Avant-Critique Roman

John O'Hara, "La fille sur le coffre à bagages" (Éditions de l'Olivier) : Scotch, amours et fantaisie

John O'Hara - Photo © U.S. Copyright Office

John O'Hara, "La fille sur le coffre à bagages" (Éditions de l'Olivier) : Scotch, amours et fantaisie

Redécouverte d'un petit bijou sixties oublié, de l'Américain John O'Hara.

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Par Jean-Claude Perrier
Créé le 09.06.2022 à 16h00

À quoi tiennent nos humaines destinées ? C'est parce que Jim Malloy, un jeune journaliste de Gibbsville, Pennsylvanie, devenu attaché de presse pour une société de production cinématographique californienne, chargé de chaperonner Charlotte Sears, une star encore belle mais dont la carrière commence à s'essouffler, avait trop picolé ce soir-là à cette somptueuse réception à Long Island chez les Williamson, qu'il n'a pas pu prendre le volant et la raccompagner à son hôtel new-yorkais. Du coup, c'est Thomas R. Hunterden, un homme d'affaires louche, amant de l'actrice, qui s'en est chargé. Et ils ont eu un accident de voiture. Hunterden est mort sur le coup. Charlotte, gravement blessée, un temps défigurée, a dû passer de longues semaines à l'hôpital, où Jim, avec qui elle avait eu un flirt intense, tendre mais bref, est souvent venu la visiter et l'inviter à se confier à lui. Comment Charlotte Sears, née Catherine Dowd, enfant de la balle dans une famille irlandaise pauvre, a voulu s'en sortir et a tout fait pour devenir une star.

Mais à partir du drame, elle arrête sa carrière, jusqu'en 1958 où elle tentera un come-back − alors qu'elle a refait sa vie avec Lou Grafmiller, un architecte paysagiste. Jim, devenu entre-temps un romancier à succès, et employé à la Paramount, était allé lui rendre visite une ultime fois, en Californie, histoire de remuer leurs vieux souvenirs.

Car pour eux tout remontait à 1930 à New York, juste après le krach et pendant la prohibition, dans une jet-set où l'on passait son temps à jacasser, médire et refaire le monde, un verre à la main, dans des parties souvent somptueuses, chez des millionnaires comme les Williamson, à la fois riches et « aristos ». Le titre d'origine du roman était d'ailleurs Sermons and Soda Water, plus fidèle au texte que celui de la version française.

Ce court roman cruel date de 1960. Il est signé John O'Hara (1905-1970), journaliste star du New Yorker, ami d'Hemingway et de Fitzgerald, et auteur de plus de trois cents nouvelles. C'est un petit bijou oublié, à redécouvrir avec bonheur, en même temps que reparaît, en poche dans « La Bibliothèque de l'Olivier », son premier roman, Rendez-vous à Samarra, considéré comme son chef-d'œuvre.

John O'Hara
La fille sur le coffre à bagages Traduit de l'anglais (États-Unis) par Caroline Didi
Éditions de l'Olivier
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 16 € ; 144 p.
ISBN: 9782823615043

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