Avec 140 000 exemplaires écoulés de son ouvrage autobiographique Ce que je cherche publié chez Fayard en décembre dernier, Jordan Bardella s’est hissé, en 2024, dans le clan des plus gros vendeurs de livres. Une raison qui justifie, selon L’Express, son invitation au déjeuner annuel des best-sellers organisé par l’hebdomadaire au Royal Monceau.
« Une situation inextricable »
Cependant, d’après un article publié dans Libération, cette invitation ne serait pas du goût des autres auteurs participants, qui voient ici une « opération de communication politique ».
Ainsi, dès aujourd’hui, plusieurs écrivains - anonymisés pour la plupart - ont témoigné dans les colonnes du journal, dénonçant une situation inextricable : « Quoi qu'on fasse, on est transformé de raconteurs d’histoires en personnalités avec un message politique [...] Il y a une différence entre ne pas être contre que Bardella écrive un livre, et faire la fête avec lui ».
Certains s'indignent également du manque de communication quant à la venue du président du RN, décrivant l’événement comme un « guet apens », ce à quoi le directeur de L’Express Eric Chol, contacté par Libération a répondu : « On n’annonce jamais, on n’a pas changé d’un iota notre méthode ». Quant à ladite invitation, celui-ci assure convier les auteurs « sans discrimination », prenant à titre d’exemples Simone Veil, ou Eric Zemmour.
Pas de prix Goncourt et Renaudot
La traditionnelle photo des participants se retrouve elle aussi au cœur des débats, irritant les écrivains par sa dimension politique dès lors que Jordan Bardella s’y invite. Une « photo dont on ne va pas maîtriser le narratif », selon une autrice qui appuie sur « l’opération de banalisation » du parti d’extrême droite. Même genre de réponse de la part du directeur de L’Express : « Ceux qui veulent venir sur la photo y participeront ».
Aux abonnés absents, Gaël Faye, prix Renaudot 2024 pour Jacaranda (Grasset), le prix Goncourt Kamel Daoud, David Foenkinos et Miguel Bonnefoy notamment. D’autres auteurs, contactés par Libération, ont confirmé au journal faire l’impasse de la cérémonie en raison de la présence de Jordan Bardella, tandis que d’autres n’avaient pas prévu de s’y rendre dans tous les cas.
De son côté, Eric Chol ne semble pas inquiet a relaté le journal : « Nous verrons bien demain au moment du déjeuner qui ne sera pas là ».