Rentrée littéraire

Décaler la rentrée littéraire de janvier au mois de février, voilà une idée qui soulagerait beaucoup de libraires. Quatre mois après la déferlante de septembre, qui a déposé sur leurs tables 567 romans, ils s'apprêtent en effet à accueillir les 493 nouvelles fictions qui composent la rentrée d'hiver (Source : Livres Hebdo). Un tempo très resserré qui les frustre. « Les conditions de préparation de cette rentrée de janvier sont moins favorables que celles d'automne, observe Stéphanie Hanet, chargée de la communication chez Coiffard à Nantes. Nous disposons de moins de temps et surtout, de moins de disponibilité, les lectures devant se faire entre novembre et décembre. Déplacer les parutions en février ne nuirait pas aux ventes et nous laisserait un mois de plus pour absorber correctement cette masse de lecture. »

Accaparés par les ventes de fin d'année, les libraires n'ont pas le temps. « En décembre, notre temps de cerveau disponible pour la lecture est réduit », ajoute Marianne Ferrer. La cofondatrice du Grenier d'abondance, à Salon-de-Provence, rappelle les semaines de 48 heures avant les fêtes, la fatigue et l'absence de vacances, contrairement à l'été. « Néanmoins, la demande de conseil et de coups de cœur de la part de nos clients reste identique, en septembre comme en janvier. Il va donc falloir que l'on s'y mette vite », s'émeut la libraire, qui n'avait lu, à fin décembre, qu'une petite dizaine de textes.

Pour pallier cet écueil, Nathalie Iris, qui dirige Mots en marge, à La Garenne Colombes (Hauts-de-Seine), opère une sélection plus drastique dans ses lectures. « Je vais droit au but en me concentrant sur ce qui me paraît essentiel », explique-t-elle. Du coup, la place laissée à la découverte, et notamment celle des premiers romans, est moins systématique. Et cela entraîne une frustration de « n'avoir eu que quatre mois pour défendre et soutenir les pépites de la rentrée de septembre », admet Nathalie Iris. Mais le cru 2019 devrait laisser une plus grande marge aux libraires. Pour ne pas se retrouver confrontés à Michel Houellebecq, certains éditeurs ont programmé leurs auteurs phares... en février.

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