avant-portrait

A un n près, en plus, Boris Bergmann est l’homonyme du célèbre parolier, de Bashung entre autres. Un joli hasard, puisque Boris le jeune a commencé sa carrière dans la musique. Une adolescence "pop et folk", où il découvre les disques vinyle, fascination qui dure toujours. "J’étais un aficionado, un roadie. Je traînais parmi les baby rockers du moment : Nast, Second Sex…" Tout en écrivant, déjà : "J’ai toujours eu plusieurs vies", raconte-t-il.

C’est grâce à un documentaire sur cette nouvelle scène française, réalisé par Bertil Scali, où il crève l’écran, qu’il va être remarqué et voir publié son premier roman. Sous forme d’un "journal imaginaire", Viens là que je te tue ma belle paraît à la rentrée 2007 chez Scali. L’auteur passe au "Grand Journal", la presse s’emballe. En novembre, le jury du prix de Flore crée spécialement pour lui un "prix du Lycéen". Le livre se vend à 10 000 exemplaires, et sera adapté en 2013 pour Arte par Jean-Stéphane Sauvayre sous le titre Punk, avec Béatrice Dalle.

Un autre aurait pu se laisser griser par ce succès précoce. Pas lui, cadré par une mère "très exigeante". Passe ton bac d’abord, puis ta khâgne, puis Sciences po… "Très bien entouré", le jeune homme vient de terminer son mastère à Sciences po, et, même si son truc à lui, fondamentalement, c’est l’écriture, il travaillera, peut-être, "dans la communication politique". La politique, au sens large et noble, qu’il a découverte très tôt, né "dans une grande famille de gauche".

Génération Bataclan

Pour son deuxième roman, Boris Bergmann a voulu faire autre chose. 1 000 mensonges paraît chez Denoël en janvier 2010 : c’est l’histoire d’un mythomane amoureux, "une vraie fiction". La critique est bonne, mais le succès moindre. Alors le jeune écrivain décide de prendre son temps. Pour écrire ce "roman sur l’engagement, la guerre", auquel il travaillait lorsqu’il a été "rattrapé" par les attentats du 7 janvier et du 13 novembre, il est même parti six mois en "exil productif" en Caroline du Nord. Déserteur, c’est, dans un futur proche, un hacker pragmatique qui rejoint l’armée pour devenir programmateur de drones, avant de se révolter à sa façon. Un sujet en prise directe avec ce qui nous guette : "une guerre dématérialisée, technologique, incontrôlable".

"2001 l’Odyssée de l’espace, on y est", commente Boris Bergmann. Quant à son livre, il a envie "qu’il pose des questions, qu’il dérange". Un peu comme Soumission de Houellebecq, un des écrivains qu’il admire, comme André Hardellet ou René Daumal, à qui il a consacré son mémoire de maîtrise. Tête bien faite, bien pleine, génération Bataclan mais pas Nuit debout ("C’est une catharsis qui fait du bien, dit-il, mais rien au niveau des idées"), il pense déjà à son livre suivant, dans la veine de celui-ci : sérieux. "J’ai passé l’âge du rock’n’roll", dit-il. Triste époque, où la jeunesse n’a plus droit à l’insouciance. Jean-Claude Perrier

Boris Bergmann, Déserteur, Calmann-Lévy. Prix : 17 euros, 180 p. Sortie : 17 août. ISBN : 978-2-7021-6049-7

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