Triste nouvelle au pays du soleil levant. Selon un rapport de la Japan Publishing Industry Foundation for Culture (JPIC), le nombre de librairies a chuté de 30 % dans tout le pays en l'espace d'une décennie. Elles étaient 16 722 en 2012, et ne sont plus que 11 952 en 2022. Si les grandes villes sont affectées, les zones rurales sont les plus touchées. Sur les 1 741 municipalités du Japon, 456 d'entre elles sont dépourvues d'enseigne.
La démocratisation du numérique et le vieillissement de la population invoqués
Les autres survivent tant bien que mal. Takashima Shobo, gérant d'une librairie vieille de 72 ans à Fukushima, a confié au micro de Kyodo News : « Seulement 10 % des profits viennent de la vente en magasin. Les 90 % restants, on les doit aux commandes des écoles et des bibliothèques. » Cette technique de subsistance a néanmoins ses limites : à cause du vieillissement de la population, la vente des manuels scolaires est également en chute. Autre facteur invoqué par le JPIC : l'essor d'internet et du numérique, qui affichait une progression vertigineuse de 28 % dans le marché national du livre en 2020. Toujours selon leurs estimations, l'excédent brut d'exploitation des librairies japonaises est fixé à 20 %.
« Si ça continue comme ça, la plupart des librairies disparaîtront d'ici les dix prochaines années », se désole Toshitaka Kondo, président de la JPIC. En réaction à ces constats alarmistes, un groupe parlementaire constitué de 150 législateurs et de membres du Parti démocrate du Japon s'est formé. Quelques pistes émergent déjà de leur rapport préliminaire : modération des promotions, réduction des stocks, mais aussi des mesures pour prévenir du vol à l'étalage. Version finale au printemps 2023.