23 FÉVRIER - ROMAN Grande-Bretagne

Philip Pullman - Photo GEORGES RESZETER/GALLIMARD

C'est une enfant que ses parents n'espéraient plus et qu'ils n'eurent que sur le tard. La jeune fille, toute dédiée à Dieu, sert au temple. Quand elle est en âge d'être femme, elle ne peut rester dans ce lieu saint et on la marie à un veuf, charpentier de son état. Un ange visite la chaste épouse et lui annonce que, bénie d'entre toutes les femmes, elle a été choisie pour porter le fils du Seigneur... Jusque-là, l'histoire nous dit quelque chose. Mais le dernier Philip Pullman, Jésus le Bon et Christ le Vaurien, n'est pas une simple version revisitée de la vie du Nazaréen. L'histoire prend un tour singulier au moment de l'épisode de la Nativité à Bethléem. L'auberge où Joseph et Marie veulent s'installer est certes pleine et ils doivent bien se contenter de l'étable. Lorsque Marie accouche, le fruit de ses entrailles n'est pas un mais deux ! Voilà qu'elle donne naissance à des jumeaux : l'un robuste, Jésus ; l'autre plus fragile qu'elle nomme Christ ou "Messie". Chaque scène - la tentation dans le désert, les noces de Cana, le baptême par Jean Baptiste, le sermon sur la montagne... la crucifixion - est restituée. Mais si Jésus, personnalité passionnée, est l'incarnation de la loi, la vertu faite chair, Christ est en revanche un individu plus sombre et ambigu, c'est le disciple de l'ombre qui note toutes les paroles de son aîné charismatique. Jésus c'est le messie historique, et Christ celui en qui se reconnaîtra l'Eglise. L'auteur pour la jeunesse, célèbre pour son cycle de fantasy A la croisée des mondes et pour les aventures de Sally Lockhart, explore le terrain théologique, non pas en prosélyte (il est athée) mais avec la réflexion dostoïevskienne du Grand Inquisiteur dans Les frères Karamazov : pour servir la Vérité, toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire.

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