A + 0,5 % d’après les statistiques douanières retraitées par la Centrale de l’édition, soit 692,08 millions d’euros, les exportations françaises de livres se sont mieux comportées en 2014 que les ventes dans l’Hexagone, qui ont reculé de 0,5 % d’après nos données Livres Hebdo/I+C (1). Mais elles auraient pu progresser encore plus si elles n’étaient pas tombées sur un os en Belgique. Sur son premier marché extérieur, aujourd’hui fragilisé (2), l’édition française enregistre une chute de 7,4 %. Elle connaît aussi une nouvelle année difficile au Canada (- 4,4 %, après - 7 % en 2013).
Ces contre-performances interviennent alors que les ventes de livres français sont au contraire bien orientées sur la plupart de ses principaux marchés. En Suisse, deuxième marché des éditeurs français hors de leurs frontières, elles font un bond de 12,4 %. L’activité connaît aussi des progressions spectaculaires chez tous les autres principaux clients européens de la France : + 16,1 % en Allemagne, + 42,6 % au Royaume-Uni, + 29,4 % en Espagne, + 13,7 % en Italie. Si les ventes s’effondrent ponctuellement aux Pays-Bas (- 43,4 %, mais + 19,2 % en moyenne lissée sur trois ans), elles retrouvent, grâce à la Russie (+ 27,6 %) un regain de vitalité jusqu’en Europe centrale et orientale (+ 23,9 %), où elles étaient pourtant devenues anecdotiques.
Accélération en Algérie
Après une année difficile en 2013, le Maghreb, l’Afrique et le Proche-Orient redeviennent attractifs pour le livre français. Au Maghreb (+ 6,2 %), l’activité reprend au Maroc (+ 3,4 %) et s’accélère en Algérie (+ 7,9 % et même + 14,2 % en moyenne annuelle sur trois ans), les deux premiers clients de l’édition française dans la région, même si elle continue de marquer le pas en Tunisie (- 17,9 %). Les ventes de livres français font un bond de 13 % au Proche et au Moyen-Orient, non tant grâce au Liban (+ 0,8 %) que grâce à l’Egypte (+ 33 %) et au Qatar.En Afrique francophone (+ 15,2 %), les exportations progressent fortement sur les trois principaux marchés de l’édition française (+ 114,9 % au Congo RDC, + 28,4 % en Côte d’Ivoire, + 11,5 % au Sénégal) même si elles baissent au Gabon (- 11,5 %), au Cameroun (- 40,3 %) et au Togo (- 17 %). Vers l’Afrique non francophone, qui n’absorbe que 0,2 % de nos exportations, l’activité augmente également, de 11,5 %.Hors de la francophonie et des principaux pays de l’Union européenne, les performances de l’édition française à l’export restent décevantes. Aux Etats-Unis, qui reculent du 8e au 10e rang des meilleurs clients de la France, les ventes reculent de 7,5 % en 2014, après - 6,8 % l’année précédente. En Amérique latine, l’activité est tirée à la baisse (- 6 %) par un effondrement au Mexique (- 40,2 %). Celui-ci rétrograde au 2e rang des principaux clients de l’édition française dans la région, alors que les ventes se redressent à l’inverse au Brésil (+ 10,1 %), en Colombie (+ 35,5 %) ou encore au Chili (+ 46 %). Vers les Antilles, la baisse est de 5,8 %, et même de 6,6 % pour Haïti et 21,2 % pour la République dominicaine.
Evolutions chaotiques en Asie
En Asie, les évolutions demeurent chaotiques au fil des années. Lissée sur trois ans, la variation des ventes de livres français s’inscrit à + 1,5 %, une performance somme toute positive dans une région du monde très peu francophone. Mais pour 2014, l’édition française encaisse une chute de 23,1 % de ses exportations sur l’ensemble de l’Asie et de l’Océanie, après la jolie hausse de l’année précédente. Parmi les cinq principaux clients du livre français, seul le 4e, Taïwan, affiche une augmentation de l’activité (+ 23,5 %). Nos exportations reculent vers le Japon (- 27 %), la Chine (- 35,2 %), Hong Kong (- 14,1 %) et la Corée du Sud (- 30,4 %).
Tous pays confondus en tout cas, les exportations françaises de livres continuent de se concentrer sur la francophonie. En 2014, les pays francophones du Nord absorbent 59,8 % d’entre elles (2004 : 55,7 %) et les pays francophones du Sud 13,8 % (2004 : 10,3 %), contre 26,3 % pour les pays non francophones (2004 : 34 %).
(1) Voir bilan 2014 dans LH 1027, du 30.1.2015, p. 20-22.
(2) LH 1032, du 6.3.2015, p. 23-27.