Si vous ne deviez retenir qu’un seul Babel ?
Blessés (2005) de Percival Everett, que j’ai découvert par ce titre. On y suit l’histoire d’un jeune homme envoyé par son père aux Etats-Unis, cherchant un havre à l’écart d’une société dont il a subi la violence des années entières. Dans le ranch d’un ami de son père, il se fait néanmoins rattraper, lui et son entourage, par la cruauté, le racisme, l’homophobie… Tout ce qui s’écarte de la norme subit le contrecoup d’un monde haineux, qui est rendu avec brutalité par l’écriture sombre d’Everett.
En quoi la collection séduit-elle votre clientèle ?
Mes clients me confient beaucoup de retours sur leurs coups de cœur ; ils ne reviennent pas sur la collection Babel dans son ensemble, mais je remarque toutefois un intérêt pour les auteurs japonais qui comptent parmi cette collection. Aki Shimazaki, par exemple, une autrice japonaise qui vit à Montréal depuis une trentaine d’années, séduit beaucoup par son écriture concise (justement, dans le style japonais, mais dans une langue française qui en garde la trace). C’est aussi le cas de Yoko Ogawa. Les lecteurs connaissent aussi bien sûr Babel pour ses polars et ses livres noirs, pour ses classiques aussi, comme les livres de Paul Auster.
Pour finir, une anecdote au sujet de Babel ?
J’ai été particulièrement marqué par Le Mur invisible (1992) de Marlen Haushofer, tout particulièrement par sa couverture, le tableau Jeanne d’Arc, qui est d’ailleurs exposé au MET. Il a été peint par Jules Bastien-Lepage, dont plusieurs toiles sont gardées au musée des Beaux-Arts de Nancy.