Clairsemées. L'adjectif est approprié pour décrire les allées de Liber, la Foire internationale du livre en espagnol qui se tient jusqu'au 5 octobre à Barcelone. Rendez-vous annuel des professionnels hispanophones depuis 30 ans, Liber célèbre son anniversaire sur un air de crise économique et de désamour. Avec 450 maisons d'édition et entreprises du livre présentes, le nombre d'exposants a diminué de 18% par rapport à l'an dernier. Beaucoup d'éditeurs moyens ont préféré rejoindre le stand de leur région. D'autres boudent carrément la fête : parmi eux, des pointures de l'édition espagnole et internationale comme Edesha, Tusquets, ou Random House Mondadori n'ont pas fait le déplacement.

Pour Victoire Chevalier, directrice de E-libro, une plateforme de distribution de e-books, exposer sur le Liber est plus l'occasion d'entretenir les liens que d'en créer de nouveaux. «Ma journée est bookée, j'ai de nombreux rendez-vous fixés en amont, mais peu de personnes se promènent pour découvrir les stands, contrairement à l'an dernier à Madrid», regrette-elle.

Si les stands sont déserts, la cinquantaine de débats et présentations organisées dans le cadre du salon affiche complet. Avec une préférence pour les rencontres autour de thèmes tels que le prix du e-book et ses modes de commercialisation, la propriété intellectuelle, le rôle des bibliothèques ou des agents littéraires face au numérique, la survie des librairies. Inquiets, les professionnels désirent réfléchir ensemble sur l'avenir du marché du livre. Au coeur de leurs préoccupations, une question récurrente : que ce soit en papier ou en numérique, comment vendre des livres en ces temps de crise ?

Mardi, lors de l'inauguration de la foire, le président de la Fédération des éditeurs d'Espagne (FGEE), Javier Cortés, a appelé les acteurs du livre à trouver des solutions pour que le secteur maintienne sa place dans le paysage mondial : «Il est nécessaire de repenser le modèle actuel, afin de le rendre compatible avec les nouvelles habitudes de lecture, de respecter la création culturelle à travers la protection de la propriété intellectuelle, de promouvoir le livre grâce à la mise en place de mesures fiscales stimulantes, la valorisation de la lecture et des bibliothèques.» Il a également insisté sur la nécessite de mettre en place une nouvelle législation qui s'engage à réguler la gestion collective des droits numériques, et appuie de manière plus ferme le travail de la Commission de propriété intellectuelle sur le contrôle du piratage.

Au cours de ces cinq dernières années, le chiffre d'affaires du secteur éditorial a baissé de 11,2% et le nombre d'exemplaires vendus a chuté de 20,3%.