Chercheur d'art. À le lire, confessé par son porte-plume Rodolphe Trouilleux, Johann Naldi est fort content de lui. Il a d'ailleurs quelques raisons, ce descendant d'Italiens et de pieds-noirs d'origine espagnole, cancre, autodidacte du Midi, monté à Paris et devenu, en quelques années, galeriste avec pignon sur rue et expert en peinture du XIXe siècle, même s'il ne fait pas l'unanimité auprès des professionnels (spécialistes, universitaires, conservateurs...) qu'il étrille par ailleurs au fil de ses pages. En dépit de sa réussite, Naldi se sentira toujours illégitime dans un microcosme très fermé. Il raconte volontiers son parcours, règle ses comptes, mais ce n'est pas là le plus important. Le meilleur de son histoire, ce sont ses découvertes. Tout minot, Johann a eu de la chance, puis est devenu une espèce d'Indiana Jones français, spécialiste des découvertes incroyables. Il a inauguré sa carrière avec Femme nue couchée au bord de l'eau, de Courbet, acquise à Drouot pour 650 euros, et dûment authentifiée depuis, a récidivé avec le même artiste, et aussi Géricault, Delacroix... Mais son coup de maître est d'avoir ressuscité les Arts incohérents, une bande de joyeux drilles prédadaïstes, actifs de 1882 à 1893, et dont on croyait les œuvres disparues. Il aurait été dommage de se priver de Combat de nègres pendant la nuit, de Paul Bilhaud, ou Des souteneurs encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe boivent de l'absinthe, d'Alphonse Allais, les tout premiers monochromes. Un régal.