Jennifer Lesieur a grandi entre deux forêts. L'une appartenait au domaine de chasse de Louis XIV, dans les Yvelines. L'autre, 445 kilomètres plus loin, s'accroche aux pentes du massif du Chablais, en Haute-Savoie, où l'écrivaine passe ses vacances d'hiver et d'été. « Ces deux pôles d'attraction opposés ont façonné mes premières perceptions de petit être humain inclus dans la grande nature. » Une nature sollicitée à l'excès, que nous savons aujourd'hui en danger. Portrait croisé de deux écosystèmes, Dans les bois, nos racines questionne la manière dont nous nous représentons le vivant, à l'aune, trop souvent, de visées utilitaristes. Exploitée pour son bois, la forêt n'est pas une simple ressource matérielle, mais un milieu qui a façonné notre espèce, la protégeant et lui offrant les ressources nécessaires à sa survie. « Lieu du mythe par excellence », elle féconde par ailleurs nos imaginaires, tantôt hantée, tantôt enchantée. « Décor du jeu et de l'imaginaire, la forêt tend à devenir avec l'âge un banal paysage, qu'on ne remarque plus. Nous finissons par y revenir tôt ou tard, en symbiose naturelle, bouclant le cycle de nos propres saisons. »

Alliant des souvenirs personnels aux témoignages de ceux qui arpentent « leur » forêt (gardes forestiers, historiens, druides et musiciens), cet essai imprégné de l'odeur de la pluie et de l'humus nous invite à un voyage sous la canopée, à une exploration intime d'une grande chaîne dont nous ne constituons qu'un maillon. « Pour retrouver l'esprit païen qui règne dans ce temple sans dieux », où nous sommes tous à notre place.