BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE

Une des salles de lecture de la BNF.- Photo ALAIN GOUSTARD/BNF

Cela fait plusieurs années que la Bibliothèque nationale de France réfléchit et travaille à la restructuration des salles de lecture du haut-de-jardin (1). Groupes de travail, rapports, études se succèdent depuis 2005 qui aboutissent au même constat : une fréquentation en baisse (650 000 entrées à 540 000 pour les cinq dernières années), un très fort rajeunissement des publics dû à l'investissement progressif des lycéens à partir de 16 ans et des étudiants de premier cycle, une offre documentaire sous-utilisée, en particulier des documents en langues étrangères (moins d'un document par lecteur en moyenne).

"Devant ces résultats, explique la directrice générale, Jacqueline Sanson, notre responsabilité est d'enrayer cette baisse et de nous adapter à l'évolution des usages. »

"Notre responsabilité est d'enrayer la baisse de fréquentation et de nous adapter à l'évolution des usages."JACQUELINE SANSON- Photo OLIVIER DION

Il a donc été décidé d'éliminer un certain nombre de livres parmi les plus pointus et les moins demandés : "Environ 30 000 livres sur les 330 000 actuels », précise Jacqueline Sanson. Ce désherbage avait cependant commencé (environ 30 000 livres) à la fin de l'année 2009 pour laisser de la place à La Joie par les livres qui emménageait à la BNF avec ses 25 000 livres en accès direct. Est-ce à dire que la volonté d'encyclopédisme qui a présidé à la création de ce fameux haut-de-jardin en 1996 est remise en question et que l'on procède à la "disparition progressive et silencieuse de dizaines de milliers de livres », comme le dénonce la section FSU de la BNF sur le site de Mediapart (http://blogs.mediapart.fr) ? « Evidemment non, proteste Jacqueline Sanson, cette diminution de 10 % des collections n'entame en rien son caractère encyclopédique, nous ne touchons pas au coeur de notre politique d'acquisition. » Pour la BNF, l'objectif est de proposer des ouvrages plus adaptés, comme des manuels, de constituer des "centres de ressources" attractifs sur des thèmes d'actualité dans chacune des salles de lecture, comme le développement durable en sciences ou la francophonie en littérature. Il est également prévu d'augmenter les ouvrages en langue française, qui passeront d'environ 50 % à 65 %, et de renforcer l'offre numérique.

Deux bibliothèques en une

Cette modification de l'offre documentaire affectera-t-elle, comme le dénonce aussi la section FSU, l'articulation entre la bibliothèque d'étude (haut-de-jardin) et la bibliothèque de recherche (le rez-de-jardin), particularité à la française qui ne se retrouve nulle part ailleurs ? "Non seulement nous maintenons ce concept de deux bibliothèques en une, assure Jacqueline Sanson, mais nous en renforçons la complémentarité." Et la directrice de reconnaître cependant que "le haut-de- jardin est le talon d'Achille de la BNF. Conçu il y a vingt ans, il a été élaboré alors comme une bibliothèque de haut niveau scientifique, relevant globalement du deuxième cycle universitaire. Or il est aujourd'hui fréquenté davantage par les premiers cycles, ce qui nous oblige à revoir et à améliorer cette articulation entre les deux niveaux, avec ce fait nouveau qu'en 2011 la fréquentation du rez-de-jardin, jusque-là en progression, a légèrement chuté ».

Concernant les espaces, un seul changement important sur les 10 salles de lecture : la salle A de l'audiovisuel deviendra une salle de presse conviviale avec fauteuils et abonnements plus nombreux à la presse française et étrangère généralisée (450 titres, contre 270 aujourd'hui). Il est prévu de faire disparaître progressivement les longues banques de prêt qui se trouvent à l'entrée des salles et d'inciter les bibliothécaires à être plus mobiles et à intervenir davantage auprès des lecteurs, notamment en matière de médiation numérique. "Il y aura le même nombre de places assises, précise encore Jacqueline Sanson, et même davantage, avec des places connectées dans les travées et le hall où l'on pourra s'installer avec son ordinateur portable. »

Tous ces travaux de réaménagement seront lancés au début de l'année prochaine avec un budget de 3 ME. A moins que la FSU, qui dénonce par ailleurs "une diminution drastique des budgets d'acquisition pour l'ensemble de la bibliothèque", ne parvienne à mobiliser les foules...

(1) Les salles de lecture du haut-de-jardin sont ouvertes à tous à partir de 16 ans, alors que celles du rez-de-jardin sont réservées aux chercheurs accrédités de plus de 18 ans.

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