Leit motiv de la presse magazine, également devenu le paradigme de la production d'ouvrages de psychologie grand public, le « vivre mieux », assorti des conseils pour, s'est imposé comme objectif individuel primordial dans les sociétés de nos pays développés. Au point de basculer de l'aspiration à l'injonction ? C'est l'une des questions qu'a poséeS le psychiatre Christophe André lors de la conférence de rédaction préparatoire à ce numéro « spécial bonheur » de Livres Hebdo. Auteur de nombreux best-sellers, promoteur de la méditation de pleine conscience, notre rédacteur en chef invité plaide pour une approche globale du sujet en souhaitant qu'on n'oublie pas son revers : la souffrance de ceux qui n'y parviennent pas.

Bien au-delà du secteur spécifique du développement personnel, le livre et les professionnels qui le produisent et le diffusent sous de multiples formes sont au cœur des problématiques du bien-être. La « bibliothérapie » est à la mode. Les lieux du livre apparaissent comme des alternatives bienveillantes à l'impératif d'instantanéité porté par Internet et les réseaux qui restructurent les relations sociales. Tandis que les bibliothèques se redéfinissent comme « troisième lieu » entre domicile et travail, les libraires fédèrent des communautés de lecteurs autour des livres et des auteurs. De multiples initiatives sont aussi lancées au sein des entreprises de la chaîne du livre pour vivre mieux des métiers qui rassemblent avant tout des passionnés.

Pour Christophe André, qui a fait de longue date du livre« un outil central dans [sa] façon de traiter les patients »car il en apprécie« le pouvoir explicatif », la lecture est d'abord« un exercice de musculation attentionnelle ». En outre, via les livres,« les libraires et bibliothécaires offrent la possibilité pour chacun d'accéder à des expériences d'autres humains ».« Le libraire vend de l'enrichissement personnel », souligne le psychiatre. C'est déjà pas mal !

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