Par un beau matin d'été toute la nature s'éveille à la lumière. Sous un grand chêne, un, deux, trois, puis des dizaines de lapins sortent de leur trou, impatients de s'ébrouer dans l'herbe folle. Dans la bande, l'un dépasse largement ses congénères par la taille. Normal ! Ce n'est pas un lapin, mais un lièvre. Alors qu'il était levreau orphelin, la famille des lapins l'a adopté, le traitant comme l'un des siens. Ce matin pourtant le lièvre sent poindre une petite mélancolie, ressentant un peu plus amèrement sa différence. Il s'entend très bien avec sa nombreuse fratrie, mais sur certains points il est en désaccord avec elle.

Pourquoi toujours et partout craindre le danger ? Pour lui, c'est simple, il suffit de s'enfuir et courir à toutes pattes. De même il ne goûte pas autant que les autres les jeux collectifs et autres mêlées inextricables. Un jour, il se retrouve face à un autre lièvre qui l'invite à courir la campagne avec lui. Le temps de surmonter une légère culpabilité et hop, il s'élance à travers champs, heureux comme jamais. Hélas, au cœur d'une forêt profonde les deux compères bondissants tombent sur une meute de loups affamés. Ouf ! Une silhouette étrange et familière les tirera bientôt du pétrin.

Les illustrations, toutes au crayon de papier, sont à tomber. Qu'il dessine un paysage indolent de moissons, ou une meute de loups au regard famélique et menaçant face à deux lièvres froussards et recroquevillés, le talentueux Timothée Le Véel éblouit notre rétine.