Auteurs

Invitée par Augustin Trapenard dans son émission "Boomerang" sur France Inter mercredi 14 novembre, l’éditrice Héloïse d’Ormesson, P-DG de la maison d'édition qui porte son nom, a indiqué que "les éditeurs et les auteurs, c’est le même combat, ils s’enrhument, on éternue". La fille de Jean d’Ormesson répondait à une question du journaliste qui l’interpellait sur le mouvement #PayeTonAuteur et la création de la ligue des auteurs professionnels. Depuis le printemps 2018, certains écrivains précarisés font entendre leur voix pour réclamer une meilleure rémunération de la part des éditeurs.
 
"Paye ton auteur : mais qui ne paye pas son auteur ? s’est interrogée l'éditrice. Pour moi c’est une énigme, je ne comprends pas [ce mouvement]. Les auteurs se trompent, l’éditeur est aussi précarisé. Il touche moins qu’un auteur sur le prix du livre." Et l’éditrice d'esquisser un diagnostic : "Le problème dans l’édition c’est qu’il y a de moins en moins de livres qui se vendent et de plus en plus de livres qui ne se vendent pas. Les pourcentages [de rémunération de l'auteur] n’ont pas bougé, on vend simplement moins. Chez nous nos tirages ont été réduits de moitié et on vend à perte sur 80% de nos sorties."
 
Dans un rapport du ministère de la culture publié le 26 septembre, le chargé d’études Olivier Donnat indiquait que la saturation du marché du livre, notamment par les plus gros éditeurs, contribuait à accélérer la rotation des livres et donc à amoindrir les revenus des auteurs. "Les principales maisons d’édition ont rendu plus âpre la concurrence pour rendre visibles les livres, ce qui les a incitées à produire plus pour occuper les tables des librairies, tandis que la gestion de flux toujours plus importants de nouveautés a contribué à retourner les invendus dans des délais de plus en plus courts" analysait le document. Résultat, "les livres dont les ventes sont inférieures à 100 exemplaires totalisent plus de 90% du nombre de références vendues au cours de la décennie » 2007-2016.
 
Entre 41% et 53% des auteurs gagnent moins que le Smic
 
Depuis le printemps dernier, de nombreux auteurs dénoncent sur la toile certaines pratiques de leurs éditeurs qu’ils jugent malhonnêtes ou douteuses, et témoignent de leurs difficiles conditions de travail. Identifié par le mot-clé #PayeTonAuteur, le mouvement a servi de matrice à plusieurs initiatives dans le monde littéraire, dont la création de la Ligue des auteurs professionnels en septembre 2018, chargée de défendre les droits des auteurs. D’après l’organisation, entre 41% et 53% des auteurs gagnent moins que le Smic, et leurs revenus continuent de baisser.
 
"Aux auteurs je leur ai dit vous, c’est nous. Nos intérêts se rejoignent et se confondent nous sommes dans une relation totalement symétrique" a déclaré Héloïse d’Ormesson, insistant sur la "richesse" que représente l’écrivain pour son éditeur. Pour améliorer la situation à la fois des écrivains et des éditeurs, la chef d’entreprise a suggéré de "militer pour le plaisir de la lecture. Si on fait ça, on ramène le public."

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