26 JANVIER - ROMAN HISTORIQUE Etats-Unis

Pour son premier roman, Kate Quinn, fille d'un historien qui lui lisait sûrement Suétone afin de l'endormir, a choisi un genre littéraire bien particulier, le péplum. Elle en respecte les codes de base, façon Hollywood puisqu'elle est Américaine, tout en apportant sa touche personnelle, plutôt moderne.

Un péplum réussi doit de préférence se situer dans une époque agitée, convulsive. Quel meilleur moment que le règne de Domitien (81-96 apr. J.-C.), second fils, après Titus, du grand Vespasien, et dernier empereur de la dynastie des Flaviens ? De leurs règnes, l'histoire retiendra surtout la prise de Jérusalem, la catastrophe de Pompéi et la construction du plus grand amphithéâtre du monde romain, le Colisée. Domitien était très friand des combats de gladiateurs, et justement le héros de Kate Quinn en est un : l'invincible Arius le Barbare, un Breton réduit en esclavage lors de la conquête de son pays par les Romains, et condamné à gagner sa survie dans l'arène.

A Rome, les gladiateurs, considérés comme des bêtes fauves, étaient à la fois redoutés et adulés, surtout par les femmes de la bonne société. Dont une certaine Lepida Pollia, la toute jeune fille d'un affranchi aussi riche que vulgaire. Amoureuse d'Arius, elle tentera de le conquérir par tous les moyens : séduction, chantage, persécutions. En vain. Le coeur du Barbare ne bat que pour Théa, l'esclave juive musicienne de Lepida. Leur bonheur sera bref - juste le temps de faire un enfant, que sa mère prénommera Vercingétorix, dit Vix. Et ils ne se retrouveront qu'après de nombreuses années, non sans avoir subi la vindicte de l'immonde Lepida, et les cruautés de Domitien. Mais même le pire des tyrans, tout "Maître et Dieu » qu'il se proclame, n'est pas éternel...

En plus de l'intrigue principale, Kate Quinn nous plonge avec talent au coeur de la machine du pouvoir, de cet Empire qui atteindra son apogée un siècle plus tard, sous Hadrien. Elle nous montre, de plus, le visage authentique de Domitien, dont les turpitudes et les massacres qu'il a ordonnés (notamment de chrétiens) ont faussé l'image : c'était aussi un soldat courageux, un bourreau de travail et un bon administrateur.

Quant à son originalité, Kate Quinn l'a placée dans les rapports entre ses personnages, dans des dialogues très modernes : ainsi Vix s'exprime-t-il comme un gamin des rues - ce qu'il est. Et dans une mise en scène à la fois grandiose mais sans effets excessifs.

A la fin de La maîtresse de Rome, les jeunes Vix et Sabine, la fille du sage et vertueux Marcus Norbanus, protecteur des héros, ont tout l'avenir devant eux. A preuve, Kate Quinn vient de publier aux Etats-Unis un deuxième roman de ce qui paraît bien parti pour devenir une grande saga. Si elle court jusqu'en 476, date officielle de la chute de Rome, la matière est infinie.

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