DOA n’a jamais eu peur des romans au long cours. On se souvient de son ample Citoyens clandestins ("Série noire", repris en "Folio policier") qui lui valut de recevoir le grand prix de Littérature policière en 2007. Le revoici aux affaires avec un solide Pukhtu primo de plus de six cents pages qui sera, en octobre, suivi d’un Pukhtu secundo.
Il faut prendre son souffle avant d’attaquer la chose. De se transporter dans l’Afghanistan de 2008. Un pays "au relief et au climat brutaux", auparavant envahi par des Russes qui ont battu en retraite, et faisant désormais face à la présence des Américains. L’argent y coule sans s’arrêter, les trafics y prolifèrent. Notamment celui de l’opium.
Le roman s’ouvre avec une jeune Norvégienne, qui accompagnait le ministre des Affaires étrangères de son pays, et se trouve blessée dans un attentat mené par des kamikazes contre un hôtel cinq étoiles de Kaboul.
Le lecteur fait ensuite connaissance avec les différents personnages mis en scène par l’auteur du Serpent aux mille coupures ("Série noire", 2009, repris en "Folio policier"). Sher Ali Khan Zadran est un chef de clan qui se soucie pour sa famille et convoie des armes. Postée dans le Nevada, Naomi Wright pilote à distance des appareils qui volent dans l’espace aérien pakistanais. Tiny et Fox, eux, sont des anciens de l’Air Force passés dans le privé. Des paramilitaires sur le terrain depuis cinq ans.
Ultra-documenté sur les questions techniques et sur les lieux qui lui servent de toile de fond, DOA assemble lentement les pièces de son puzzle. L’occasion de donner à lire la confrontation entre deux mondes. Une situation qui n’est pas sans faire d’étincelles et de dommages collatéraux. Al. F.