Le Petit Meaulnes. Yves-Marie Fournier est décédé en 2020, à 80 ans, au terme d'une vie bien remplie. Les enfants et petits-enfants de ce brillant polytechnicien devenu ingénieur conseil, qui témoignent ici à l'occasion, apportent leur éclairage affectueux et souvent amusé sur ce père ou grand-père pas comme les autres. Un matheux à la fois taiseux et rigoureux, mal à l'aise en société, mais gourmand, curieux de tout, et parfois farfelu : « un grand enfant », écrit à un moment Jean-Louis Fournier.
Car Yves-Marie était le frère cadet d'une quinzaine de mois, autant dire presque jumeau, de l'écrivain Jean-Louis, l'un des pères de l'autofiction, prix Femina en 2008 avec Où on va, papa ? (Stock). Lequel, afin de faire son deuil, a pris la plume, tout en douceur, tendresse, légèreté et humour, pour évoquer son « Petit Meaulnes » (titre d'un autre de ses livres, Stock, 2003) disparu. Ce qui lui permet de revisiter quelques souvenirs d'enfance communs, quelques pages tirées de l'album de famille, avec photos − émouvantes, forcément, surtout les dernières. Quelques épisodes pendant la guerre, dans le Nord, une évocation du père, médecin humaniste et impécunieux, de la mère, courageuse et un peu rude. Le sage Yves-Marie, dit Dali, était le préféré de son papa, tandis que l'exubérant Jean-Louis, alias Bilili, le chouchou de sa maman. Côté caractère, on ne peut imaginer plus dissemblables que les deux, qui s'entendaient comme larrons en foire. Nulle jalousie entre eux. Chacun a tracé sa route, avec succès. Un seul demeure pour faire (re)vivre l'autre.
Mon petit frère
Philippe Rey
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 18 € ; 224p.
ISBN: 9782384820498