4 OCTOBRE - BD France

Photo NADJA/OLIVIUS

Une future écrivaine, une apprentie artiste-peintre, une aspirante chanteuse et un modèle en devenir à Paris, dans les années 1870. Composant son quatuor de Filles de Montparnasse, Nadja a soigneusement balisé le champ artistique. C'est qu'il s'agit de montrer que dans la France de l'époque, au moins, aucun chemin créatif ne tenait pour une femme, fût-elle douée, de la sinécure. Chacune dans son domaine, Emilie, Garance, Elise et Rose-Aymée se heurtent au pouvoir des hommes et à leurs manipulations dans ce volume annoncé comme le premier d'une tétralogie.

L'éditeur pour lequel Elise fait des travaux de correction la pousse dans les filets d'un auteur en mal d'inspiration. Le fondateur de la renommée Académie Julian profite des sentiments de Garance à son égard. Un imprésario pervers manoeuvre Elise sans scrupule, tandis que Rose-Aymée semble avoir d'emblée les ailes coupées. Et, dans ce monde façonné par les hommes, les quatre jeunes femmes sont aussi les victimes de leurs propres désirs et attentes à leur égard. Le propos n'est pas nouveau chez Nadja, connue pour ses dizaines d'albums pour la jeunesse principalement à L'Ecole des loisirs, dont Chien bleu et la série Momo, mais également depuis une petite dizaine d'années pour une demi-douzaine de bandes dessinées chez Denoël Graphic (Le menteur), Cornélius (L'homme de mes rêves, Comment ça se fait...) ou Gallimard (La forêt de l'oubli). Mais en entrecroisant dans une même oeuvre quatre destins parallèles, elle le développe avec plus d'ambition, soutenue par un dessin très pictural où se lisent les angoisses des quatre femmes aux abois.

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