DIVERSIFICATION

Extension du domaine de L’Ecole

La direction de L’Ecole des loisirs avec l’équipe de Rue de Sèvres. De gauche à droite : Guillaume Fabre (au premier plan), Louis Delas, Nadia Gibert, Maryline Noppe, Agathe Jacon, Charlotte Moundlic, Jean-Louis Fabre et Jean Delas. - Photo Photos : O. Dion

Extension du domaine de L’Ecole

Renforcé par l’arrivée de l’ancien directeur général de Casterman, Louis Delas, Nova Groupe, propriétaire de L’Ecole des loisirs, lancera en septembre une filiale de bande dessinée à l’enseigne de Rue de Sèvres avec un nouvel album de Zep. Toute la distribution passera de la Sodis à UD-Flammarion.

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Par Fabrice Piault
avec Créé le 14.10.2013 à 21h55 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Les voilà prêts. Cinq mois après la rupture de leurs négociations avec Gallimard et le départ fracassant de Louis Delas de la direction générale de Casterman et du pôle jeunesse-BD de Flammarion (1), ils sont venus, ils sont tous là. Autour de la table, dans la grande salle de réunion au bas de l’immeuble que détient L’Ecole des loisirs à l’arrière de sa librairie Chantelivre, rue de Sèvres, à Paris (6e), Jean-Louis Fabre, le directeur général administratif et financier de la très familiale maison d’édition pour la jeunesse, est accompagné de son fils Guillaume (abonnements, filiales, numérique), de son cousin Jean Delas, directeur général commercial et publicité, et du fils de celui-ci, Louis Delas. Ce dernier reprend ce mois-ci les fonctions de son père, qui se retire le 30 avril tout en restant président de la holding 100 % familiale, Nova Groupe. Surtout, Louis Delas conduira en parallèle une diversification du groupe. Dès septembre, le 11 précisément, sous le label Rue de Sèvres, apparaîtront les premiers titres d’une nouvelle filiale dédiée à la bande dessinée adulte comme jeunesse.

« Il y a pour nous une nécessité de nous diversifier car, dans le livre pour la jeunesse, même si nous pouvons encore nous développer dans le deuxième niveau et les grandes surfaces culturelles, nous avons atteint un certain stade, proche de la saturation dans le premier niveau », explique Jean Delas, qui estime aussi que la volonté de diversification de L’Ecole des loisirs peut accompagner l’aspiration des libraires à trouver eux aussi de « nouveaux relais de croissance ». Ainsi, Jean Delas ressent « une espèce de bouillonnement » dans le groupe de quelque 150 salariés, « en bonne santé financière », qui refuse toujours de livrer la moindre information sur son chiffre d’affaires. « A une époque où tout le monde est morose et appuie sur le frein, nous, nous nous développons », se félicite-t-il, notant que la BD constitue une « première diversification » pour Nova Groupe, propriétaire jusqu’à présent, avec L’Ecole des loisirs, des filiales Moritz Verlag (Francfort), Babalibri (Milan) et Pastel (Bruxelles), et de trois librairies Chantelivre.

Peinture fraîche.

Au rez-de-chaussée de l’immeuble de L’Ecole des loisirs, l’équipe de Rue de Sèvres s’est installée dans un trois-pièces où flotte encore une odeur de peinture fraîche et où, sur l’un des murs blancs immaculés, un dessin de Guillaume Sorel annonce déjà la couleur. Toutes venues de Casterman et du pôle jeunesse-BD de Flammarion, Nadia Gibert est chargée de l’édition des titres adolescents et adultes ; Charlotte Moundlic assure à la fois la direction artistique de Rue de Sèvres et l’édition des titres jeunesse et tous publics ; Agathe Jacon est responsable de la gestion éditoriale, du marketing, de la communication et des relations avec L’Ecole des loisirs et avec la diffusion ; Maryline Noppe est assistante éditoriale et de direction. « La fabrication et toutes les fonctions transversales sont assurées par L’Ecole des loisirs », précise Louis Delas. En parallèle, l’ex-directeur des ventes BD à la diffusion Flammarion, Alain Cahen, s’est vu confier une mission de conseil de l’équipe commerciale de L’Ecole des loisirs. Car c’est elle qui, redéployée, assurera le développement en librairie de Rue de Sèvres, dont la production devrait atteindre un rythme de croisière de 40 à 50 titres d’ici deux à trois ans.

« Le groupe va vers 300 titres travaillés chaque année », évalue Jean-Louis Fabre. Aussi, indique-t-il, « notre équipe de douze représentants se concentrera désormais sur le premier niveau, soit environ 800 clients, à la fois pour le compte de L’Ecole des loisirs et pour celui de Rue de Sèvres. »« Pour la diffusion dans le deuxième niveau, que nous n’assurerons plus par nous-mêmes, et pour toute notre distribution, nous avons choisi de nous adresser à UD-Flammarion », annonce Jean-Louis Fabre. UD assurera cette prestation pour Rue de Sèvres dès son lancement en septembre, et pour L’Ecole des loisirs à partir du 1er janvier 2014, à l’échéance de ses contrats avec les filiales de Gallimard : FED pour la diffusion en hypermarché et Sodis pour la distribution. « Il n’y a aucun contentieux avec la Sodis », assure Jean-Louis Fabre, pour qui ce transfert de la logistique d’une branche du groupe Madrigall à l’autre est simplement « lié à notre stratégie de développement ». « Nous avons jugé que les équipes de Flammarion étaient les mieux placées pour la diffusion de la bande dessinée dans le deuxième niveau et les hypermarchés », précise Guillaume Fabre. D’ailleurs, ajoute Jean Delas, la collection de littérature générale « Globe » récemment lancée par L’Ecole demeurera diffusée par le CDE et distribuée par la Sodis. Dans le numérique, le groupe continuera à travailler avec Eden pour ses romans, Izneo pour ses bandes dessinées et en direct pour ses apps. Au Canada, L’Ecole des loisirs restera diffusée par Gallimard tandis que Rue de Sèvres le sera par Flammarion, les deux maisons se retrouvant dans la distribution Socadis, filiale commune des deux filiales de Madrigall.

L’auteur au centre.

Editorialement, le lancement de Rue de Sèvres se prépare « dans l’esprit de L’Ecole des loisirs, souligne Louis Delas. L’auteur est au centre du projet et notre seule ambition est de faire de bons livres et de les vendre longtemps, pas de prendre des parts dans les camemberts de GFK. Notre objectif est de construire un fonds. » Pour lui, Une histoire d’hommes, le titre de l’album de Zep qui lancera la maison tout en marquant un profond renouvellement créatif de l’auteur de Titeuf (voir encadré ci-contre), « résume bien le projet ». Quatre axes éditoriaux ont été définis : la bande dessinée « ado-adulte », la bande dessinée pour la jeunesse, la bande dessinée tous publics et quelques livres d’illustrations. Sur ses axes jeunesse et tous publics, la maison explorera particulièrement les possibilités d’adaptation en bande dessinée d’« univers forts » de L’Ecole des loisirs. Plusieurs chantiers ont été amorcés sous la houlette de Charlotte Moundlic, notamment autour des titres de Susie Morgenstern et de Loulou, de Grégoire Solotareff, qui doit faire l’objet d’une adaptation au cinéma à la fin de 2014. Pour chaque titre en tout cas, Rue de Sèvres entend réaliser « un gros travail sur l’objet, indique Nadia Gibert. On percevra l’identité visuelle de Rue de Sèvres au-delà du format des livres. »

Sur le plan du marketing et de la communication aussi, la nouvelle maison, qui aura un stand à Angoulême en janvier prochain, entend marquer sa différence. « Sur le modèle établi par L’Ecole des loisirs avec les libraires ou les enseignants, nous réunissons en mai des scénaristes, sur une journée, et les échanges seront restitués dans la revue L’Ecole des lettres », annonce Agathe Jacon. Rue de Sèvres, dont tous les titres seront d’emblée disponibles en numérique via Izneo, proposera aux libraires un « contrat de lancement », « avec des conditions très favorables », assure Louis Delas. Elle va aussi ouvrir une page Facebook et créer un site spécifique pour le lancement d’Une histoire d’hommes. En attendant, pour janvier 2014, le lancement du site Internet de l’éditeur. <

(1) Voir LH 930, du 16.11.2012, « Retour à L’Ecole », p. 41, et « Divorce à Saint-Germain-des-Prés », p. 42.

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