ÉTUDE BILANCIELLE

Si les travaux de repérage sont plus agréables, il est aussi plus risqué de publier la énième édition d'un ouvrage sur Florence que la version annuelle du Code de procédure pénale : le beau livre apparaît en situation critique, avec des rentabilités négatives depuis quatre ans, alors que l'édition juridique affichait en 2011 toujours de bonnes performances, selon la dernière mise à jour de l'analyse des bilans du secteur effectuée par KPMG, cabinet d'audit et de commissariat aux comptes.

"Les ventes de livres ont baissé, mais le recul est en partie masqué par la progression des prestations de services : cessions de droits, abonnements, ventes en ligne, etc.", >explique Joëlle Tubiana, directrice de mission chez KPMG, dans la synthèse 2011 présentée cette semaine devant la commission Economie du Syndicat national de l'édition (résultats complets sur Livreshebdo.fr).

Cette progression de l'activité services est plus forte chez les groupes, qui compensent ainsi un recul des ventes de livres supérieur à celui des indépendants (- 3,8 % contre - 1,9 %). Globalement, la vente de livres a reculé de - 2,7 %, avec des replis plus forts en littérature (- 6,2 %), et en tourisme-guides pratiques (- 5,6 %).

Le CA livres représente 58 % de l'activité des 189 maisons retenues dans cette synthèse, à laquelle il manque toutefois Editis et La Martinière, faute de bilans publiés. Les diffuseurs-distributeurs (filiales de groupe ou sociétés indépendantes) et les clubs ne sont pas retenus dans le périmètre, de même que les filiales étrangères, précise Joëlle Tubiana.

Les maisons de la tranche 20 à 50 millions d'euros de chiffre d'affaires se révèlent les plus régulières, avec une progression continue de leur activité, y compris en 2011, alors que les plus petites sont aussi les plus à la peine (- 6 % de chiffre d'affaires). Le recul des ventes n'ayant pas été anticipé, il s'est traduit dans tous les secteurs par une hausse des stocks en 2011. Pour la troisième année, les coûts auteurs restent plutôt stables, et leur maîtrise demeure un élément important de l'économie des maisons. La BD, qui doit rémunérer scénaristes et dessinateurs, et la littérature sont les secteurs les plus généreux avec 22,8 % et 18,3 % de coûts auteurs bruts (droits et avances provisionnées) par rapport au CA livres. A 5,1 % et 5,7 %, leur rentabilité est plus basse que le juridique, champion absolu à 26,7 % et le scolaire, à 9,6 %, dont les coûts auteurs sont bien moindres, 4,6 % et 10,1 %. Les groupes, qui font baisser ce poste depuis trois ans, affichent aussi une rentabilité en progression (+ 0,4 %) et supérieure (6,4 %) à celles des indépendants (4,9 %, en repli constant), alors que leur CA livres a davantage reculé. On comprend l'importance que les éditeurs attachent à la question dans les discussions actuelles avec les auteurs. En revanche, le taux de remise aux libraires, autre variable importante de leur rentabilité, n'est pas calculable à partir des bilans.

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