Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi les auteurs d'une biographie de Marine Le Pen, Caroline Fourest et Fiammetta Venner, ainsi que leur éditeur, pour certains passages de leur livre, Marine Le Pen (Grasset, juin 2011), jugés diffamatoires.
Reconnu coupable de diffamation, Olivier Nora, le P-DG des éditions Grasset, a été condamné à une amende de 800 euros. Condamnées pour complicité, Fiammetta Venner et Caroline Fourest devront s'acquitter chacune d'une amende du même montant, Mme Fourest bénéficiant du sursis.
Tous trois devront en outre verser solidairement un total de 3 300 euros de dommages et intérêts à Marine Le Pen, au Front national, à Jean-Marie Le Pen et à Franck Chauffroy, premier mari de Marine Le Pen et ancien membre du FN. Ils devront également leur payer 1 000 euros au titre de leurs frais de justice.
L'avocat du FN, Me Wallerand de Saint-Just, présent au prononcé du jugement, s'est déclaré devant la presse « satisfait d'avoir obtenu une condamnation de principe ».
Jointe par Livres Hebdo, Caroline Fourest s'est dite « stupéfaite et bien décidée à ne pas laisser entériner ce jugement qui ouvre une brèche dramatique dans la liberté de la presse et la liberté d'enquêter sur le Front national. »
« Il y a déjà plein de choses que l'on n'a pas pu écrire dans le livre, ajoute-t-elle, comme tout un système d'emplois fictifs dont j'ai parlé à l'audience. On s'est déjà auto-censuré. Mais si, sur tout le passé du FN, c'est le Front national qui a le copyright, je ne peux plus travailler, les journalistes ne peuvent plus travailler. »
Quatre passages reconnus diffamatoires
Au total, une quinzaine de passages du livre étaient visés par une citation directe, mais la 17e chambre correctionnelle n'a reconnu la culpabilité des prévenus que pour quatre passages, les relaxant pour le restant. A l'audience du 5 juillet, le parquet avait requis leur relaxe « pour pratiquement tous les chefs de poursuites ».
Le tribunal a notamment jugé diffamatoire un passage où les auteurs évoquaient des liens «?entre le grand proxénétisme et le parti le plus moraliste de France ». Il les a également condamnées pour avoir reproduit des extraits d'anciennes interviews à la presse de la mère de Marine Le Pen, Pierrette, où elle disait notamment que ses filles avaient été élevées par leur père «?dans l'antisémitisme primaire. »
Interrogé par l'AFP, Me Richard Malka, l'un des avocats des deux auteurs, a indiqué que la décision de faire appel ou non n'était pas encore prise.
« Là où se pose éventuellement un problème est que mes clientes sont condamnées pour avoir rappelé des propos de Pierrette Le Pen publiés précédemment dans la presse sur l'antisémitisme de Jean-Marie Le Pen », a-t-il souligné, évoquant également le fait que le parrain de Marine Le Pen a été mis en examen et écroué en 2011 pour « proxénétisme aggravé ».
«?Marine Le Pen parviendrait donc à empêcher que l'on évoque ces choses », s'est-il indigné, estimant que la présidente du FN, «?plus qu'aucun autre responsable politique, cherche à museler la presse et est une ennemie de la liberté d'expression. »
La 17e chambre a par ailleurs relaxé deux anciens membres du Front national, Jean-Claude Martinez et Fernand Le Rachinel, qui étaient cités dans le livre.