Lux éditions n’est pas une entreprise comme les autres. Il n’y a pas un patron à mettre en avant, mais une joyeuse bande de cinq éditeurs en autogestion : Alexandre Sánchez qui a débuté comme libraire chez Gallimard à Montréal et chez Compagnie à Paris ; Eve Delmas, une ancienne des éditions Amsterdam ; Marie-Eve Lamy, qui a officié chez Ecosociété ; Mark Fortier qui vient du milieu universitaire ; et Louis-Frédéric Gaudet, très impliqué dans l’interprofession. Au service des idées et des sciences sociales et politiques - située bien à gauche avec une collection sur l’anarchisme -, la maison québécoise, qui est diffusée par Harmonia Mundi depuis 2010, a été repérée avec le Petit cours d'autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon (50 000 ventes) sans être très connue en dehors des cercles d’initiés. Cependant, depuis quelques semaines, elle fait parler d’elle de ce côté de l’Atlantique grâce à Dirty wars de Jeremy Scahill, sur le nouvel art de la guerre. Une du Monde des livres, Télérama..., l’enquête imprimée à 3 000 exemplaires est en réimpression. Le travail de fond de la maison depuis quinze ans s’est révélé payant puisque, après de nombreuses coéditions avec des maisons sœurs (La Découverte, La Fabrique ou Agone), elle a négocié les droits mondiaux de ce titre et vient de signer la coédition avec Actes Sud du prochain Naomi Klein, en novembre. "On fait des livres pour nourrir les mouvements sociaux", explique Alexandre Sànchez. Ainsi Lux avait édité Université inc., devenu le manifeste des grèves étudiantes au Québec en 2012, et espère remuer l’opinion en novembre avec une enquête d’Emmanuelle Walter sur les disparitions des femmes autochtones au Canada. Anne-Laure Walter