Livres Hebdo - Avez-vous toujours été dans une optique de transmission familiale ?
Jacques Glénat - Je ne me suis pas réveillé un matin avec un plan pour attirer mes enfants dans la maison. Ce type de transmission, ça ne se décide pas, ça s’impose naturellement. Il ne faut pas pousser les enfants à se croire obligés de le faire pour satisfaire leurs parents et il faut qu’ils aient une formation solide pour être crédibles dans l’entreprise. Ce sont les deux conditions essentielles et j’ai la chance qu’elles soient réunies pour mes filles. C’est un bonheur de les avoir dans l’entreprise.
Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Quand on crée une entreprise, quel que soit le domaine mais peut être plus encore dans l’édition où il y a un côté affectif très fort, on n’a pas envie qu’elle disparaisse. Une partie de notre ADN repose sur notre indépendance. C’est une satisfaction et un soulagement pour moi que la maison puisse perdurer de manière familiale dans l’avenir, puisque la plupart des entreprises reprises par un groupe y perdent un peu leur âme. Pour l’instant, mes filles sont encore jeunes mais je leurs transmets petit à petit le savoir-faire et l’esprit de la maison.
Pourquoi ce sujet semble si sensible ?
Les questions de transmission sont à l’ordre du jour dans toutes les maisons familiales qui doivent traverser le temps. Chacun les règle comme il peut. Le sujet est peut-être délicat parce qu’il y a une certaine gêne à l’idée d’imposer ses enfants dans l’entreprise et de bloquer potentiellement les carrières d’autres personnes. C’est bien pourquoi je suis heureux que mes filles ne soient pas arrivées en "tombant du camion" mais avec leurs propres expériences et compétences : leur intégration se passe bien. d