Haroldo Ceravolo : « L’évolution du marché est défavorable aux éditeurs indépendants »
Le président de la Ligue brésilienne des éditeurs (Libre), directeur de la maison d’édition Alameda, milite pour l’instauration du prix unique du livre.
Par
Mylène Moulin
avec Créé le
11.10.2013
à 19h29, Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07
Quel est le rôle de la Ligue brésilienne des éditeurs que vous présidez ?
La Libre a été créée en 2002 par des éditeurs indépendants avec l’objectif de travailler au développement de l’édition indépendante et à la défense de la bibliodiversité. Depuis quelques années, l’évolution du marché est défavorable aux petites et aux moyennes maisons d’édition. La pression du livre numérique, celle d’un secteur chaque fois plus concentré, l’avancée des grandes surfaces culturelles au détriment des librairies… Tout cela nous fragilise.
Que faites-vous pour y remédier ?
Nous organisons chaque année Le Printemps des livres, une foire du livre indépendante qui se déroule à Rio et à São Paulo. C’est un moment de rencontres et d’échanges entre éditeurs et libraires indépendants du Brésil. Cela nous permet aussi de nous adresser au public. Car nous avons besoin de lui. Il nous faut son appui pour changer la donne. Il faut que les clients disent : « je ne veux pas aller dans une librairie qui vend des espaces » (1), ou « je ne suis pas d’accord avec tel décret ».
Vous souhaitez aussi une évolution législative ?
Nous défendons l’adoption d’une loi du livre et militons pour l’instauration d’un prix unique et l’interdiction de la vente d’espaces dans les librairies. Quelques tentatives législatives ont été menées, jusqu’alors sans succès. Plusieurs libraires que nous soutenons se sont associées pour élaborer un avant-projet de loi sur le prix du livre intitulé « Plan national de promotion de la lecture et de divulgation des connaissances comme forme de développement de la culture nationale ». Ce texte a été rejeté par la Chambre des députés en 2011. La question, en suspens pour le moment, pourrait être reposée dans les prochains mois.
Les pouvoirs publics sont-ils sensibles à ces questions ?
Sous le gouvernement de Lula, beaucoup de dispositifs ont été mis en place pour favoriser les petites entreprises et privilégier les éditeurs indépendants dans les achats gouvernementaux, par exemple. Mais au début du mandat de Dilma Roussef, les relations avec le monde du livre se sont modifiées au profit des grands éditeurs. Pour nous, les indépendants, c’était comme si l’opposition avait gagné les élections dans le domaine de la culture ! Depuis, les choses ont à nouveau bougé. La nouvelle ministre en place semble plus sensible à la cause du livre. Nous espérons récupérer du terrain perdu. Lentement mais sûrement. <
(1) Au Brésil, les grands libraires louent temporairement ou vendent de manière définitive des espaces (vitrines, tables, têtes de gondole) aux éditeurs à des tarifs élevés. Seuls les livres des éditeurs qui ont de gros moyens sont ainsi mis en avant dans ces enseignes.
Photo MYLÈNE MOULIN
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