Amoureux de la culture française, ce cinéaste engagé et pacifique a affirmé sa filiation artistique avec Paul Grimault, avec lequel il a collaboré sur le scénario du Roi et l'oiseau, adapté du conte d'Hans Christian Andersen La bergère et le ramoneur, avec des textes de Jacques Prévert. Etudiant en littérature française à l'université de Tokyo, Isao Takahata avait alors découvert la poésie de Prévert pour laquelle il vouait une véritable vénération. Il l'avait d'ailleurs cité lors d'un hommage il y a trois ans: "Si tu ne veux pas la guerre, répare la paix".
En grand lecteur qui se respecte, il avait souvent adapté des récits qu'il aimait: Kié la petite peste d'après le manga d'Etsumi Haruki (inédit en France), Goshu le violoncelliste d'après la nouvelle de Kenji Miyazawa (dans le recueil Train de nuit dans la voie lactée, Le serpent à Plumes), Le tombeau des lucioles d'après la nouvelle semi-autobiograpjique d'Akiyuki Nosaka (Philippe Picquier, 2015), Souvenirs goutte à goutte d'après le manga d'Hotaru Okamoto et Yuko Tone (inédit en France), Mes voisins les Yamada d'après le manga d'Hisaishi Ishii (Delcourt, 2009) ou encore Le conte de la princesse Kaguya, son dernier-long métrage en 2013, inspiré d'un poème médiéval que l'on peut retrouver dans Le conte du coupeur de bambous (Philippe Picquier, 2017) et Kaguya, princesse au clair de lune (Nobi Nobi, 2012).
Takahata a aussi été producteur de deux films d'Hayao Miyazaki (Nausicäa de la vallée du vent, Le château dans le ciel) et du récent film franco-néerlando-japonais La tortue rouge.
Son œuvre poétique et réaliste lui a valu un Cristal d'honneur au Festival d'Annecy et la distinction de l'ordre des Arts et des Lettres.