
Le libraire parisien Sam Souibgui, qui tient Komikku (1), aura mis deux ans pour monter sa maison d'édition. Il n'est pas simple de s'implanter dans le domaine du manga, où la plupart des éditeurs ont près de dix ans d'activité derrière eux. Rares sont les créations récentes qui tiennent le coup. La première difficulté est de se faire adouber par les Japonais vendeurs de droits. Les impétrants français sont souvent obligés de faire leurs preuves en éditant des bandes dessinées coréennes au potentiel commercial moindre. Mais Sam Souibgui dispose d'un précieux sésame, puisqu'il travaille avec Tuttle-Mori, la plus grosse agence au Japon, qui l'a introduit auprès des éditeurs nippons les plus importants. Une chance qu'il doit au parrainage de deux de ses futurs concurrents et néanmoins amis : Ahmed Agne et Cécile Pournin, de Ki-oon, qui l'ont recommandé.
Les premiers titres de Komikku éditions paraîtront en octobre avec une diffusion Interforum. C'est sa soeur Sonia, libraire de formation, qui prendra la direction de la librairie, tandis que Sam Souibgui se concentrera sur l'édition. "Je prévois de gros efforts en termes de marketing et de communication pour chaque titre, car le secteur a besoin de nouveaux acteurs dynamiques", souligne celui qui a vu depuis 2008 une marée de mangas déferler dans sa librairie sans appui promotionnel. "Il faut donner des outils aux libraires", martèle-t-il alors qu'il réfléchit à fabriquer des sacs en plastique co-brandés ("mon budget sac est de 4 000 euros par an chez Komikku !"). La première série, en trois tomes, L'île infernale de Yusuke Ochiai, sera accompagnée d'un livret de prépublication à la Ki-oon, de bandes-annonces vidéo, de services de presse pour les libraires spécialisés un mois avant la sortie, promet-il. La ligne éditoriale du nouvel éditeur sera semblable à l'assortiment de sa librairie, puisqu'il misera sur "la diversification, seul avenir du manga", proposant du manga pur, mais aussi de la jeunesse, de la cuisine, des carnets de voyage... 20 à 25 titres sont prévus la première année. "Mon but n'est pas de noyer le marché, mais de le redynamiser."
(1) Voir LH 826 du 18.6.2010, p.76.