« Je suis sincèrement très heureux de cette évolution, c’est un changement voulu et assumé de ma part, sans aucun état d’âme et sans aucun regret », a assuré Arnaud Lagardère mercredi matin. Ajoutant : « Le choix, c’est moi qui l’ai pris. Cette solution a été imaginée il y a un certain nombre d’années mais les conditions n’étaient pas possibles. » Le nouveau P-DG a garanti « l’intégrité de l’entreprise dans toutes ses composantes et tous ses actifs » et « la continuité du management ».
Conflits d'intérêts
Arnaud Lagardère va passer de 7 à 14% en pourcentages du capital, de 11 à 16% en droits de vote. Pour le capital, Amber passe de 20 à 18%, le Qatar de 13 à 12%. Vivendi recule aussi, de 29 à 27% du capital, de 23 à 22% du droit de vote. « Aucun actionnaire ne prend le contrôle de la société » a assuré l’état-major du groupe lors de la conférence de presse, Pierre Leroy ajoutant même : « Comme nous avons des actionnaires représentés au conseil qui exercent des activités concurrentes des nôtres, il faudra mettre en place un mécanisme qui permettra d’éviter le plus rigoureusement possible la transmission d’informations sensibles à ceux qui seront en même temps des concurrents, et cela concerne évidemment les domaines de l’édition, des médias et un peu du travel retail. » Tout le monde pense évidemment à l’édition, au cœur d’une bataille entre Vivendi et Hachette. A ce sujet, Arnaud Lagardère a ajouté : « Si des choses se présentent dans le respect de la loi, pourquoi pas mais je ne suis pas sûr qu’il y en ait beaucoup. »
Certes, le groupe proclame que cette révolution s'inscrit « dans une perspective de dialogue actionnarial apaisé », d’une « continuité managériale » et enfin d’une « réaffirmation de l'intégrité du Groupe recentré sur ses deux piliers, Lagardère Publishing et Lagardère Travel Retail, et ses autres activités. » Mais en devenant une société anonyme, la direction se place sous la menace d’une OPA (Offre publique d'achat).
Vincent Bolloré, dont la société Vivendi demeure actionnaire majoritaire, devient bien le nouvel homme du groupe. Arnaud Lagardère a accepté de renoncer à son statut en échange de 10 millions de titres de la société. « J’ai souhaité des actions et pas du cash, car je crois en cette entreprise. C’est un pari nouveau », a-t-il expliqué, toujours lors de la conférence de presse. Un pari risqué tant il est impossible de savoir ce que notamment Amber Capital et le Qatar feront de leurs actions. S’ils les cédaient à Vincent Bolloré, celui-ci détiendrait 50% de la nouvelle entreprise. A moins qu'un autre scénario n'apparaisse dans ce feuilleton à rebondissements.