprise, tout comme il a renoncé à embaucher Maxime Gendron pour s’occuper du marketing et de la gestion.

« Nous allons chercher l’argent avec les dents », ajoute l’éditeur. Après 48 heures, quelque 3 500 euros ont d’ores et déjà été récoltés. À partir de la semaine du 9 septembre, les Moutons complèteront leur opération levée de fonds par le lancement d’une cagnotte via un financement participatif sur Ulule. Les internautes pourront procéder à des dons libres, mais aussi acheter des lots d’ouvrages défraîchis ou en arrêt de commercialisation.

La maison active en parallèle d’autres leviers de financement. Tout récemment, elle a cédé les droits poche de l’un de ses titres et négocié les droits audiovisuels d’un autre ouvrage de son catalogue. Ces deux opérations représentent une manne de 20 000 euros, « bienvenue mais encore insuffisante ».

En recherche d’un partenaire

S’il espère récolter suffisamment d’argent pour renflouer sa trésorerie, André-François Ruaud estime qu’il ne pourra pas rester indépendant à moyen terme. L’éditeur confie être actuellement à la recherche d’un partenaire auquel il pourrait s’adosser pour pérenniser son activité. « Nous avons des discussions sérieuses avec plusieurs acteurs », confie-t-il.

Leurs difficultés n’empêchent pas Les Moutons électriques de continuer à publier. « Notre programme du second semestre est maintenu, confirme André-François Ruaud. Les livres sont partis chez l’imprimeur et nous publierons le beau-livre Jeux de rôles ! de Nathalie Zema ainsi qu’une nouvelle édition augmentée de notre beau-livre consacré à l’œuvre d’Hayao Miyasaki. Ce sont des ouvrages chers, dont nous espérons qu’ils génèreront un certain volume de chiffre d’affaires ».

Nouveaux formats

Comptant plus de 650 titres à leur catalogue, Les Moutons électriques emploient aujourd’hui quatre personnes et proposent régulièrement de nouveaux formats. Ce mois de septembre, ils inaugurent notamment leur nouvelle collection fantastique « Le fruit amer », dirigée par Melchior Ascaride et Mérédith Debaque.

En 2024, la meilleure vente de la maison a été assurée par le troisième tome du Chevalier aux épines de Jean-Philippe Jaworski, écoulé à 8 000 exemplaires. Succès de librairie, la trilogie cumule à ce jour plus de 30 000 exemplaires en grand format. Son premier tome s’est quant à lui déjà vendu à plus de 5 000 unités depuis sa parution en mai chez Folio Fantasy, avant la parution du deuxième tome en octobre.