Comme en 40 ? Tout de même pas. Mais, la semaine prochaine, sans doute soulagés d’échapper pour quelques jours à un climat politique que le monde entier ne nous envie pas et qui, last but not least, plombe les ventes de livres depuis le début de l’année, deux cents à trois cents éditeurs français seront à Londres. Ils y retrouveront une bonne partie de l’édition mondiale. Traditionnellement programmée à la mi-avril, la London Book Fair a pris cette année, exceptionnellement, un mois d’avance.
Un semestre après - et avant - la Foire de Francfort, celle de Londres contribue clairement à l’équilibre mondial d’une édition plus que jamais mondialisée. C’est d’ailleurs le buzz, à Londres, autour du Charme discret de l’intestin, qui avait conduit à l’acquisition par Actes Sud des droits de traduction de ce long-seller improbable qui fête sa 100e semaine de présence dans nos palmarès des meilleures ventes. La mondialisation de l’édition s’illustre aussi dans l’évolution du secteur du roman policier, que nous évoquons dans ces colonnes. Elle se manifeste dans notre Top 20 des meilleures ventes, qui comprend cette semaine huit best-sellers étrangers et presque autant de blockbusters français au fort potentiel international. Elle apparaît enfin, d’une autre manière, à travers la vaste opération de hacking dont sont victimes depuis quelques semaines des dizaines de scouts, d’agents et d’éditeurs de par le monde. On ne prête qu’aux riches.
Il peut paraître paradoxal que la deuxième manifestation professionnelle internationale du monde du livre se tienne dans un pays qui a au contraire opté, au printemps dernier, pour la fermeture. Mais il faut constater qu’au Royaume-Uni, qui a choisi le Brexit sans encore s’engager dans sa mise en œuvre, les éditeurs ont pour le moment, malgré leur inquiétude pour l’avenir, le moral plutôt joyeux. Si la chute de la livre sterling renchérit un peu leurs achats de papier, elle facilite leurs exportations et leurs ventes de droits. Leur vendre des droits ? C’est une autre histoire.