« Impossible, c’est un sujet qui fait peur », « Impossible, c’est un livre qui peut circuler dans votre famille, mais pas à l’extérieur ». Les réponses des éditeurs jeunesse aux auteurs qui leur ont soumis le projet de leur album sont univoques : le handicap fait peur. Saluons donc le courage de l’éditeur HD pour sa prise de risque dans ce livre qui parle de la différence sans passer par le voile pudique de la fiction. En effet, les auteurs Jean-Benoît Patricot et Francesca Pollock, respectivement romancier et psychanalyste, ne sont autres que les propres père et belle-mère du petit Ferdinand, héros toutes catégories de l’album. Le mot d’ordre est ici d’appeler un chat un chat, autrement dit un handicap un handicap, tout en insufflant sans cesse l’optimisme d’une solution. Au commencement était le verbe. Mais ça commence mal pour Ferdinand. Point de verbe. Atteint du syndrome Charge, quand il naît il « n’est pas tout à fait fini », comme dit joliment l’album. Il n’entend pas, ne parle pas et voit très peu. Dès lors, comment communiquer ? se demande toute la petite famille réunie autour de lui et qui ne va cesser de trouver des langages, d’autres langages. Langage du corps et du toucher quand il est bébé, langage des signes quand il va à l’école spécialisée. Le stimulant en lui faisant écouter de la musique qu’il n’entend pas, mais dont il sent les vibrations. « C’est par les mains qu’il entend », résument avec poésie les auteurs. Dès que la vérité de la maladie se fait un peu trop âpre, le dessin de Jean-Benoît Patricot l’adoucit aussitôt. Ainsi après la description du handicap de Ferdinand, l’illustration le montre en train de taper sur l’ordinateur en faisant de drôles de bruits avec sa bouche, empêchant ainsi sa grande sœur de faire ses devoirs. L’humour pointe à chaque page. Il faut dire que le petit Ferdinand est sacrément espiègle. Après avoir lacéré un fauteuil dans le salon, que fait-il pour échapper à l’ire paternelle ? Tout bonnement poser une photo d’un chat, coupable idéal, sur le fauteuil… Ferdinand n’est jamais en retard d’une facétie. Devinez ce qu’il aime le plus. Aller voir les réfrigérateurs dans les grands magasins… Connaître Ferdinand, c’est l’aimer. Texte et dessin s’y connaissent pour nous faire craquer sur sa fantaisie et son inventivité. A quoi pense- t-il quand il passe des heures dans son bain ? On ne saura jamais, nous, ce qu’on sait, c’est que Ferdinand est un prince à sa façon. Fabienne Jacob
Ferdinand 1er
A travers le personnage de Ferdinand, Jean-Benoît Patricot et Francesca Pollock s’intéressent au quotidien d’un enfant handicapé et à la différence.