Héliogabale, c'est de la balle ! À la mort de l'empereur Caracalla en 218, un neveu originaire de Syrie est appelé à lui succéder. Les Romains ne savent pas à quoi s'attendre. On sait seulement que cet « Arabe » à peine âgé de 14 ans qui hérite de la pourpre voue un culte à Baal, ou Élagabal, oriental dieu du soleil, duquel le jeune empereur tire son surnom.
C'est autour de cet Héliogabale à la réputation de débauche que Guillaume Lebrun ourdit sa deuxième fiction, Ravagés de splendeur. Après Fantaisies guérillères (Christian Bourgois, 2022), la geste de Jeanne d'Arc revisitée façon queer, l'auteur érige ici le sulfureux empereur romain en icône transgenre... Gloria, la grande vestale entourée des vierges dédiées à Vesta, déesse du foyer, voit d'un très mauvais œil ses pratiques : stupre à tous les étages, sacrifices humains, mais également égalité femme-homme (il impose au Sénat sa mère et sa grand-mère auxquelles il délègue le pouvoir), transidentité... Héliogabale, qui se met en couple avec un bel esclave grec affranchi, veut qu'on le désigne désormais par le pronom « elle ». Une des jeunes vestales, Aquilia, est envoyée à la cour par Gloria pour espionner le pontifex maximus adorateur de Baal, mais elle a un autre agenda : elle épouse Héliogabale. Et de former, avec son mari et l'amant de ce dernier, un trouple scandaleux... Chanson de Madonna traduite en latin, jurons à la Astérix, décor kitsch de péplum, c'est Salammbô meets Goscinny, très drôle, à prendre avec une pincée de sel et un gros grain de sable- de ceux qui détraquent l'historiographie officielle.
Ravagés de splendeur
Christian Bourgois
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 17 € ; 160 p.
ISBN: 9782267053524