Cassation

Enquête sur Mohammed VI : écoutes jugées illégales

Catherine Graciet et Eric Laurent - Photo DR

Enquête sur Mohammed VI : écoutes jugées illégales

Les enregistrements clandestins des deux journalistes soupçonnés d'avoir monnayé l'abandon d'un livre-enquête sur le roi du Maroc, prévu au Seuil, sont refusés en cour de cassation.

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Par Hervé Hugueny
Créé le 22.09.2016 à 19h13

Dans un arrêt rendu le 20 septembre, la Cour de cassation a jugé que les enregistrements d'Eric Laurent et Catherine Graciet contreviennent à la règlementation sur le secret des sources et ne devraient pas être retenus dans la procédure pour tentative de chantage et d'extorsion de fonds ouverte à leur encontre à la suite d'une plainte du roi du Maroc, Mohammed VI.

Les deux journalistes préparaient un livre sur la gestion du Maroc et la famille royale, à paraître au Seuil début 2016. Dans le courant de l'été 2015, ils avaient rencontré à trois reprises à Paris un émissaire du secrétaire particulier du roi du Maroc. Selon les enregistrements réalisés à leur insu par cet intermédiaire, ils avaient accepté 2 millions d'euros pour renoncer à cette enquête.
 
Lors de la dernière rencontre, ils avaient signé un accord écrit dans ce sens et avaient reçu en acompte 40 000 euros chacun en liquide, mais ils avaient immédiatement été placés en garde à vue par la police qui surveillait l'échange. Me William Bourdon, avocat d'Eric Laurent, a contesté la légalité de l'utilisation des enregistrements réalisés par l'émissaire du roi du Maroc, mais ses arguments avaient été rejetés en première instance et en appel.
 
Traquenard

La cour de cassation a cassé l'arrêt d'appel de Paris et a renvoyé l'affaire devant la cour de Reims. L'instruction du dossier ne pourra être bouclée avant cette décision. Reconnaissant d'abord un moment de faiblesse, les deux journalistes ont affirmé ensuite avoir été attirés dans un traquenard.
 
Lors de la révélation de l'affaire, fin août 2015, Olivier Bétourné, P-DG du Seuil, avait fait part de sa "stupeur, de sa tristesse et de sa colère" dans un entretien à l'AFP. "D'abord, je n'ai pas cru que les deux auteurs que j'avais publiés [pour leur précédent ouvrage, Le roi prédateur] et que je me proposais de publier à nouveau étaient susceptibles de s'engager à ne pas honorer le contrat qu'ils avaient signé avec moi contre rémunération", a-t-il dit.
 
"Il appartient à l’instruction, et à elle seule, de faire la lumière sur les charges pesant sur les deux auteurs. La présomption d’innocence s’impose à tous", avait également rappelé Le Seuil dans un communiqué.

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