Avis aux responsables de manifestations littéraires : du côté des aides attribuées par le Centre national du livre, on sera à l’avenir de plus en plus exigeant pour accorder un soutien qui, en 2013, est allé tout de même à 107 manifestations. L’enveloppe globale dévolue aux « animations littéraires » ne devrait pas augmenter et le critère principal, dans l’esprit du plan d’aide à la librairie voulue par la ministre Aurélie Filippetti, sera celui du rôle accordé aux libraires lors de ces rendez-vous. Il faudra ainsi pouvoir mesurer l’impact et les retombées pour la librairie locale. En gardant à l’esprit que si de nouvelles manifestations reçoivent chaque année l’aide du CNL (6 en 2013), d’autres en revanche perdent la précieuse manne au regard des standards de qualité requis. Les procédures du CNL, elles, ne changent pas : trois commissions « Vie littéraire » par an, présidées par Agnès Desarthe pour trois ans, dont la première se réunira le 31 janvier.

Budgets serrés.

« Jamais sans mon libraire ! » serait-on alors tenté de proclamer. A Manosque, lors des Correspondances, les principaux débats ont lieu sur la place du cœur de ville, devant la librairie Au poivre d’âne, qui voit là une occasion de différer l’entrée dans la morte saison en enregistrant de bonnes ventes consécutives aux signatures. Ailleurs, certains salons sont nés à l’initiative des libraires eux-mêmes. En 2013, est apparu le Festival du livre de Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, organisé par les amis de la librairie Le Chant de la Terre, dont la deuxième édition - puisque la première fut un succès - se déroulera fin novembre. Autre première, l’an dernier, qui vaut à ses organisateurs de reconduire l’expérience : le Salon du livre de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), à l’initiative de Nathalie Iris, de la librairie Mots en marge, et de Béatrice Lacoste, qui revient début janvier (voir p. 8). Sans oublier le Festival urbain de lecture à voix haute, organisé à Montreuil par la librairie Folies d’encre, dont la 4e édition se déroulera début juin. Et que les fidèles du Festival du polar en Berry/Les nuits rallongent, proposé par la librairie Sur les chemins du livre à Saint-Amand-Montrond (Cher), se rassurent, les organisatrices feront une simple pause en 2014 pour cause de déménagement.

Les budgets, à n’en pas douter, ne seront pas faciles à boucler. Même les « grosses machines » connaissent de sérieuses difficultés financières. Le Festival du livre de jeunesse de Rouen a bien failli disparaître en 2013 (1) mais sera encore là cette année. Les organisateurs du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême ne cessent de se plaindre de la baisse des subventions qui leur sont accordées. Le Printemps des poètes rencontre lui aussi des difficultés pour équilibrer son budget à la suite de la diminution du soutien accordé par l’Education nationale. Jean-Pierre Siméon, toujours aussi combatif, a dû lancer un appel à dons qui a déjà permis de recueillir, début décembre, 7 500 euros. Le Relief (Réseau des événements littéraires et festivals), dont l’AG est programmée le 25 mars, s’est d’ailleurs saisi de cette question des financements et lancera en 2014 une enquête sur leur évolution au cours des dix dernières années.

Lieux inattendus.

Dans ce calendrier 2014, quelques modifications notables sont à signaler. Le Festival du livre culinaire marque une pause à Paris mais se transporte, pour une première, à Pékin, du 19 au 21 mai. La Fête du livre organisée à Toulon par le conseil général du Var et qui se déroule habituellement à la mi-novembre devrait être avancée cette année à la mi-septembre. Biennal, le festival America est de retour et accueillera notamment Richard Ford et Margaret Atwood.

Du côté des thématiques, la guerre, déjà évoquée à Blois en 2013, continuera d’inspirer les programmes, notamment au Havre, lors du festival Le Goût des autres, en janvier, autour des « littératures de la réconciliation ». Pas moins de 48 auteurs argentins sont attendus au Salon du livre de Paris. On célébrera aussi le centenaire de Marguerite Duras. Reste l’inattendu, et les endroits les moins conventionnels pour organiser des rencontres littéraires : la manifestation « la plus haute » de l’année sera sans conteste celle proposée au-dessus de Chamonix, devant la mer de Glace, sur le site du Montenvers, le 7 juin, par la Facim (Fondation pour l’action culturelle internationale en montagne) et Mathilde Walton. Il y sera question du paysage, en compagnie de Maylis de Kerangal, invitée d’honneur. Jusqu’où la littérature n’irait-elle pas se percher ? < Michel Puche

(1) Voir LH 974, du 15.11.2013, p. 8.

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