La maison d'édition queer Fier.es publiera ses premiers ouvrages cet automne. Des parutions qui marquent l'aboutissement d'un projet indépendant et engagé porté par Mélanie Molla, une jeune éditrice rennaise. Ayant fait son coming-out il y a 18 ans, l'éditrice a longtemps regretté le manque de représentations auxquelles elle aurait pu se référer. Fier.es est née d'une envie de donner une nouvelle visibilité aux personnes et thématiques queer dans la littérature francophone.

La naissance d'un projet

Mélanie Molla nourrissait depuis longtemps le projet de travailler dans l'édition. Après des années de marketing digital, elle a postulé auprès de plusieurs maisons d’édition à partir de 2017. Si elle essuie alors plusieurs refus, l'idée lui vient progressivement de monter sa propre structure. S'en suit une longue réflexion et un déclic, en 2020. Lors d’un voyage en Espagne, la jeune rennaise découvre sur place, ravie, une offre importante de librairies féministes et/ou queer. 

En 2023, c’est décidé, elle quitte son travail et profite du chômage pour se lancer. Son ambition est claire : renforcer les représentations queer dans la littérature francophone. Elle passe par l’incubateur Willa pendant six semaines et, après plusieurs prêts et une longue période de prise de conseils, s’entoure d’une dizaine de freelances. Les fondations de Fier.es sont posées.

Pour toucher des subventions, les éditions Fier.es doivent publier au moins trois romans, ce qui devrait être le cas d’ici l’année prochaine. Te parler encore, une auto-fiction de Letizia Finizio paraîtra le 21 octobre 2024, suivi par À la fin, nous ferons histoire, premier roman de Marine Peyrard le 8 novembre 2024. Un troisième titre est annoncé pour début 2025.

Se démarquer dans un marché en plein essor

Mélanie Molla déplore une littérature queer trop souvent triste et caricaturale. L’éditrice explique : « J’ai voulu monter une maison avec de la représentation queer, pas uniquement basée sur nos vies amoureuses et sentimentales, mais sur nos vies tout court ». Dans À la fin, nous ferons histoire de Marine Peyrard, on suit Juliette. Issue d’un milieu conservateur, la vie de la jeune fille de seize ans bascule lorsqu’elle tombe amoureuse de Romane. Une histoire d’amour débute entre les deux adolescentes avec, pour toile de fond, les débuts de la manifestation contre le mariage pour tous.

Pour se démarquer d'autres maisons d’édition queer, de plus en plus présentes sur le marché, Mélanie Molla dit ne pas vouloir se limiter sur les formats, genres et thématiques, souhaitant toucher un public plus large. Par ce choix, elle souhaite se différencier d’autres maisons d’éditions plus thématiques comme YBY basée essentiellement sur la fantasy ou encore On ne compte pas pour du beurre, dédiée à un lectorat plus jeune.

Active sur les réseaux sociaux

Mélanie Molla est particulièrement active sur sur Instagram, tirant profit de son expérience dans le marketing digital. Active sur le réseau social avant même de se lancer dans l’édition via le « Bookstagram », l’éditrice a pu bénéficier de l'influence de sa communauté. La page Instagram des éditions Fier.es compte en effet aujourd’hui 3 000 abonnés. L’éditrice l'anime régulièrement ; elle a notamment fait gagner deux affiches de l’artiste Rafaelle Fillastre, les illustrations ayant été choisies comme couvertures des deux premiers romans de son catalogue.

Mélanie Molla a également lancé une campagne de précommande Ulule le 20 août. L’éditrice se réjouit du succès de la campagne qui a atteint à ce jour 46% de l’objectif, avec un premier palier fixé à 7 000 euros. En atteignant le troisième palier, cette trésorerie immédiate lui permettrait notamment de rémunérer tous les acteurs de la chaîne du livre et de pérenniser la maison. En plus de nombreux goodies, les deux premiers ouvrages sont disponibles en précommande : Te parler encore au prix de 9 euros et À la fin, nous ferons histoire à 13 euros. La campagne se termine le 4 octobre.