Inde

35 ans. Attachée livre et débat d'idées à l'Institut français en Inde, New Delhi.

En poste depuis septembre 2022

Auparavant chargée de mission débat d'idées et diplomatie d'influence à l'Institut français, Paris.

Quelles sont les spécificités de votre territoire ?

J'opère au sein d'un pays-continent qui compte 28 états et 22 langues officielles, chacun avec ses spécificités. Il s'agit d'un marché éditorial complexe et atomisé, dominé par les éditions scolaire et universitaire (seule 4% de la production éditoriale est commerciale). Les lecteurs y sont friands d'ouvrages de non-fiction (essais, biographies ou développement personnel). Les livres doivent contribuer au développement intellectuel des individus et non à leur plaisir. Si le tirage moyen reste faible au regard de la population, on constate un engouement pour les festivals, qui se multiplient, attirent des centaines de milliers de visiteurs et portent aux nues les stars littéraires indiennes.

 

Quels sont les projets les plus importants que vous ayez portés ?

La relation bilatérale franco-indienne est dense dans les domaines stratégiques mais encore peu développée dans le domaine culturel, ce qui s'explique par notre faible histoire commune. Pour renforcer ces liens, nous avons lancé la Villa Swagatam, un réseau de 30 résidences littéraires et artistiques favorisant les mobilités dans les deux sens. Ce programme présente l'avantage d'assurer une présence continue d'écrivains français sur le territoire indien et de favoriser l'émergence de collaborations franco-indiennes, en s'appuyant sur un réseau partenarial qui prenne en charge l'accueil des résidents. Un autre projet qui répond à cette logique de décentralisation et de travail en réseau est le programme « Pardon My French ! » visant à augmenter la visibilité des ouvrages français en traduction. Grâce aux partenariats avec 15 librairies prescriptrices réparties sur tout le territoire, notre objectif est de faire connaître les auteurs contemporains français.  

Les invitations d'honneur constituent enfin des temps forts de notre action à l'instar de l'invitation de la France à la New Delhi World Book Fair, en 2023 et bientôt au Kerala Literature Festival, en 2025.

 

Qu'attendez-vous des professionnels du livre en France ?

Pénétrer le marché indien est affaire de patience. Il est dommage que les éditeurs français se déplacent encore trop peu sur les foires indiennes pour aller à la rencontre de leurs homologues indiens car s'il est vrai que le marché indien est encore peu rentable, il représente un investissement sur l'avenir avec un pouvoir d'achat en hausse et de nouvelles générations de premiers lecteurs. Il serait souhaitable que les éditeurs français soient plus sensibles aux modalités des cessions de droits pour la langue anglaise. Les cessions ne distinguent que très rarement l'Inde comme un territoire à part, alors que les ouvrages publiés par les éditeurs anglo-saxons atteignent peu le lectorat indien, que ce soit en raison de leur coût prohibitif ou de l'absence de système de distribution efficace.

Les dernières
actualités