Édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Elles s’infiltrent partout, même dans les conseils d’administration, nous disent Les Echos du 4 mars. Le Parisien note qu’elles n’ont même jamais été aussi nombreuses dans le classement du magazine Forbes des plus grosses fortunes mondiales. Surtout, les femmes arrivent en rangs serrés aux postes de commande des grandes maisons d’édition.

Photo PHOTO OLIVIER DION

En quelques mois ont ainsi été annoncées l’arrivée de Cécile Boyer-Runge à la présidence des éditions Robert Laffont, de Sophie de Closets à celle de Fayard, d’Hélène Fiamma à la direction éditoriale de Payot & Rivages, d’Anne Assous à la direction de Folio, tandis qu’un an auparavant Béatrice Duval prenait la direction générale de Denoël, ou Monique Labrune la présidence du directoire des Puf. En moins d’un an, la féminisation du management des maisons d’édition s’est considérablement accélérée.

Moins narcissiques que leurs homologues masculins, plus prudentes surtout, elles ne parlent pas volontiers de leur conquête du pouvoir, même si parfois elles ne cachent pas un vif étonnement, comme en témoigne Sophie de Closets, à qui Arnaud Nourry, P-DG d’Hachette Livre, a proposé la présidence de sa filiale Fayard alors qu’elle était encore en congé de maternité. Comme d’autres, elle pensait que c’était plutôt une période de fragilité professionnelle…

Même si, avec les spécialistes comme Annie Batlle qui s’exprime dans nos colonnes, on est bien persuadé qu’il n’y a pas de spécificité féminine du management, on peut penser que les femmes y introduisent une dimension plus pragmatique. "Dans le milieu de la finance où j’ai travaillé avant, nous dit Marie Pic-Pâris Allavena, directrice générale du groupe Eyrolles - spécialisé au départ, rappelons-le, dans le bâtiment -, il y avait beaucoup de machisme. J’en ai tellement souffert que je lutte pour aider les femmes dans leur vie de famille et professionnelle."

Pourquoi cette soudaine féminisation des instances de direction de l’édition ? Parce que les salaires y sont moins attractifs que dans d’autres secteurs, répondent aussitôt les hommes. Ce qui est malheureusement le cas de tous les domaines d’activité qui se féminisent.

On peut y voir aussi une adaptation tardive mais salutaire à la clientèle du marché du livre très majoritairement féminine, comme le montrera à nouveau l’enquête sur "Les nouveaux lecteurs" que Livres Hebdo présentera le 13 mars à la Maison de l’Amérique latine (Paris 7e).

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