John Updike définitivement "aux confins du temps"

John Updike

John Updike définitivement "aux confins du temps"

Deux fois lauréat du Prix Pulitzer, l'écrivain américain a succombé à son cancer mardi matin à l'âge de 76 ans.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 21h52

Le prolifique écrivain américain, connu pour son style très poétique, John Updike est mort à 76 ans, le 27 janvier 2009, a annoncé sa maison d'édition américaine Knopf.

"C'est avec une grande tristesse que j'annonce que John Updike est mort ce matin à l'age de 76 ans après une bataille contre un cancer du poumon", a déclaré le directeur de la publicité de Knopf, Nicholas Latimer, dans un communiqué.

En 52 ans d'activité, il a écrit une centaine de livres, nouvelles, critiques, essais, romans pour enfants et poèmes.

Peintre sans pareil de la provinciale, protestante et bourgeoise Amérique, il accordait une importance récurrente au sexe, à la foi, à la mort et à leurs entrelacements. « Ce sont dans les « milieux » que les extrêmes s'entrechoquent, où l'ambiguité règne sans arrêt » avouait-il.

Né le 18 mars 1932 en Pennsylvanie, il avait aussi été journaliste et avait étudié les arts plastiques à la Ruskin School d'Oxford. Ce grand connaisseur en peinture moderne avait évoqué les figures de son temps - Pollock, Warhol, ...- dans Tu chercheras mon visage (Le Seuil). L'un de ses best-sellers, Les Sorcières d'Eastwick (Gallimard) avait été adapté avec succès par un studio hollywoodien.

Ancien collaborateur au magazine New Yorker, il avait connu la célébrité grâce à Coeur de lièvre (Le Seuil) au début des années 60, le premier roman d'une série de cinq aventures de Harry "Rabbit" Angstrom, qui décide de fuir son foyer pour tenter d'échapper à la médiocrité de son existence, avec humour et humanité.

L'autre alter ego d'Updike, le romancier imaginaire Henry Bech, était aussi un personnage récurrent dans son oeuvre, d'abord dans des nouvelles, puis dans trois recueils.

Un romancier adoré... et critiqué
Le romancier avait reçu deux fois le prestigieux prix Pulitzer (Rabbit est riche et Rabbit en paix, tous deux chez Gallimard). Il est aussi récipiendaire de plusieurs prix comme le National Book Award, l'American Book Award, le National Book Critics Circle Award et le prix Rea pour ses nouvelles. Les libraires français l'ont souvent cité comme l'un de leurs romanciers favoris.

En 2008, Le Seuil avait publié son dernier roman, Terroriste. Mal accueilli par les critiques de son pays, cette observation désabusée d'une Amérique traumatisée par le 11 septembre avait suscité une violente controverse.

Ce n'était pas nouveau puisque, malgré son succes, Updike était loin de faire l'unanimité dans les cercles littéraires. Norman Mailer l'a ainsi fréquemment attaqué, estimant qu'il était le genre d'auteur apprécié ”des lecteurs qui ne connaissent rien à l'écriture.”

Pourtant, il est devenu au fil de son oeuvre. Un auteur majeur incontestable. En apprenant son décès, Philip Roth a affirmé qu'il était “un des plus grands hommes de Lettres de notre époque.”

Son éditeur américain a déjà annoncé la sortie en juin 2009 de son ultime recueil de nouvelles, My Father's Tears and Other Stories.

De la mort, il avait gardé cette formule : « La grande chose à propos de la mort, c'est qu'elle fait de la place. » Ou qu'elle laisse un grand vide.

Les dernières
actualités