Roman

Jean-Christophe Rufin, "Notre otage à Acapulco" (Flammarion) : Aurel est hardi

Portrait de Jean-Christophe Rufin - Photo © Pascal Ito/Flammarion

Jean-Christophe Rufin, "Notre otage à Acapulco" (Flammarion) : Aurel est hardi

D'épisodes en aventures, le diplomate inventé par Jean-Christophe Rufin acquiert de plus en plus de densité.

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Par Jean-Claude Perrier
Créé le 02.04.2022 à 13h00

La nouvelle affectation de notre ami Aurel Timescu, le diplomate le plus improbable et le plus désopilant du Quai d'Orsay, en ferait rêver plus d'un : Acapulco, « la perle du Pacifique ». À sa grande époque, les stars d'Hollywood Johnny Weissmuller et John Wayne s'offraient l'hôtel Los Flamingos pour y faire la fête avec leurs ami(e)s, comme la divine Lauren Bacall...

Mais tous ces gens sont morts (Weissmuller, en 1984, à Acapulco), Hollywood n'est plus qu'un mythe, et le Los Flamingos bien décati. Quant à Acapulco, c'est devenu l'une des villes les plus périlleuses du dangereux Mexique, la cité de tous les crimes et tous les trafics, où les différents cartels se livrent une guerre d'une cruauté inouïe. C'est cela que Guillermo, le Yaqui photographe de presse, montre dans ses clichés. Ce garçon débrouillard sera l'ange gardien, l'ami d'Aurel, lorsque celui-ci aura pris son poste en tant que consul adjoint délégué, avec pour mission de ne surtout rien faire !

L'ambassadeur Hubert de Chame-chaude, une potiche prétentieuse, a été clair : Aurel ne doit surtout pas chercher à retrouver la jeune Martha Laborne, fille d'un député en campagne électorale et peut-être futur ministre, qui pourrait être l'otage d'un narcotrafiquant et parrain notoire, Antonio Baltram. On se doute que, tout au contraire, Aurel s'empressera de mettre ses tongs dans le plat, provoquant une belle pagaille, avec sa naïveté et son empathie coutumières.

Au-delà de l'intrigue subtile, de la galerie de personnages attachants − Ingrid, surtout, l'ancienne actrice, dont Aurel tombe amoureux −, des scènes cocasses − Aurel ne se contente plus de jouer du piano, il devient une star locale en chantant les standards de Sinatra −, du cadre pittoresque − la ville est parfaitement dépeinte −, Jean-Christophe Rufin donne à son héros de plus en plus de densité, de perspicacité, de hardiesse. Aurel se lâche, et il est encore plus attachant.

Dans Aventures heureuses, recueil de ses romans historiques paru récemment chez Quarto/Gallimard, l'écrivain explicite ses sources, et les circonstances d'écriture de ses livres, parfois difficiles. C'est encore le cas ici. Mais jamais cela ne se ressent. Question d'élégance, d'imagination, de talent. C'est ça, la littérature.

Jean-Christophe Rufin
Notre otage à Acapulco (Les énigmes d’Aurel le consul, vol. 5)
Flammarion
Tirage: 100 000 ex.
Prix: 20 € ; 382 p.
ISBN: 9782080251374

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