On en parlait sans en avoir vu et depuis quelque temps on ne cesse d'en photographier. En mai dernier, plusieurs télescopes en ont saisi un au centre de notre galaxie sous la forme d'un gros donut orangé : un trou noir. Les trous noirs fascinent parce qu'ils sont des objets étranges, tellement denses qu'ils aspirent tout y compris la lumière, des nœuds de l'espace-temps dans lesquels la matière s'effondre comme dans un cratère.
« Un trou noir est une concentration de matière et d'énergie si extrême qu'aucune particule matérielle ni aucun rayonnement ne peuvent s'en échapper. N'émettant pas de lumière, un tel "piège gravitationnel", refermé sur lui-même, ne peut être observé directement, d'où son appellation de "trou noir". » Voilà pour la définition donnée par Jean-Pierre Luminet, spécialiste mondial de ces corps célestes. Cet astrophysicien (laboratoire d'astrophysique de Marseille) s'avère aussi un vulgarisateur hors pair. À côté de travaux pointus, il n'hésite pas à faire appel au roman, à la poésie, au dessin ou à la musique pour faire partager sa passion de la science et des mystères du ciel. Dans cet ouvrage, il se propose de répondre à toutes les questions sur les trous noirs, les plus évidentes comme les plus inattendues.
Ces situations extrêmes de l'univers avec une gravitation qui avale l'espace, le temps, la matière et la lumière sont des défis logiques pour la pensée, à tel point qu'Einstein lui-même refusait cette hypothèse qui découle pourtant de sa théorie de la relativité générale. Car ces trous noirs, on ne peut les observer, seulement les déduire par leur masse qui modifie les orbites des corps à leur proximité. Impossible également d'y expédier des instruments de mesure. Comme le dit Jean-Pierre Luminet, on n'envoie dans ces « puits sans espoir de retour » que nos équations. Et même si nous disposions de la technologie requise, il faudrait 26 000 ans pour qu'une sonde voyageant à la vitesse de la lumière atteigne le trou noir le plus proche de la Terre et 26 000 ans supplémentaires pour que les informations en reviennent...
Dans le domaine de la cosmologie, la précision n'exclut pas l'imagination à travers le vocabulaire utilisé. Les astrophysiciens parlent en effet de « trous de ver » conduisant à des univers parallèles, de « fontaine blanche » − l'inverse temporel du trou noir où rien ne peut entrer − ou de « crêpes stellaires flambées ».
On comprend pourquoi ces vortex cosmiques ont tant inspiré les auteurs de science-fiction et Jean-Pierre Luminet leur rend hommage. Depuis la naissance des premières étoiles, il y aurait quarante milliards de milliards de trous noirs dans l'univers. Et si l'on remplaçait notre soleil par un trou noir, la terre continuerait à tourner normalement, sauf qu'il n'y aurait plus de lumière... Donc pas de vie.
Au-delà du plaisir de comprendre, voilà qui devrait nous faire prendre conscience de notre inestimable chance de pouvoir rêver sur ces entonnoirs célestes.
Les trous noirs en 100 questions
Tallandier
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 17,90 € ; 336 p.
ISBN: 9791021034167