3 janvier > récit France

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Jean Rouaud- Photo JEAN-FRANÇOIS PAGA/GRASSET

Après Comment gagner sa vie honnêtement (Gallimard, 2011, repris en Folio) et Une façon de chanter (Gallimard, 2012, repris en Folio), Jean Rouaud propose un troisième volet de son cycle La vie poétique avec Un peu la guerre qui marque son arrivée chez Grasset. Les deux précédents opus de l’autobiographie littéraire de l’auteur des Champs d’honneur (Minuit, 1990, prix Goncourt, repris dans la collection « Double »), un homme qui dit qu’il a pourtant si peu le goût de parler de lui, donnaient à lire un touchant portrait de l’artiste en jeune homme. Un jeune homme ayant passé son enfance dans un bourg avec une église dont le clocher sonnait tous les quarts d’heure. Dans une maison de famille, avec une table de cuisine recouverte d’une toile cirée à carreaux vieux rose et blancs.

Sauvé à 7 ou 8 ans de la tuberculose pulmonaire par un médicament miracle, le Rimifon, Jean Rouaud se montre à nouveau un « éclaireur à rebours » qui dessine, par les souvenirs qu’il en a, sa carte du temps. Ici, il est à la fois question de batailles, de la jungle de Cortés, de La véritable histoire de la conquête de la Nouvelle Espagne de Bernal Diaz. Né en 1952 à C., Loire-Inférieure, l’écrivain épris de Chateaubriand et d’André Breton se rappelle ses années à la faculté de lettres de Nantes, à une époque où on lui apprend la mort du roman. Ses camarades lancent des « diatribes impitoyables » contre le grand capital et le patronat, et l’on se penche avec émotion sur le goulag et les camps.

Il est alors encore loin de se retrouver à vendre des journaux rue de Flandres à Paris ou à prendre la plume pour parler « d’un grand-père noyé dans la fumée de ses cigarettes au volant de sa 2 CV » et « d’un conflit aujourd’hui centenaire qui pour la première fois, avec ses gaz de combat, rendit l’air de notre terre irrespirable ». A être ensuite édité par un homme « sévère ne rechignant pas à de vigoureuses remontrances », et parlant avec une vive émotion de son ami « Sam » Beckett. Des moments qui offrent à Jean Rouaud parmi ses plus belles pages. Al. F.

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